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Conflits en Afrique : La solution par les Africains

Publié le mercredi 14 juillet 2004 à 10h21min

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Dans un entretien accordé à RFI, le 13 juillet dernier, Frédéric
Bitsangou, alias le pasteur Ntoumi, qui dirige le Conseil
national de la résistance (CNR), un groupe rebelle congolais, a
sollicité l’aide de la France, "notre mère", selon ses propres
termes, pour qu’elle s’implique dans la résolution de la crise
politique au Congo Brazzaville, de la même façon qu’elle s’est
engagée dans le conflit ivoirien à travers l’opération Licorne.

"Nous avons beaucoup interpellé la France. Regardez ce qui
s’est passé en Côte d’Ivoire. Il y a eu l’implication de la France.
Puisqu’elle est notre mère, nous avons des liens et des
relations qui datent de longtemps. Pourquoi la France ne
veut-elle pas prendre les choses en main ?". Vu la situation qui
perdure en Côte d’ivoire, une intervention de la France sera-t-elle
salutaire ?

En tout cas, le pasteur Ntoumi demande à l’Hexagone
d’assister le Congo, mais aussi d’amener tous les
protagonistes à s’asseoir sur la table de négociations. Quant à
savoir si l’ancienne métropole sera neutre, la réponse du
dirigeant rebelle a été évasive. Cela se verra sur le terrain,
s’est-il contenté de lâcher. Il faut dire qu’un accord de paix avait
été signé le 17 mars 2003 entre le gouvernement congolais et le
Conseil national de la résistance. Et qu’une opération de
démobilisation, de désarmement et de réinsertion des miliciens
avait été lancée en février 2004.

Cela signifie-t-il pour autant
qu’une véritable réconciliation a été opérée et que le Congo
n’assistera pas au retour des vieux démons ? Rien n’est moins
sûr. D’autant que jusqu’à ce jour, le chef rebelle vit retranché
dans le Pool et que beaucoup
d’ opposants sont en exil. On peut croire que tous n’ont pas
reçu la garantie ferme de ne pas être inquiétés, une fois rentrés
au bercail. Le dialogue sans exclusive annoncé depuis de
longue date et constamment ajourné, n’est pas étranger au
blocage manifeste du processus de paix.

Cela dit, si pour le leader des combattants de la région du Pool,
située au sud de Brazzaville, la solution à la crise politique
congolaise passe par la France, son discours paraît
anachronique. Il cadre mal avec la vision de l’Union africaine
selon laquelle, le temps est venu pour le continent de prendre
sa propre destinée en main, d’assurer lui-même et pour
lui-même la prévention, la gestion et le règlement des conflits
sur le continent.

"La transformation qualitative de l’OUA en Union
africaine témoigne de la conscience des Africains que leur
continent est aujourd’hui à la croisée des chemins et qu’il lui faut
nécessairement changer son futur pour redonner espoir à ses
fils et à ses filles", lit-on dans les Cahiers panafricains paru ce
mois-ci.
Un peu plus de 4 décennies après les indépendances, le
continent fait grise mine. Il continue en effet d’être confronté à de
nombreux conflits aux conséquences catastrophiques, aussi
bien sur les plans humanitaire que socio-économique. C’est
pourquoi les nombreuses initiatives prises au niveau de
certains organismes, sur le plan continental, sont à saluer.

Elles marquent la volonté de quelques Africains de rechercher
eux-mêmes des solutions pacifiques aux nombreuses crises
qui secouent le vieux continent. Parmi ces organismes, il faut
citer l’ancienne Organisation de l’unité africaine qui s’est dotée,
en 1993, d’un mécanisme pour la prévention, la gestion et le
règlement des conflits. De même que des communautés
économiques régionales comme la CEDEAO, la SADC, la
CEEAC qui ont recouru à des mécanismes pour la prévention
et la gestion des conflits.

Certes, ces efforts de paix qui
s’organisent çà et là avec, par moments, le soutien de l’ONU,
n’ont pas été toujours décisifs. Mais un grand pas a été franchi.
Un pas que l’Union africaine a emboîté en inscrivant, parmi
ses priorités, la mise en place d’un dispositif de gestion de la
paix et de la sécurité sur le continent. L’Afrique peut et doit
régler ses propres problèmes et non attendre toujours l’aide
des autres ni se complaire dans le rôle de l’éternelle assistée,
comme semble le souhaiter le pasteur Ntoumi pour son pays.
Sinon, de quelle souveraineté les Etats se prévaudront-ils ?

Si
les Africains doivent compter sur eux-mêmes pour régler leurs
conflits, c’est qu’une véritable réconciliation qui rassemble les
premiers acteurs concernés passe pour être la meilleure. La
décision de pardonner doit être un acte volontaire et souverain.
Ce n’est pas pour autant que la réconciliation doit exclure de
facto une médiation extérieure. Loin s’en faut. Mais encore
faut-il s’assurer que cette médiation ne cache pas de gros
intérêts. Or, c’est malheureusement très souvent le cas en
Afrique. Et puis, les médiateurs extérieurs ont-ils toujours le
souci de voir primer l’intérêt du continent aux énormes
richesses, sur leurs propres intérêts ?

"Un jour, les historiens
devront bien se pencher sur le triste sort réservé à notre
continent et à ses peuples, et établir la part de responsabilité
qui incombe aux Africains eux-mêmes d’abord, mais aussi aux
acteurs extérieurs du drame de l’Afrique", a dit Alpha Omar
Konaré, président de la Commission de l’Union africaine. La
responsabilité des dirigeants africains est engagée. C’est par
eux surtout que soufflera le vent de l’espoir sur l’Afrique, par
une résolution des nombreux conflits.

Le Pays

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