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Nurukuor Claude Somda : Mahamoudou Ouédraogo salue la mémoire d’un homme de bien

Publié le mardi 12 mai 2009 à 01h14min

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Mahamoudou Ouédraogo

Dans cet entretien accordé à Sidwaya, l’ancien ministre de la Culture, aujourd’hui conseiller à la Présidence du Faso, Mahamoudou Ouédraogo, rend hommage à Nurukuor Claude Somda, également ancien ministre de la Culture disparu le mardi 5 mai 2009. Mahamoudou Ouédraogo salue la mémoire d’un homme bon et d’un homme de bien.

Sidwaya (S.) : Quel souvenir gardez-vous du ministre Nurukuor Claude Somda, disparu le mardi 5 mai 2009 ?

Mahamoudou Ouédraogo (M.O.) : La mort est toujours douloureuse dans la mesure où on se rend compte qu’on ne verra plus jamais physiquement la personne disparue. Quels que soient les sentiments
qui entourent toute disparition humaine, ils sont teintés de tristesse. Ce qui fait que la mort est supportable en partie, c’est parce que lorsqu’on est croyant, on se dit qu’elle est inéluctable. Chez les musulmans, le prophète Mohamed a dit que tout être goûtera à la mort. Ce qui raffermit la foi des chrétiens, c’est de savoir que la mort a été vaincue par Jésus-Christ. Quelque part dans nos cœurs et nos esprits, nous sommes convaincus qu’après la mort, il y a la vie éternelle et que nous retrouverons d’une manière que nous ignorons, les êtres qui nous sont chers, qui nous sont proches. Ceux que nous avons aimés et ceux qui demeurent dans nos cœurs et dans nos esprits. Lorsqu’on est très proche de la sagesse des hommes, cela nous permet aussi de comprendre et d’accepter l’inéluctable. Les philosophes disent que tout homme dès qu’il naît est assez vieux pour mourir. La comtesse Anna de Noé ajoutait : "on ne possède bien que ce qu’on peut attendre. Je suis déjà morte puisque je dois mourir". En fait, nous sommes tous des condamnés à la mort. Mais nous ne sommes pas des condamnés à mort. C’est ça la grande différence.

J’ai connu l’illustre disparu. Je l’ai beaucoup apprécié. Il était un homme bon et un homme de bien. C’est vrai qu’on dit souvent qu’on ne dit des morts que du bien. Lorsque les morts méritent qu’on dise du bien d’eux, euh bien, c’est encore beaucoup plus responsable et plus franc de le faire. Quel que soit le niveau de remplacement et de succession des hommes, le plus souvent, il y a des problèmes entre le sortant et l’entrant. C’est moi qui ait eu à remplacer le ministre Nurukuor Claude Somda comme ministre de la Communication et de la Culture en 1996. Je me souviens encore que dès que les journalistes se sont retirés et que les collaborateurs du cabinet ont pris congé, le ministre Somda m’a dit : "Monsieur le ministre, considérez-moi désormais comme un de vos agents". Il s’est toujours rendu disponible pour servir son pays.

Le ministre Somda a été aussi jusqu’à son décès le président de l’Association des anciens ministres le "TON". Il fallait qu’elle puisse exister sur le terrain concrètement. J’ai proposé ainsi l’idée d’une conférence. Alors, le ministre Somda, il suffisait que vous ayez une idée, il va donner chair dans cette idée. C’est ainsi qu’il m’a proposé moins d’un mois après une série de conférences, les grandes conférences du ministère de la Culture qui demeurent aujourd’hui. Lorsqu’il y avait de grandes cérémonies, les anciens ministres étaient là, parce qu’ils sont une partie du ministère. Il y a eu la parenté à plaisanterie, des bouquets ont été édités grâce à l’action des hommes et des femmes qui ont occupé les rênes de ce ministère les uns après les autres. Je peux dire aussi que le ministre Somda était quelqu’un de modeste. Un jour, il y avait un vieux projet qui dormait dans les tiroirs, en l’occurrence le projet d’inscription des ruines de Loropeni au patrimoine mondial de l’UNESCO. J’ai formé une équipe pour qu’on puisse en finir et déposer le dossier de candidature. L’équipe se met en route et j’ai demandé qu’on me fasse le point chaque mois. Parce que nous avons une mémoire faible historiquement.

Nous comprenons ce qui se passe aujourd’hui mais ne savons pas ce que les anciens ont fait. Or sans eux, nous sommes peu de chose. C’est là que j’ai vu une note de l’équipe disant que le premier historien à travailler sur les ruines de Loropeni s’appelle Nurukuor Claude Somda. Je l’appelle et je dis "on n’est pratiquement tout le temps ensemble et je ne savais pas que c’est lui qui a été le premier historien à travailler sur Loropeni. Il a souri". Cela montre l’humilité de l’homme. Il a travaillé sur des documents, il n’en parle pas parce que quelque part c’est comme s’il se disait que "il n’a fait que son travail". Si sa santé s’est altérée au fil des ans, cela est dû au fait qu’il était sur beaucoup de fronts pas seulement au ministère de la Culture mais aussi à son ministère d’origine qu’est l’Enseignement supérieur, au niveau de la religion, de la tradition. Il a été l’un des Hérauts de la culture dagara. Je crois que nul n’a pu magnifier à un niveau aussi élevé que le ministre Somda le port vestimentaire dagara. C’était un homme de bien et un homme bon. Lorsqu’on peut coller ces étiquettes à un homme, c’est qu’il n’a pas vécu pour rien.

S. : Concernant sa contribution à la connaissance de l’histoire du Burkina...

M.O. : Je trouve que sa modestie l’a empêché de donner tout l’essor intellectuel à ses œuvres.
Il écrivait mais publiait peu. Par exemple lorsque je me préparais à soutenir ma thèse de doctorat unique, lui se préparait à près de soixante ans à soutenir sa thèse de doctorat d’Etat. Il était passé me rendre visite et souhaitait que je convoie les œuvres de sa thèse à Paris. Ce que j’ai fait avec beaucoup de plaisir. Mais, je lui ai dit qu’il faut qu’il puisse publier ses écrits. Il m’avait répondu qu’on verra ça parce que c’est une idée qu’il a. Mais chaque chose a son temps, malheureusement il ne lui a pas permis de concrétiser cette idée. Il y a là une somme énorme et ce serait bien qu’un jour ou l’autre, on puisse publier à titre posthume certaines de ses œuvres qui sont de grande facture intellectuelle. Par rapport à la disparition d’un homme de sa carrure, nous demandons que la terre du Burkina Faso lui soit légère, que les hommes et les femmes du Faso sachent qu’un homme de bien et un homme bon ne disparaît jamais du cœur des Hommes. En fait, leur tombe est la terre tout entière.

Propos recueillis par S.N. COULIBALY

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 12 mai 2009 à 16:06 En réponse à : Nurukuor Claude Somda : Mahamoudou Ouédraogo salue la mémoire d’un homme de bien

    c’est avec plaisir et honneur que je vois Mahamoudou parler de son collegue. Tous deux sont des hommes de culture rares comme le burkina en a connus. On se complait a voir qu’il existe encore de sintellectuels dans ce cher pays qui malheureusement ne connait plus que la politique du ventre et non de l’esprit
    somé

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