LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

COMMUNICATION PRESIDENTIELLE : Jacob Zuma marque sa différence

Publié le mardi 26 mai 2009 à 04h25min

PARTAGER :                          

Jacob Zuma

Ses nouvelles charges de président de la République n’affecteront pas les liens étroits et affectifs qui ont toujours uni Zacob Zuma au petit peuple sud-africain dont il se sent si proche. Entendant rester le même qu’hier, c’est-à-dire très proche du peuple sud-africain qui aura majoritairement contribué à sa brillante propulsion à la tête de la nation arc-en-ciel, Zacob Zuma a décidé d’établir un dialogue direct et permanent avec ce peuple, en laissant les bureaux de son cabinet ouverts pour d’éventuelles suggestions et critiques du peuple.

Quel type de contact les dirigeants établissent-ils avec leur peuple ? Bien entendu, chacun y va de sa méthode et de sa stratégie, et le degré d’écoute manifesté à l’égard du peuple varie selon qu’on soit à Yaoundé ou à Dakar, à Niamey ou à Washington. Au demeurant, on aura dit de certains qu’ils sont trop accessibles, trop présents dans les médias, au risque de banaliser la fonction présidentielle. On aura aussi dit d’autres qu’ils sont, au contraire, trop renfermés, trop mystérieux au point de donner l’impression de se fermer au peuple sinon d’être totalement déconnectés de celui-ci. Pour ce qui le concerne, Jacob Zuma aura marqué sa différence. Il aura finalement été tout le contraire de son prédécesseur Thabo Mbeki que tout ou presque (la tenue, le langage savant et autres) prédisposait à se tenir relativement loin du bas peuple. La méthode Zuma cache-t-elle des visées populistes ? Ou bien est-ce la manifestation d’un réel désir de se mettre au diapason du peuple sud-africain ?

Il y a sans doute tout cela à la fois, l’homme étant, comme on le sait, très attaché à la foule. Cette apparente volonté de communiquer de Jacob Zuma ne résoudra pas tous les problèmes des citoyens sud-africains, certes. Mais après tout, n’est-il pas toujours utile que le peuple ait le sentiment d’être en contact permanent avec son dirigeant, même si la réalisation de ses rêves reste une autre paire de manches ? Zacob Zuma restera-t-il toujours l’homme du peuple ? En attendant de voir le nouveau président à l’œuvre, on peut d’ores et déjà se féliciter que ce dernier ait eu la claire conscience qu’il doit être, avant tout, au service d’un peuple qui attend beaucoup de lui. Aucun moyen ne saurait donc être de trop s’il veut se situer au carrefour de toutes les aspirations du peuple sud-africain. C’est du reste ce qui se fait dans les grandes démocraties où l’on mesure tellement l’importance et les enjeux de la communication que les gouvernants y attachent un intérêt énorme.

Si donc, dans ces pays, en terme de communication, rien ne semble laissé au hasard, en Afrique, les gouvernants sont-ils au même niveau de compréhension du caractère fondamental de la communication orientée vers le peuple ? Rien n’est moins sûr ; ou du moins, pour certains Etats, son importance n’a été révélée qu’à une date relativement récente. De fait, certains dirigeants continuent d’entretenir le mystère, sinon le mythe autour de leur personne. Est-ce la bonne méthode dans un monde où tout tend à se savoir en raison du développement prodigieux des moyens de communication ? Toujours est-il que ce repli sur soi, bien souvent, cache parfois mal un profond malaise dans la communion entre eux et leur peuple. Pour certains dirigeants, on s’est construit une impopularité telle qu’on a fini par réduire ses apparitions en public. On se fait de moins en moins visible, se coupant peu à peu des réalités de son peuple. Le fait est devenu notoire sur le continent.

C’est aux institutions que revient la charge de jouer le mauvais rôle, en parlant à la place du calife. Parfois, certaines institutions ont été ainsi dans l’obligation de faire en sorte que le chef de l’Etat s’emmure dans un silence, qu’il ne soit pas amené, malgré lui, à se prononcer sur ses propres forfaitures en préparation. Evidemment, ces pratiques sont loin d’être les réalités que vit l’Afrique du Sud, un pays décidément à part sur le continent. Non seulement les institutions fonctionnent normalement, mais en plus, l’état de démocratie est à un niveau très avancé. Et si l’Afrique du Sud marque encore sa différence, c’est aussi en raison de la conception que son nouveau président se fait du pouvoir, et de la haute idée qu’il se fait de sa mission.

Une mission dans laquelle les remarques et observations du plus petit citoyen devraient être prises en compte. Certes, on dira que dans une démocratie qui fonctionne bien, comme celle de la nation arc-en-ciel, les décisions émanant de certaines institutions comme l’Assemblée nationale sont censées refléter déjà les aspirations du peuple. Mais, comme on le voit, Zacob Zuma veut aller bien plus loin. Il n’a pas tort. Car, il est toujours préférable de recueillir les besoins venant directement des millions de Sud-africains qui triment au quotidien, que de les avoir par institutions interposées. Qui sait d’ailleurs, dans ce dernier cas, si ces doléances seront transmises fidèlement ? En cela, Jacob Zuma est sur la voie de marquer des points. Reste pour lui à concrétiser ce qu’il a entrepris.

"Le Pays"

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique