LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Bonne gouvernance en Afrique : Les "vérités" de Kofi Annan aux chefs d’Etat africains

Publié le mardi 13 juillet 2004 à 08h15min

PARTAGER :                          

Le secrétaire général de l’Organisation des nations unies (ONU) a égratigné plus d’un chef d’Etat africain lors de son intervention au IIIe Sommet de l’Union africaine (UA). Kofi Annan s’est élevé contre les dirigeants qui modifient les constitutions à leur gré au grand dam des aspirations de leurs peuples.

"Il n’est pas de plus grande sagesse, de marque plus évidente du sens de l’Etat que de savoir, le moment venu, passer le flambeau à la génération suivante. Et des gouvernements ne devraient pas manipuler ou modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir au-delà des mandats prescrits qu’ils ont acceptés lorsqu’ils ont pris leurs fonctions".

Ces phrases de Kofi Annan à la cérémonie d’ouverture du IIIe Sommet de l’Union africaine (UA) ont mis mal à l’aise de nombreux chefs d’Etat africains. Le secrétaire général (SG) de l’Organisation des nations unies (ONU) venait de frapper là où de nombreux observateurs ne l’attendaient pas. Surtout au moment où des débats et des tractations sont en cours dans certains pays pour amender des dispositions de la Constitution et permettre à des présidents de rebelotter à la tête de leurs Etats.

Tout en saluant "la volonté nouvelle de démocratisation en Afrique", Kofi Annan a fustigé les crises armées qui sévissent actuellement sur le continent : Côte d’Ivoire République démocratique du Congo (RDC) et surtout la tragédie du Darfour au Soudan. Il s’est appesanti sur les règles de l’Etat de droit et de la bonne gouvernance pour rappeler aux dirigeants africains leurs responsabilités dans "les malheurs du continent". "N’oubliez jamais que les constitutions existent pour servir les intérêts à long terme des sociétés et non les objectifs à court terme des dirigeants. Engagez-vous à faire en sorte que l’époque de l’autocratie ou du monopartisme soit bel et bien révolue", a-t-il martelé.

M. Annan a invité les responsables africains à cultiver les mêmes valeurs de bravoure et de dignité dont on fait preuve les pères fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) pour se débarrasser du joug colonial et de l’apartheid. Car, "l’aspiration de voir les peuples africains vivre en paix les uns avec les autres et travailler ensemble au développement du continent ne s’est toujours pas réalisée". Rappelant ainsi les tensions qui existent entre l’Ethiopie et l’Erythrée, la RDC et le Rwanda, etc.

Toutes ces réalités, donnent à ses yeux une "image pessimiste" de l’Afrique avec le nombre croissant des malades du Sida et les camps peuplés de femmes et d’enfants affamés. "Plus les gouvernements seront tenus de rendre des comptes, plus ils seront enclins à répondre aux besoins des populations, qu’il s’agisse de prévenir la famine, de combattre la pauvreté ou d’enrayer la propagation du VIH/Sida", a poursuivi Kofi Annan.

Chissano, avocat de Annan

Ces propos "très durs", de la part d’un Africain a jeté un froid dans la salle. L’atmosphère devint tout à coup morose et les mines de certains dirigeants commencèrent à se froisser. Pourtant cette boutade du SG de l’ONU plut particulièrement à un chef d’Etat : le Mozambicain Jaochim Alberto Chissano président en exercice sortant de l’UA. Enfonçant le clou, celui-ci expliqua que Kofi Annan s’adressait "à ceux qui ne veulent pas quitter la tête de leur Etat bien que leurs mandats soient arrivés à terme et que leurs Constitutions leur interdisent de se représenter".

M. Chissano soutiendra qu’en tant qu’Africain et élu à l’unanimité à la tête de l’ONU par tous les pays du monde, Kofi Annan tient de tels propos à leur endroit parce qu’il "aime l’Afrique, son continent, et est très soucieux de son devenir". Le président mozambicain profitera de cette "leçon de démocratie" pour annoncer son double départ, à la tête de l’UA et de la présidence de son pays. "C’est mon dernier sommet en tant que chef d’Etat. En décembre 2004, j’organiserai des élections présidentielles auxquelles je ne prendrai pas part. Je passerai le témoin à quelqu’un d’autre et j’irai occuper ma place dans la société civile", a-t-il fièrement informé. Ainsi, le Nigeria de Olesegun Obasanjo, remplace à l’unanimité le Mozambique à la présidence de l’UA et la République Arabe Saraouie Démocratique (RASD) fait son entrée au sein des quatorze (14) Etats assurant la vice-présidence de l’Institution panafricaine.

Jolivet Emmaüs Sidibé PAGBELEGUEM,
Envoyé spécial à Addis Abeba


Encadré

Le nouveau bureau de la conférence de l’Union africaine

Présidence : Nigeria

1er vice-présidence : Burundi

2e vice-présidence : Libye

3e vice-présidence : Ethiopie

4e vice-présidence : Botswana

5e vice-présidence : Bénin

6e vice-présidence : Guinée Equatoriale

7e vice-présidence : République Arabe Saraouie Démocratique (RASD)

8e vice-présidence : Ouganda

9e vice-présidence : Leshoto

10e vice-présidence : Mali

11e vice-présidence : Tchad

12e vice-présidence : Soudan

13e vice-présidence : Swaziland

14e vice-présidence : Sénégal

J.E.S.P

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique