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Situation politique au Niger : Le silence coupable de l’Union africaine

Publié le jeudi 28 mai 2009 à 02h48min

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Le président de la commission de l’Union africaine, Jean Ping

Parfois, les politiques, surtout ceux qui sont au pouvoir, donnent l’impression d’ignorer certains enseignements de l’histoire, qui pourraient éviter, à eux et surtout à leur peuple, de payer un lourd tribut et les sempiternels recommencements. Mamadou Tandja s’est inscrit dans cette catégorie de dirigeants : l’avis de la Cour constitutionnelle ? il n’en a cure.

La phalange déferlante des députés ? il les renvoie le 26 mai 2009 à leurs mandants ! Le message du président nigérien sortant est loin d’être subliminal : il veut son 3e mandat quitte à gifler la Loi fondamentale.

Avant cette escalade politico-institutionnelle, la CEDEAO avait, certes donné, de la voix, rappelant les lois sous- régionales en la matière dont l’une stipule qu’il est strictement prohibé de charcuter la Constitution 6 mois avant une élection. Tandja a peut-être raison d’ignorer ce rappel à l’ordre de ses pairs de la CEDEAO, dont la plupart ont ravaudé leurs constitutions, avides de s’affranchir des carcans du droit pour pouvoir régner ad vitam aeternam.

Mais s’il y a un silence coupable à l’égard de ce qui se passe au Niger, c’est bien celui de l’Union africaine (UA). Tous autant qu’ils sont savent qu’il y a les décisions d’Alger concernant les forcing constitutionnels. Personne ne peut oublier, par exemple, la retentissante sortie d’Alpha Omar Konaré, l’ancien président de la commission de l’UA, lorsque, le 7 février 2005, Faure Gnassingbé a prêté serment, piétinant les articles 55 et 144 de la Constitution, en invoquant "la tolérance zéro" aux putschs constitutionnels.

Autre personne autre mœurs : Jean Ping, son remplaçant, a beau répéter qu’à l’agitation de son prédécesseur il préfère la diplomatie agissante, jusqu’à preuve du contraire, les retombées tangibles de ses actions souterraines se font toujours attendre, avec l’épidémie de pouvoirs kaki survenue dans la sous-région. Le cas de la Mauritanie, sur lequel le "Chinois" a dû confesser qu’il ne faut pas rêver à une remise du pouvoir au président démocratiquement élu, est illustratif de l’impuissance de la fille de l’OUA.

En tout cas, même s’il faut souvent déplorer les longues circonlocutions de la couleuvre diplomatique, animal à sang- froid dont le temps de battement entre l’ingurgition de sa proie et la digestion est long, pour le cas actuel du Niger, il faut que les fonctionnaires d’Addis Abeba sachent anticiper par une veille diplomatico-politique. La règle devrait être qu’il ne faut jamais attendre que le pire soit sûr avant de réagir.

Sans aller jusqu’à prôner les coups d’Etat salutaires dont avait fait mention le fondateur du PAREN, Laurent Bado, il faut avouer courageusement qu’il y a des présidents qui préparent des terreaux favorables à ces raccourcis militaires. Ce sera bien malin de la part de l’UA de crier a posteriori haro si un coup survenait au Niger, mais que fait-elle à présent face à cette dérive ?

Surtout qu’au pays d’Hamani Diori, les fondements démocratiques sont tellement ancrés qu’y toucher revient à une déclaration de guerre contre le peuple. La plaie du "wankage" d’Ibrahim Baré Mainassara (IBM) n’est pas encore totalement cicatrisée en dépit des dix ans qui se sont écoulés, et la prudence est recommandée, car, à présent, il ne reste plus que l’installation de la chienlit pour que des soldats décident de prendre leurs responsabilités.

