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Formation commando : Crépitements de kalachnikov à Pô

Publié le mercredi 24 juin 2009 à 04h31min

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En fin de stage commando, 216 soldats de la classe 2006 ont reçu leurs diplômes le lundi 22 juin 2009 à Pô, localité située à 140 km de Ouagadougou. Ce n’était pas une sinécure.

L’heure d’attente au soleil n’a pas ramolli les traits de leurs visages. Crânes rasés, regard fixe et droit, silhouettes effilées dans des treillis “vert- armée,” les 216 stagiaires du Centre d’entraînement commando (CEC), après 45 jours d’intense formation dans les muscles voyaient enfin le bout du tunnel. Sur la place Nemaro du centre-ville de Pô en cette matinée du 22 juin 2009, ils ont reçu leurs diplômes de fin de stage. Le lieutenant Cyprien Kaboré, chef du bureau instruction du CEC, représentant le chef de corps indique ceci : “225 soldats de la classe 2006 pour la plupart issus de l’armée de Terre, de l’armée de l’Air et du groupement central des armées, répartis en trois vagues de 75 stagiaires chacune, ont été reçus pour suivre le stage d’initiation aux techniques commando”. Au final, 216 ont pu suivre de bout en bout le stage sans aucun problème majeur de santé, 9 ont été ajournés pour des raisons de santé entre autres. Les lauréats qui ont franchi la ligne d’arrivée ont obtenu une moyenne supérieure ou égale à la moyenne requise de 12/20, soit un pourcentage de réussite d’environ 95,99%. Après avoir reçu leur précieux parchemin, place Nemaro, les stagiaires de la classe 2006 ont montré “ce qu’ils ont dans les tripes”. D’abord, des démonstrations de mouvements, de combats corps-à-corps, de combats de localité, de techniques d’interventions opérationnelles rapprochées...

Il faut sauver “l’autorité”

Ensuite, le cap a été mis sur le champ de tirs situé au flanc d’une colline hors de la ville. Là, il s’est agi d’une attaque frontale mettant en scène un commando (groupe de soldats envoyés en opération spéciale) qui tend une embuscade à un convoi imaginaire en déplacement. Les crépitements de kalachnikov étaient accompagnés de sourdes détonations de roquettes et de mitrailleuses lourdes. “Ce sont des tirs avec des munitions réelles pour les mettre dans l’ambiance réelle. Ce n’est pas évident qu’un soldat accepte de courir devant des camarades qui sont en train de tirer et pendant qu’il court, des explosions fusent à ses côtés”, commente le lieutenant Cyprien Kaboré. Avant d’ajouter : “il faut pouvoir rester lucide dans cette ambiance de tirs pour pouvoir accomplir la mission”.

Après cette étape, ces jeunes “codos” qui ont choisi de défendre la patrie même au prix du sacrifice suprême, ont achevé de convaincre de leur bravoure au cours des épreuves de franchissement. A l’intérieur du camp du CEC, la végétation est luxuriante et le relief accidenté, au point qu’on se croyait parfois en pleine jungle. L’herbe ploie sous les rangers et les souliers. Le ciel est dégagé et le soleil se fait sentir. C’est au cours de cette partie que l’assurance, l’endurance et la résistance des stagiaires ont été les plus éprouvées. Dans la démonstration, ils ont délivré, grâce aux techniques de combat apprises, une “autorité” retenue en otage.

L’épreuve de la falaise

Après l’exfiltration, ces soldats d’élite devaient ramener “l’autorité” à un point de repli en franchissant le relief accidenté et truffé d’obstacles. “Sur le terrain, vous pouvez trouver des endroits où le passage est obligé : ponts coupés, fleuves, falaises...Qu’est-ce qu’il faut faire ? il faut utiliser les moyens de bord pour pouvoir les franchir”, explique le sergent-chef Issa Simporé, l’un des instructeurs commandos du centre dont la devise est “Pour l’honneur, j’oserai !”. L’exercice grandeur nature ne fut pas “une partie de plaisir”. Particulièrement lors du franchissement de la falaise. Après avoir rampé sous des barbelés les soldats, kalachnikov en bandoulière devaient grimper sur des cordes depuis la base jusqu’au sommet à des dizaines de mètres d’altitude. Il ne faut pas avoir de vertige, en plus, le temps est compté. “Plus rapidement que ça ! Nous aussi on est passé par là”, hurle un sergent. “C’est dure mais il faut serrer les dents”, tonne le lieutenant Cyprien Kaboré au milieu d’une “forêt” de treillis et de bérets rouges. “Mais ils souffrent...”, murmure une voix féminine. Finalement, “l’autorité” libérée qui dans le scénario devait être inconsciente après les franchissements, est ramenée au point de repli sur un brancard de fortune avant d’être évacuée par véhicule. La sueur perle sur les visages, les treillis sont mouillés. Mais, la fierté d’avoir réussi la mission est plus forte. “C’est bon, c’est impeccable, bonne démonstration !”, apprécie le capitaine Roger Julien à la tête d’une mission d’instruction dépêchée du 23e Bataillon d’infanterie de marine français (BIMA) basé à Dakar. Les stagiaires ont chaleureusement été félicités par l’ensemble des autorités militaires et civiles. Au “commando woro”, lieu du rafraîchissement offert par le CEC, c’était la bonne humeur, tonitruante, sur fond d’histoires drôles racontées. On pouvait entendre : “La classe 2006 a émerveillé”, “on est fier d’être commando !” .

Bachirou NANA

Sidwaya

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