La société civile estime que les recettes générées par les industries extractives ne profitent pas toujours aux citoyens. L’exemple ghanéen semble illustrer cette position. Deuxième producteur d’or en Afrique avec 2, 5 millions d’onces d’or en 2007, le pays de John Atta Mills a près de 80 % de sa population vivant avec moins de 2 dollars par jour. Il y a aussi les cas guinéen et zaïrois (actuel RDC) qui font dire à certains que la mine constitue une malédiction. "Il y a beaucoup de pays africains qui ont des ressources naturelles.

Malheureusement le constat montre que pour des problèmes de gouvernance, celles-ci sont mal utilisées, obligeant ces Etats à tendre la main aux pays développés. C’est dommage", observe le secrétaire permanent de l’initiative pour la transparence dans l’industrie extractive (ITIE), Djiri Dakar. C’est dans ce contexte que l’ITIE a été lancée pour demander aux sociétés minières de déclarer ce qu’elles versent comme recettes dans les caisses de l’Etat qui, en retour, doit communiquer le montant reçu. Pour exercer son rôle de garde-fou, la société civile mène une campagne régionale "Où est mon or ?" suite à l’adoption, le 26 mai 2009 dernier par les ministres des Affaires étrangères de la CEDEAO, d’une directive minière commune.

Il s’agit ainsi de voir clair dans la gestion des revenus miniers. Cette campagne vise à renforcer la concertation entre la société civile, les gouvernements et les autres acteurs en vue d’avoir un espace minier communautaire plus sain et profitable aux populations. "La campagne "Où est mon or" est un signal fort que la société civile entend donner à l’ensemble de la communauté de l’espace CEDEAO", a lancé le chef de file d’Oxfam international, Omer Kaboré. Une série d’activités comme la formation des journalistes le 30 mai, une conférence de presse-bilan, le 02 juin prochain, vont sous-tendre ce plaidoyer.

Le site web de la campagne est : www.ouestmonor.org. Rendant compte de la déclaration liminaire de la coalition "Min’alerte", le directeur exécutif de ORCADE, Moses Kambou a indiqué qu’une forte politique minière sous régionale est nécessaire au sein de l’espace CEDEAO afin que l’industrie extractive contribue au développement durable dans le respect des droits des populations et de l’environnement. Et d’ajouter que l’objectif de la directive est de réglementer les politiques minières de la sous-région. Pour la coalition "Min’alerte", la mise en oeuvre de la directive semble la voie à emprunter pour faire briller l’or pour tous.

"Les OSC qui se sont mobilisées pour l’aboutissement de ce processus, estiment que l’adoption au niveau régional de la directive constitue un premier jalon vers l’amélioration des droits fondamentaux et des moyens d’existence des communautés affectées par l’exploitation minière en Afrique de l’Ouest", a déclaré Moses Kambou. En cela, la présente campagne médiatique doit favoriser l’engagement "total" des Etats dans l’application concrète de la directive minière. Si ce combat aboutissait, ce serait un bond en avant pour l’adoption d’une politique minière régionale et d’un code minier régional. En attendant, il reste à convaincre les Etats du bien-fondé d’une telle démarche.

S.N. COULIBALY

Sidwaya