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REFORMES POLITIQUES : "L’ombre de Hermann Yaméogo a plané sur le vote des lois"

Publié le mardi 12 mai 2009 à 09h50min

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Hermann Yaméogo

"L’ombre de Hermann Yaméogo a plané sur les lois relatives au nomadisme politique et au vote des Burkinabè de l’étranger". C’est la conviction du Secrétaire adjoint aux questions politiques de l’UNDD, qui a signé la déclaration ci-dessous.

Félix Houphouët Boigny, à la suite de John Fitzgerald Kennedy, aimait dire que si la défaite était orpheline, la victoire quant à elle avait beaucoup de parrains. Ramenée au vote des lois sur le nomadisme politique et le vote des Burkinabè de l’étranger, on pourrait y voir une illustration parfaite chez nous. En effet, tant que la dénonciation de la transhumance politique était fustigée par Me Hermann Yaméogo, on en faisait une simple affaire de l’homme du « Tékré ».

Quand le texte de loi (bien qu’ayant été accepté au cours des échanges sur les réformes politiques et institutionnelles en 2000 et après un conseil des ministres tenu à Ouaga 2000) est parvenu et a été rejeté à l’Assemblée nationale, on tournera vite fait la page en disant : « C’en est fini de la loi Hermann Yaméogo". Aujourd’hui, cette loi a été adoptée mais nulle part, l’évocation de ces antécédents n’a été faite et on en retiendra, sauf rétablissement de vérité dans l’Histoire, qu’elle est le fruit de la volonté de rationalisation du jeu politique, du souci de consolidation des droits de l’Opposition du seul parti au pouvoir. Idem pour l’adoption de la loi relative au vote des Burkinabè de l’étranger. Celui qui en a toujours fait un cheval de bataille, c’est encore le président de l’UNDD.

Dans "Kibaré" n°0018 du 23 juillet 1991, il dira au journaliste qui tenait à savoir pourquoi il s’acharnait tant sur le sujet : « Effectivement, c’est un problème de taille, c’est un problème important parce que nous constatons que le Burkinabè, même s’il est à l’étranger, se préoccupe toujours de son pays. Quand le pays est en difficultés, il participe et nous pensons que si on sollicite son concours en période de difficulté, on doit lui reconnaître le droit au suffrage ». Des déclarations, des interviews, des forums, Me Yaméogo en a fait sur le sujet, allant même jusqu’à conseiller à nos compatriotes en Côte d’Ivoire de s’organiser en groupes de pression, en association pour revendiquer l’application de ce droit qui leur revient en vertu de la loi fondamentale. Il a même effectué une tournée au niveau de certaines ambassades qui s’étaient proposé, au vu de son argumentation, comme l’ambassade des USA, de réfléchir à un mode de financement de ce projet. Aujourd’hui, la chose est devenue réalité : pourtant, on n’entend nulle part remonter aux sources pour rappeler, ne serait-ce que pour les besoins de l’Histoire, que cette loi s’attache aussi au combat d’un homme.

Il faut cependant, au-delà de toute considération, relever que le plus important, c’est qu’avec la loi pour contenir le nomadisme, on évitera ainsi le débauchage des élus qui a tant fragilisé les partis d’opposition et compromis leur processus d’institutionnalisation. Mais il faudrait aussi élargir la mesure à tous les élus, obtenir entre autres une gestion plus équitable des médias publics, la fin de la diabolisation de l’Opposition... Pour ce qui concerne le vote des Burkinabè de l’étranger, tout en appréciant favorablement cette autre mesure, il est bon de rappeler le souhait du président de l’UNDD exprimé le 17 mars 2009 que "tous les camps aident à l’immatriculation de ceux de nos compatriotes à l’extérieur qui ne le seraient pas" ; que "la votation qui se fait dans les Consulats, ne soit pas managée par le seul pouvoir qui maintient dans son corset (par le truchement des services diplomatiques et consulaires en particulier) les Burkinabè de l’extérieur".

