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13e SOMMET DES CHEFS D’ETAT DE L’UA : Ils passeront encore à côté de l’essentiel !

Publié le mardi 30 juin 2009 à 00h40min

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Le 13e sommet des chefs d’Etat membres de l’Union africaine (U.A.), se tiendra du 1er au 3 juillet prochains à Syrte en Libye. Les dirigeants du continent veulent « investir dans l’agriculture pour réaliser la croissance économique et la sécurité alimentaire ». Si les intentions sont bonnes, l’on ne peut cependant qu’être sceptique quant aux résultats attendus de cette rencontre. En effet, de plus en plus, ces sommets constituent des rituels que même les plus disciplinés des participants tendent à abandonner. De quoi parlera-t-on à Syrte ? Ce sommet est très important car l’agriculture africaine est sérieusement malade.

Au lendemain de la crise financière internationale dont l’impact se ressent de plus en plus sur le panier de la ménagère, le besoin se fera sans doute accru en matière de ressources, notamment financières. En effet, les difficultés sont monstres : des déficits pluviométriques aux déficits céréaliers en passant par le péril acridien, les pesticides, les OGM, la modernisation des moyens de production, la réalité est déconcertante. Toutefois, sur la table, les chefs d’Etat trouveront les conclusions des travaux des experts, revus et corrigés par le Conseil des ministres. Il n’y aura plus qu’à prendre les décisions recommandées et aller les faire mettre en application.

Cependant, il y a des inquiétudes. Très souvent, des questions préalables éclipsent les grands sujets à l’ordre du jour. Cela est déplorable surtout après la crise financière internationale qui a pris le continent en tenaille. Or, les sujets d’intérêt ne manquent pas, surtout au plan politique. Par exemple, la situation au Niger. On a beau rejeter les coups d’Etat et les dictatures, les conditions sont réunies dans ce pays pour rééditer les exemples de Madagascar, de la Guinée Conakry et de la Mauritanie. Le dossier ivoirien pourrait revenir ne serait-ce que pour constater les efforts fournis par le médiateur et les protagonistes de la crise qui semble s’acheminer effectivement vers la fin. Des pas sérieux ont été faits sur le terrain ces dernières semaines, et l’optimisme semble bien régner dans les rangs de ceux qui, hier encore, se détestaient passionnément. Reste à savoir qui sortira gagnant le 29 novembre de la consultation électorale ?

Finalement, à ces sommets, on parle plus de politique que de développement. Cela contribue à faire du surplace ; ça divise et ça démobilise. Déjà le colonel Khadafi a remis au goût du jour ses projets de gouvernement continental. De quoi diviser encore les participants autour de questions qui, sans être moins importantes, sont loin d’être prioritaires en ce moment. Au dernier sommet, il avait promis des tracteurs pour accélérer le développement agricole. Qu’en est-il aujourd’hui ? Mais qui donc ira à Syrte ? Tout dépend de l’ordre du jour. Parmi les plus attendus, la délégation gabonaise. Qui la conduira ? A la tête d’un gouvernement de transition suite au décès de Omar Bongo Ondimba, la présidente fera-t-elle le déplacement pour la première fois ? Et la Guinée de Dadis Camara ?

Depuis décembre dernier qu’il est en poste, le nouvel homme fort de Conakry fera-t-il enfin sa première sortie auprès de ses homologues chefs d’Etat ? Madagascar : qui du maire et du chef de l’Etat déchu ira parler au nom des habitants de la Grande Île ? On sait que chacun des deux dirigeants continue de se prendre pour un messie et, par conséquent, compte ses partisans au sein de l’Union. Si en apparence Andry Rajoelina maîtrise la situation intérieure, Marc Ravalomanana, lui, par contre, bénéficie d’appuis politiques importants dans la partie australe du continent. On ignore encore si la Guinée- Bissau qui attend la fin des élections présidentielles présentes sera représentée au plus haut niveau. Les absences, on le sait, occasionnent des reports incessants. Sûr que le président de la Jamahiriya arabe libyenne populaire socialiste qui en est à la moitié de son mandat, voudrait faire le plein des participants.

