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PROJET DE REFERENDUM AU NIGER : Tandja est-il enfin revenu à la raison ?

Publié le lundi 22 juin 2009 à 11h43min

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Le doute n’est plus permis. Les législatives anticipées sont les seules consultations auxquelles les Nigériens seront appelés le 20 août prochain pour élire de nouveaux députés. Et ce, après la dissolution, le 26 mai dernier, de l’Assemblée nationale par le président nigérien Mamadou Tandja. Par décret signé le 20 juin, ce dernier a, en effet, fixé la date du 20 août pour les législatives anticipées.

Au terme du même décret, l’ouverture de la campagne a été fixée au 29 juillet et sa clôture, le 18 août. Exit donc le référendum pour doter le Niger d’une nouvelle Constitution et auquel le président Tandja avait d’une part fixé la date au 4 août et d’autre part mis en place un comité de rédaction. Il doit maintenant, en principe, faire le deuil de ce projet fortement rejeté par la classe politique et la société civile nigérienne ainsi que les institutions, notamment la Cour constitutionnelle. Il faut dire que tout s’est joué en défaveur du chef de l’Etat sortant le 19 juin, jour où le ciel lui est tombé dessus. Tout ce qu’il prévoyait s’est effondré ce jour-là comme un château de cartes.

Tout a commencé par la réunion du Conseil de la république, une instance créée en 1999 et qui se réunit "lorsque le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et la continuité de l’Etat sont gravement menacés". Alors que le chef de l’Etat attendait du Premier ministre, du chef de file de l’opposition et des présidents des principales institutions qui composent ce conseil, qu’ils lui permettent de légiférer par ordonnance pour prolonger le mandat des élus locaux qui expire le 30 juin, les membres dudit conseil lui ont tout simplement dit qu’ils sont incompétents sur ce sujet. Même réponse également concernant la ratification des accords de financement avec les bailleurs de fonds pour laquelle le chef de l’Etat demandait l’accord des membres du conseil.

Comme si tout cela ne suffisait pas, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) faisait savoir le même jour qu’elle se préparait pour l’organisation des législatives anticipées pour lesquelles elle a proposé la date du 20 août conformément au délai constitutionnel et n’attendait que la confirmation du gouvernement. Celle-ci ne tardera pas car dès le lendemain 20 juin, Mamadou Tandja signait le décret appelant le corps électoral auxdites élections. La messe est donc dite et logiquement Mamadou Tandja devrait tirer sa révérence à la fin de cette année. Par la même occasion, il dira adieu à ses chantiers qu’il voulait achever, au bonus qu’il demandait en attendant sans doute de rebelotter autant de fois qu’il voudra avec la bénédiction de la Constitution qu’il se serait taillée sur mesure.

En signant sans tarder le décret relatif aux législatives, on peut dire que Tandja est revenu à la raison. En effet, on s’attendait à ce qu’il s’obstine comme il l’a fait jusque-là malgré un premier avis défavorable de la Cour constitutionnelle et l’opposition de bon nombre de Nigériens. La "Tandjaïsation" du pouvoir n’aura donc pas lieu. En d’autres termes, l’astuce consistant à remplacer la Constitution par une autre ne passera pas. Du même coup, il n’y aura pas de précédent dont d’autres chefs d’Etat africains pourraient s’inspirer. Toutefois, la prudence doit toujours être de mise. Le chef de l’Etat a-t-il réellement et définitivement renoncé à son projet ? La question reste posée. L’intéressé aurait rassuré mieux s’il s’était adressé à la nation en des termes clairs, du genre : "Nigériens, je vous ai compris".

Ce qui aurait été synonyme d’abandon de son projet tant décrié. Mais peut-être que nous allons vite en besogne et que cela ne saurait tarder. D’ailleurs, ce serait à l’honneur du chef de l’Etat qui donnerait ainsi l’image d’un homme d’Etat qui sait se ressaisir quand il se rend compte qu’il s’est trompé. Les chefs d’Etat des pays voisins francophones du Niger, à l’exception du Mali, devraient s’inspirer de l’exemple positif imposé par la société civile et les institutions nigériennes. Ils doivent chacun, suivez mon regard, se le tenir pour dit : la démocratie n’est pas une vulgaire denrée marchandable. Et gare à celui qui n’a pas la force morale et civique de le comprendre !

Par Séni DABO

Le Pays

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