Mais il y a aussi qu’il faut penser à réserver un quota de députés de l’extérieur comme certains pays, à l’instar de la France, le font, s’agissant de leurs élus. Notre président expliquait déjà la position du parti en ces termes, le 03 décembre 2007 au journaliste Firmin Yoha du quotidien L’INTER : "... ce que nous demandons, ce n’est pas seulement la mise en œuvre du droit constitutionnel des Burkinabè de participer aux scrutins de leur pays d’origine où qu’ils se trouvent, c’est leur représentation dans les organes d’Etat et notamment à l’Assemblée nationale". Si l’ombre d’Hermann Yaméogo a plané au cours de l’adoption de ces lois, elle a aussi plané sur le refus d’adopter, le 07 mai passé, certaines lois allant dans le sens de la transparence et de la justice électorales dont il a été parmi d’autres, un défenseur acharné.

Le pouvoir a en effet refusé d’interdire l’utilisation des gadgets pendant les campagnes électorales et s’il a accepté la carte d’électeur avec photo d’identité et avec empreinte digitale numérisée, c’est il faut bien le relever, sous condition suspensive de deux ans ! Autant dire qu’on continuera jusque-là à voter n’importe comment, comme ça a toujours été le cas. Enfin, le maintien tel quel de la composition de la CENI après toutes les critiques contre cet instrument électoral dont plus personne ne conteste sérieusement le dévoilement, est une grande désolation démocratique. En conclusion, avec les deux premières lois, on avait peut-être donné d’une main attendant, avec la séance du 07 mai, de reprendre de l’autre !

Ouagadougou, le 08 mai 2009

Abdul Fataph SAVADOGO

Secrétaire adjoint aux questions juridiques de l’UNDD www.undd.org

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 12 mai 2009 à 13:00, par elphata En réponse à : REFORMES POLITIQUES : "L’ombre de Hermann Yaméogo a plané sur le vote des lois"

    je souscris entièrement à l’analyse faite toute haute selon laquelle ces lois sont les bienvenues mais qu’il faut des mesures d’accompagnement pour ne pas aboutir à leur subvertissement. Le cas de la cote d’ivoire est patent. Car si l’on s’en tient à cette loi telle, le CDP peut être sur de gagner là bas car nous avons vu la machination du pouvoir à vouloir faire croire aux burkinabés en cote d’ivoire que la résolution de la crise et l’accord de ouaga était le seul fait du cdp. On a vu les mobilisations de emile kima face à une population burkinabé en cote d’ivoire désemparé qui ne pouvait que s’en remettre au premier venu. Mais c’est tronquer la chose que de vouloir embrigader les population burkinabés de l’étranger. Je souscris entièrement à l’insatauration d’une telle loi mais comme l’a dit le journaliste il faut des mesures d’accompagnement.

  • Le 13 mai 2009 à 01:12, par koudka En réponse à : REFORMES POLITIQUES : "L’ombre de Hermann Yaméogo a plané sur le vote des lois"

    Hermann et compagnie on vous a vu ici là !
    pas de diversion svp. l’heure n’est pas de dire qui avait émis telle ou telle idée, il est aujourd’hui question de faire de cette réforme un début de déclin pour le cdp et tout son derrière ( adf+mouvance).

  • Le 14 mai 2009 à 14:35, par LE CITOYENS En réponse à : REFORMES POLITIQUES : "L’ombre de Hermann Yaméogo a plané sur le vote des lois"

    AVANT TOUT PROPOS JE TIENS D’ABORD A FELICITER MAITRE HERMANE YAMEOGO.POUR UNE IDEE SOUMISE DEPUIS JUIELLET 1991 ET QUI GAGNA GAIN DE CAUSE RIEN QU’EN 2009 CELA DEMONTRE L’AVANTAGE QU’APPORTERA CETTE IDEE A LA VIE POLITIQUE BURKINABE.POUR DIRE QU’IL EST TRES IMPORTANT D’INSERER LES BURKINABE QUI SONT A L’ETRANGER DANS LE DEVENIR POLITIQUE DE LEUR PAYS A TRAVERS LEUR PARTICIPATION AU SCRUTIN NATIONAL.MAIS LE PLUS GROS TRAVAILLE RESTE A FAIRE A SAVOIR, TOUS LES ACTEURS POLITIQUES DOIVENT ETRE VIGILANT A CE QUE CETTE LOI NE SOIT PAS LA PROPRIETE AVANTAGISTE D’UN SEUL PARTI POLITIQUE.

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