Mais les chefs d’Etat africains nous ont toujours habitués à toutes sortes de retournements de situation. Et les pressions extérieures ne vont jamais cesser, qui tendront à dissuader les uns et les autres de faire le déplacement en terre africaine de Libye. Peut-être verra-t-on encore le roi des rois d’Afrique faire appel à sa cour de rois et chefs traditionnels pour faire du nombre ? Sauf que ces derniers n’exercent pas un pouvoir réel. Dans leur quasi-totalité, ils ne sont pas en effet sortis des urnes légitimées par la démocratie républicaine. On ne se rappelle généralement leur existence que lors des campagnes électorales, du lancement des actions de développement (préservation de l’environnement, campagnes de vaccination, etc.). Leurs tâches se résument alors à soutenir les pouvoirs publics par le biais de la mobilisation des populations moyennant quelques subsides. On le constate, des mesures urgentes doivent être prises au rendez-vous de Syrte. Cela nécessite que chaque dirigeant africain soit constamment en éveil et donc au rendez-vous.

Mais comme toujours, il faut craindre que cet autre sommet de l’U.A. ne passe encore à côté de l’essentiel. Bien d’autres problèmes, notamment politiques, pourraient ravir la vedette aux sujets en rapport avec nos sempiternelles crises alimentaires ou énergétiques. Comme si les populations africaines comptaient pour peu dans l’agenda des chefs d’Etat. Ces derniers, pour la plupart, restent encore préoccupés par les mandats électoraux et l’assistance à apporter à leurs pairs dont certains ont mis en danger leurs propres pouvoirs à force de nier la montée de la contestation populaire. De quoi se demander : pour qui votons-nous réellement et pour quels objectifs ?

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 30 juin 2009 à 10:00, par SATYRE En réponse à : 13e SOMMET DES CHEFS D’ETAT DE L’UA : Ils passeront encore à côté de l’essentiel !

    Nous avons une très belle organisation (UA), mais une très mauvaise politique. Nous avons detrès bons experts et technaucrates africains, mais une fois encore, de mauvais poltiques, c’est à dire ces hommes qui commandent, au lieu de diriger, gérer et prévoir.
    Pour ma part l’UA ne fonctionne pas parce qu’on y retrouve deux générations :
    -L’une, HAS BEEN, constituée par des chefs d’Etat qui, pour la plupart ne voient pas plus loin que la distance qui les séparent du prochain pas qu’ils poseront au sol. Cette frange de décideurs qui pensent d’abord et maintenant aux intérêts politiciens qu’ils tirerons des décisons qu’ils prendront.
    -L’autre constitué d’une génération d’experts dont les compétences ne souffrent d’aucun débat et qui abattent un travail colossal pour l’avenir de ce continent. Mais, leurs conclusions sont chaque fois balayées du revers de la main par ceux là même qui leur demandent à chaque fois de se pencher su les problèmes de ce continent, les chefs d’Etats. Pourquoi ? Du fait d’hommes politiques ou incapables, ou animés de la plus mauvaise intention qui soit : les intérêts égoïstes.
    CONSEQUENCE : Chaque années, nos frères africains dont l’expertise est avérérée soumettent les conclusions de leurs travaux à des Chefs d’Etats, dont l’intelligence est comparable à celle d’un chef de village( gardien des traditions)qui neles appliquent pas ou font semblant de les appliquer. Et tous disent vouloir le bien de ce continent ! Alors qu’ils ne sont même pas fichus de s’asseoir toujours à la même table pour décider du futur de ce continent. Quand c’est l’Afrique de l’ouest qui soutient fortement une résolution, c’est le Centre qui boycotte ou le SUD et vice versa.
    Ils oublient juste une chose :
    UN DIRIGEANT, NEST QUE REPRESENTANT D’UN PEUPLE. On lui demande juste de dire ce que sa nation pense. Mais que Foutaise, quand un continent(le peuple) demande l’Union et qu’une poignés de corrompus refusent, l’on est souvent en droit de se demander si c’est à ces chefs d’Etats de nous élir comme citoyen de leur pays ou à nous de les désigner comme représentants de nos nations.
    Conclusion : Tant qu’on en aura pas finit avec cette génération de has been, corrompus et tripatouilleurs devant l’éternel, on ne pourra pas construire cette union.
    De grâce, même si vous n’êtes aussi intelligent que WADE, BONY, aussi patriotes comme ATT et j’en passe, suivez au moins le train car ces messieurs peuvent vous en apprendre, messieurs les Chefsd’Etats !
    On n’attendra pas sagemment que Dieu vous rappelle tous. Il n’ay que Bongo, Eyadema et Conté pour l’heure qui ont rejoint ; à ce rythme, on en a encore pour des décennies !

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