Si les générations présentes savent qui sont Naba Yadéga, Naba Kango ou encore Naba Kiba, dans l’histoire du Yatenga, il n’est pas évident qu’elles sachent comment se font leurs rites d’intronisation, de funérailles ainsi que les rôles que jouent les batteurs de tam-tam et les cavaliers, etc. « C’est pour plonger les fils et les filles du Yatenga actuel et des autres populations dans les siècles écoulés et susciter leur prise de conscience des valeurs ancestrales que nous avons organisé ce festival », foi de Modibo Ouédraogo, copromoteur de l’activité.

En amont des festivités, un jeu radiophonique sur la chaîne “La voix du paysan”, a fourni une flopée d’informations sur l’histoire du Yatenga dans la journée du vendredi 22 mai dernier aux populations du Nord. Ils étaient nombreux, les auditeurs qui se sont mesurés sur leurs connaissances des siècles passés à cette occasion.

Le lendemain, ils ont convergé tous vers le palais royal du Yatenga où s’est tenue la cérémonie officielle du lancement du festival. Jean-Baptiste Zongo, haut-commissaire du Yatenga, a représenté le gouverneur, Viviane Yolande Compaoré, marraine du Festival. Il avait à ses côtés Emile Bayala, Directeur régional de la culture, du tourisme et de la communication du Nord, le Toogo Naba, Premier ministre du Roi du Yatenga et tout son gouvernement.

Pendant toute la matinée, les invités ont eu droit à des prestations diverses de bonne facture puisées du tréfonds de l’histoire du Yatenga. Danses traditionnelles et course de chevaux ont constitué l’entrée en matière. Puis, ce fut le défilé des filles drapées dans des tenues traditionnelles, les nattes cernées de cauris, tenant chacune une gourde ou une calebasse d’eau.

A chacune de leur sortie, elles se prosternent devant les officiels sus-cités et montrent aux invités comment se prosterner devant un roi. Un autre fait, qui a marqué l’assistance, a été la mise en scène de l’intronisation d’un roi au Yatenga. Bien habillés à la manière des chefs, de jeunes gens ont retracé à travers des saynettes le cérémonial sous les acclamations du public. Les spectateurs ont, en outre, appris que le tam-tam n’est pas que pour la musique.

A travers une prestation de vieux batteurs, ils ont su que cet instrument est un véritable moyen de communication des cercles royaux. Le langage du tambourineur est une annonce de nouvelles dont seuls les initiés ont le secret. Le festival Kudumdé, c’est aussi le sport. Il a été l’occasion de connaître le dénouement de la coupe de la rélève du Toogo Naba. La finale a opposé les secteurs 6 et 5 de Ouahigouya. C’est le dernier cité qui s’est adjugé le trophée par le score de 2 buts à 1.

La région du Nord est une zone par excellence culturelle et touristique. A en croire Emile Bayala, Directeur de la culture, du tourisme et de la communication, selon une étude menée en 2005 sur les potentialités culturelles et artistiques de la province du Yatenga, les manifestations et événements culturels traditionnels jouent un rôle important dans le développement du tourisme.

Autant d’événements qui, à côté des vestiges et monuments historiques comme la place Naba Kango, la case de Naba Yadéga, les tombes royales, etc., peuvent attirer des touristes et créer des richesses. La commune de Ouahigouya, au regard de toutes ses potentialités a, de concert avec la ville de Chambéry, élaboré en début 2009 un projet culturel entre acteurs culturels des deux villes en vue de la mise en œuvre d’une politique locale de développement de la culture.

Le haut-commissaire du Yatenga, Jean-Baptiste Zongo, qui a suivi avec enthousiasme les activités du festival Kudumdé, a, au nom de la gouverneur, salué l’idée. Il a souhaité que les différents acteurs s’exercent davantage afin que l’on puisse offrir de belles prestations à tous les étrangers qui seront à Ouahigouya lors de la commémoration de la fête de l’indépendance, le 11 décembre prochain.

David-Hiver Ouédraogo

L’Observateur Paalga