Après tout, si Tandja a décidé de s’asseoir sur les principes républicains envers et contre le peuple, pourquoi voulez-vous que ce même peuple dont fait partie intégrante l’Armée ferme les yeux sur son destin ? D’où l’impératif catégorique pour l’UA de rompre le silence et d’essayer de ramener le président nigérien à de bonnes dispositions. C’est vrai qu’on ne sait pas sur quoi Tandja est adossé, mais il lui sera très difficile de gagner cette bataille qu’il a déclenchée.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 28 mai 2009 à 15:40 En réponse à : Situation politique au Niger : Le silence coupable de l’Union africaine

    c’est quand le coup d’etat ? on attend pour aplaudir

    • Le 28 mai 2009 à 16:32, par Viima En réponse à : Situation politique au Niger : Le silence coupable de l’Union africaine

      Pitie pour notre Afrique,
      Jusqu’ou l’envie du pouvoir nous amenera en Afrique ?
      Pendant qu’un seul homme est en train de jouer avec la constitution on le regarde faire.
      J’ai beaucoup apprecier l’idee de mr Laurent Bado que j’admire tant du fait qu’il fuat vite ecarter ces idees mequines avant que cela n’affecte la population.
      On attendra combien de temps pour que les super institutions puissent agir.Il ne suffit pas de condammer en parole mais la je pense qu’il faut AGIR en isolant des a present ce pays. le peuple saura et prendra sa position.
      Pitie pour mon l’Afrique

      Merci

    • Le 28 mai 2009 à 18:30, par Paris Rawa En réponse à : Situation politique au Niger : Le silence coupable de l’Union africaine

      Il ne faut plus compter sur Jean Ping. Il a été fait roi par les rois. N’oubliez pas que sa diplômatie est d’origine gabonaise et on sait ce qui se passe au Gabon en ce qui concerne l’Alternace.

      Désormais, c’est aux peuples de se mobiliser au-delà des frontières nationales pour libérer notre continent : voilà pourquoi il faut accuser les partis politiques ouest-africains (surtout ceux de l’opposition) de silence coupable. Quand est-ce qu’ils vont se décider pour developper de vraies initiatives de solidarités inter-africaines et de jouer enfin leur vrai rôle de leaders d’opinion en manière politique ? On ne peut pas demander cela à la société civile ; il faut que l’opposition burkinabè par exemple bouge et solicite l’appui de leur colègues de l’espace CEDEOA pour mobiliser la résidentance. On ose pas suggérer un tel engagement au parti au pouvoir dans les pays qui ignorent l’altenance comme le Burkina, le Togo ou la Cote d’Ivoire. Mais que font les autres parties politiques de l’espace CEDEAO. Il ne s’agit pas de nier la souveraineté du peuple nigerien, mais plutot de la défendre en soutenant le principe du respect des institutions que ce peuple s’est donné pour pouvoir être maitre de son destin.

      Rappelons-nous toujours que la colonisation a réussi à l’époque de nos grands-parents parce qu’ils ne se souciaient pas de voir des étrangers envahir le royaume voisin. Le néo-colonialisme par dictateur interposé réussira aussi et l’Afrique restera cette Grande Dame prostituée par ses propres enfants si nous ne pas capables d’anticipation et de solidarité pour débarasser le corps de nos peuples des sangsues du marigot.

  • Le 28 mai 2009 à 17:54 En réponse à : Situation politique au Niger : Le silence coupable de l’Union africaine

    Nous avons tous vu comment le cas de la Côte d’Ivoire s’est terminée. Même si le grand Dadis semble faire la différence, on ne connait jamais à priori les dénouements d’un coup d’État. Je préfère une intervention diplomatique de l’UA. C’est juste un coup de folie de Tandja, il est encore saisissable.
    Merci.
    WESTKOUSS

  • Le 28 mai 2009 à 17:59, par abbas En réponse à : Situation politique au Niger : Le silence coupable de l’Union africaine

    La mobilisation des nigériens contre le projet de leur président est salutaire. Nous souhaitons et prions qu’ils arrivent à lui barrer la route. Ce sera un grand pas en avant pour la démocratie dans nos pays. Tous les peuples africains doivent s’inspirer de leur exemple.

  • Le 28 mai 2009 à 18:11, par nabs En réponse à : Situation politique au Niger : Le silence coupable de l’Union africaine

    je suis parfaitement daccord mon ami. a quand le coup d’ETAT ? malheuresement l’UA ne peut etre que silencieux : tous nos chefs sont passés par là. Pauvre Afrique !

