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Contrôle de la charge à l’essieu : Probables ruptures de stocks des hydrocarbures

Publié le jeudi 25 juin 2009 à 02h52min

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Depuis le 1er juin 2009, la mesure de contrôle du poids de charge autorisé des véhicules est rentrée en vigueur au Burkina Faso. Tout en saluant l’avènement de cette mesure, l’Organisation des transporteurs routiers du Faso (OTRAF) interpelle les autorités sur le fait que cela pourrait être source de désagréments pour le pays surtout dans le volet du transport d’hydrocarbures.

L’approvisionnement du Burkina Faso en hydrocarbures pourrait connaître des difficultés dans les jours à venir. Cette situation à redouter pourrait être la conséquence de l’application stricte de la mesure portant contrôle de la charge à l’essieu sur les routes du Burkina Faso. En vigueur depuis le 1er juin 2009 au Burkina Faso, le contrôle de la charge à l’essieu concerne tous les véhicules poids lourds transportant des marchandises ou des hydrocarbures.

Selon cette réglementation en vigueur désormais, tout véhicule reconnu surchargé après le contrôle, est déchargé de son surplus aux frais du propriétaire qui doit en plus payer un amende pour surcharge (20 000 F CFA par tonne de surcharge pour le transport national et 60 000 F CFA par tonne de surcharge pour le transport inter-états).
Le véhicule ne sera autorisé à poursuivre sa course qu’après sa mise en conformité.

A la différence des camions transportant des marchandises diverses, les véhicules transportant des hydrocarbures, des explosifs ou tout produit déclaré dangereux compte tenu de leur spécificité, même surchargés, peuvent poursuivre leur route après paiement de l’amende. De l’avis général qui se dégage, l’Organisation des transporteurs routiers du Faso (OTRAF) soutient que le contrôle de la charge à l’essieu est une bonne chose.
En effet, selon le président de l’OTRAF, El Hadj Boukary Sankara, "la lutte contre les surcharges a des avantages : Nous aurons de bonnes routes, des camions et en bon état. Aussi, nos véhicules seront plus sollicités car la réduction du tonnage entraîne du coup l’augmentation du nombre de voyages".

Des pénuries à craindre

Cette embellie n’empêche pas le premier responsable de l’OTRAF d’être inquiets. Pour lui, la mesure peut dans l’immédiat compromettre les efforts du Burkina Faso en matière d’approvisionnement du pays en hydrocarbures. Les ruptures de stocks que connaît la SONABHY ces temps-ci pourraient ainsi s’accentuer. Pour l’OTRAF, le contrôle de la charge à l’essieu, en ce qui concerne le transport des hydrocarbures signifie que les camions citernes doivent être redimensionnés : "Il faut tailler la citerne, refaire le jaugeage (…)".

Cette opération nécessite du temps et de l’argent et signifie également une immobilisation des véhicules.
"Et qui va approvisionner le pays pendant ce temps ?", s’interroge le président de l’OTRAF.

Afin d’éviter les éventuels désagréments, l’OTRAF dit avoir attiré l’attention des autorités du pays. "Nous sollicitons une dérogation pour les camions citernes afin de permettre aux transporteurs de se réadapter à la nouvelle situation".
Le contrôle de la charge à l’essieu est une mesure communautaire qui concerne tout l’espace UEMOA. Les transporteurs disent ne pas ignorer cela. Ils soutiennent fermement que seul un moratoire pourrait permettre d’éviter une rupture d’approvisionnement en hydrocarbures à un pays enclavé comme le Burkina Faso.

Le contrôle de la charge à l’essieu va avoir comme conséquence également l’augmentation du coup du transport à raison de 15 mille F CFA de plus sur la tonne. Mais cela, disent les transporteurs ne doit pas être un prétexte pour une hausse des prix des produits. Selon leurs estimations, le prix du riz est passé du simple au double sans que le prix du transport n’ait connu de hausse.

Une mesure ancienne

Aussi, une augmentation de 15 000 F CFA sur la tonne de riz transportée par exemple, ne représente qu’une incidence de 750 F CFA sur chaque sac de riz sur la base des anciens prix pratiqués avant la hausse généralisée constatée ces derniers temps.

"Le contrôle de la charge à l’essieu n’est pas quelque chose de nouveau". En 1989, se souvient le président de l’OTRAF, les autorités togolaises avaient pris une mesure obligeant les transporteurs routiers burkinabè à ne pas charger au-delà de 25 tonnes pendant que l’Etat burkinabè autorisait les mêmes transporteurs à charger 32 tonnes. Mais profitant d’une audience que le Président du Faso avait accordée au syndicat des transporteurs (avec à l’ordre du jour les dossiers X 9 et Sans Frontière), El Hadj Boukary Sankara, alors secrétaire à l’organisation avait trouvé l’occasion belle pour attirer l’attention du chef de l’Etat sur les risques éventuels que la limitation des charges à 25 tonnes pourrait avoir sur le Burkina Faso.

Ainsi, la question avait été réglée par le Président du Faso avec son homologue togolais. L’autre requête de l’actuel président de l’OTRAF qui avait trouvé solution auprès du chef de l’Etat a consisté à la levée du monopole du train sur le transport des hydrocarbures (80% pour le train et 20% pour les transporteurs routiers). Fort de tout cela, le premier responsable de l’OTRAF est convaincu qu’un engagement des premières autorités du pays peut permettre de trouver une solution nationale à un problème régional.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 25 juin 2009 à 19:22 En réponse à : Contrôle de la charge à l’essieu : Probables ruptures de stocks des hydrocarbures

    L’Otraf ne joue pas son rôle. Elle aurait dû sensibiliser depuis longtemps sur cette mesure qui allait arriver un jour ou l’autre. Donc, pourquoi n’ont ils pas pris les mesures adéquates pour mettre aux normes leurs camions citernes. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi ces véhicules citernes sont immatriculés s’ils ne sont pas aux normes/poids maximales autorisées. Il y a là visiblement un problème. En Europe, un véhicule importé doit respecter les législations en vigueur sous peine de ne pas être immatriculé. Ici, comme d’habitude, on immatricule des camions qui ne répondent à aucune norme et, après, on joue au médecin après la mort quand il y a des accidents comme celui de Boromo. D’ailleurs, pourquoi autant de véhicules mixtes de transport circulent encore sur nos routes ? Il y a un sérieux problème malgré les beaux discours mielleux des autorités burkinabè.

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