  • Le 28 mai 2009 à 20:12, par Steph En réponse à : Situation politique au Niger : L’Union Africaine ne bougera pas un seul doigt

    Le débat n’est plus à se faire sur les compétences et les réelles motivations de l’UA quant à solutionner de telles situations.
    Elle a ,il ne faut pas s’en douter, des mesures de pressions face a de telles agissements mais dites moi quel sera le 1er pays membre à les évoquer ?! Chacun se ragarde et le reste on s’en fout. L’essentiel pour bon nombre de présidents africains c’est qu’on ne vienne pas déranger leur dictature. Que le Niger s’embrase en guerre civile ou pas ce n’est pas leurs oignons.
    Je me permet de vous faire le scénario de ce qui se passera du coté de l’UA. Dans un 1er temps une lettre d’un certain conseil de l’UA sera envoyée à ce futur dictateur nigérien, lui rappelant tres amicalement certains points de la charte de l’UA. Ensuite si ce Tandja parvient à ses fins et à assoir sa dictature il sera acceuilli en grande fanfare et avec tous les honneurs au prochain sommet des chefs d’Etat de l’union.
    Certains présidents trinqueront avec lui pour lui souhaiter la bien venu dans le club tres élargis des "suceurs de sang" du peuple africain.
    N’en voulez pas à l’impuissant Ping Jean. Il n’est qu’un simple fonctionnaire imcopétent à la solde de nos présidents.
    Si nombre d’organisations et institutions africaines dont fait partie le Niger veulent se démarquer de ce pays, qu’elles renvoient tous les représentant et suspendent l’adhésion de ce pays jusqu’a la démission de Tandja et à l’instauration d’une démocratie menée par le peuple.
    Mais pour cela, on peut encore réver.

  • Le 29 mai 2009 à 09:47, par Doudou En réponse à : Situation politique au Niger : Le silence coupable de l’Union africaine

    Afrique mon Afrique,
    Le peuple nigerien devient de plus en plus mature en democratie. La cOur consitutionnelle qui donne tord au president, les alliés de Tanja, le lache et les centres syndicales sont farouchement contre. Toutes les forces vives du Niger sont unis pour defendre leur constitution. Actuellement Tanja est deroute, il dissout l’assemblée pour ne pas etre mis en accusation de haute trahison.
    Bravo au democrate sincere du Niger.
    Vive la démocratie, vive l’alternance, vive le Niger.

  • Le 29 mai 2009 à 13:35 En réponse à : Situation politique au Niger : Le silence coupable de l’Union africaine

    Ce qui est domage ce n’est même pas l’UA qui pose problème mais la communauté internationale toute entière ; après on va être prompt à condamner si y a coup d’etat militaire. l’UA ne peut rien puisque tout est pourri là bas ; c’est JEAN PING le boss, il est gabonais et là bas le mot "alternance" n’existe pas dans leur lexique. Il ne peut pas faire ce qu’on ne l’a pas appris c’est basique à mon sens.

  • Le 31 mai 2009 à 11:40, par Gravuis En réponse à : Situation politique au Niger : Le silence coupable de l’Union africaine

    Ls situation nigerienne est bien inquiétante pour tous ceux qui aiment leur peuple et sont attachés aux valeurs democratiques.
    le peuple nigerien a tellement soufert de l’experience des régimes d’exceptions au point qu’il a applaudi a ceux là qui lui ont dit qu’il lui apportait la democratie.
    La situation actuelle est telle que le peuple nigerien souhaite en finir avec cette dictature qui ne dit pas son non.
    Ce que le dirigeant nigerien n’a pas compri et qu’il ne comprendra certes pas, le niger continuera à exister avec et sans lui. Le peuple souhaite voir le Niger sans lui.
    Qu’i partes, là le peuple se souviendra de lui.
    Dans cette crise, il faudrait pas que le peuple Nigerien compte sur la communauté internationale surtout sous regionale. Jean Ping sera l’ombre de lui même dans cette crise. Et les autres chef d’etat ? Eux ne peuvent pas parler car ils ne sont pas bien differents de Tandja.
    le peuple gagne toujours sa lutte.
    Il faut que des gens bien courageux sauvent le Niger.
    Le peuple l’applaudira encore si ils apportent la democratie veritable et les privent de cette dictature Tandja.
    Ne dit on pas que le peuple a le pouvoir qu’il mérite ?
    Le niger ne mérite pas Tandjan qui ne fais plus son
    affaire.

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