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Non-lieu total pour Idrissa Seck : Duel en perspective entre deux fils de Wade

Publié le mercredi 6 mai 2009 à 02h34min

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Le 7 février 2006, après 6 mois et 17 jours à goûter aux délices de la prison de Rebeuss, Idrissa Seck, ancien Premier ministre limogé le 21 avril 2004, retrouve la liberté par suite de l’émission d’une « ordonnance portant main levée du mandat de dépôt » délivrée par la Haute Cour de justice, l’instance judiciaire qui l’avait condamné dans l’affaire « des chantiers de Thiès ». Il avait été à l’époque embastillé parce que soupçonné d’avoir dissipé des milliards à l’occasion des travaux de rénovation de la ville dont il est le maire.

A l’époque, « Idy », comme l’appellent ses partisans, avait affirmé que « jusqu’à la fin de l’extension de l’univers, personne ne pourra prouver que j’ai pris un kopeck dans les chantiers de Thiès ». Il avait ajouté devant la prison, face à des milliers de ses ouailles, ses mots que Napoléon avait lancés à son aide de camp : « Les hommes peuvent être injustes avec moi, il me suffit d’être innocent. Ma conscience est le tribunal où j’évoque ma conduite. Cette conscience est calme quand on l’interroge ».

L’écroulement comme château de cartes des chefs d’accusation contre le dauphin d’Abdoulaye Wade à l’époque avait mis à nue le fait que la politique n’était pas loin dans cette affaire que d’aucuns ont nommée « Idy-Wade ». Entre Seck et Wade, c’était pratiquement l’arbre et son écorce : en effet, l’ancien pensionnaire du collège de Saint- Gabriel de Thiès et du lycée Van-Vollenhoven de Dakar n’avait à peine que 15 ans lorsqu’il rejoignit les rangs du PDS en 1974 sous l’ombre de son cousin Alioune Badara Niang, cofondateur du parti libéral.

Débutera alors un long compagnonnage qui durera plus de 30 ans au cours duquel il sera, entre autres, directeur de cabinet de son mentor, le président Abdoulaye Wade, maître d’œuvre de l’alternance historique de 2000, puis, surtout, son Premier ministre. Puis de méfiances en attaques frontales ou feutrées, les relations entre « Ngorgui » et « Ngorsi » devinrent orageuses à l’époque.

Nous sommes en janvier 2003 : Seck accuse le chef de l’Etat de vouloir faire le vide autour de lui en limogeant les ministres qui lui étaient favorables, tandis que le chef de gouvernement d’alors est soupçonné de se prendre déjà pour le 4e président de la République du Sénégal. Seck avait-il vraiment pris au sérieux cette confidence-piège que son « père » lui avait faite derrière une porte entrebâillée, à savoir que « je vais t’aider à me remplacer » ?

Toujours est-il que les choses se précipitèrent avec l’entrée en scène du fils biologique Karim, appellé de Londres pour conseiller son père en matière de finance et qui, très vite, se positionnera subrepticement comme le dauphin idéal. C’est sans doute par l’arrivée de l’ancien employé de la UBS Warburg banque à Dakar qu’il faut expliquer donc les dessous de ce divorce entre Wade et son ex-Premier ministre.

L’histoire semble se jouer des hommes. Puisque la commission d’instruction de la Haute Cour de justice, en rendant un non-lieu total sur le cas Idrissa Seck, aurait voulu dire qu’il peut désormais compétir à la présidentielle de 2012 qu’elle ne s’y serait pas prise autrement. En contextualisant, ce blanchiment effectif « d’Idy » par la justice permet à cet éternel ambitieux de remettre au goût du jour ce dont il n’a jamais fait mystère : la conquête de la présidence de la République.

Qu’on ne s’y trompe pas, il a beau clamer qu’il n’a qu’un maître, Abdoulaye Wade, il a beau faire semblant d’avoir coupé le cordon politique avec le PDS en créant Rewmi, Idrissa Seck a deux choses auxquelles il attache du prix et pour lesquelles il est prêt à tout : son poids ; d’ailleurs son livre de cheveux est Je mange donc je maigris de Michel de Montaigne, et... le fauteuil de l’ex-avenue Roume, le siège de la présidence. Il faut donc dire que les prochains mois seront riches en combats épiques de positionnement, car, avec la fonction qu’occupe désormais Karim Wade, il faut être dupe pour croire qu’il veut se limiter à un strapontin soit-il gigantesque. C’est certain, on entendra parler bientôt des deux fils politiques du chef de l’Etat sénégalais. Qui aura le dernier mot ? L’adoptif ou le biologique ? Laissons « Mara », autre sobriquet de Seck, conclure : « Ne m’arrivera que ce qu’Allah aura prescrit... » Encore qu’Allah ne soit pas obligé..

Par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 6 mai 2009 à 17:34, par Décourcel En réponse à : Non-lieu total pour Idrissa Seck : Duel en perspective entre deux fils de Wade

    Le blanchiment de Idy dans cette histoire m’amène a me poser des questions.
    N’est ce pas la même cour qui l’avait accusé ?
    Pourquoi cette même cour l’a blanchi ?
    N’y a t il pas là une manoeuvre de wade ?
    Le temps nous le dira.
    C’est la democratie qui gagne dans tous les cieux, ou le droit est bien dit.
    Cette réalité ne doit pas amener Idy à decevoir son peuple qui place en lui un espoir, car Wade a décu plus d’un.
    Il faut que tous les democrates Sénégalais se mobilisent comme un seul homme rappelons nous de 2000 pour faire barrage à tout processus d’alternance par le fils du père.
    Qu’ils taisent leurs divisions pour donner au senagal ces nobles lettre d’antan.
    C’est seul a ce prix que Wade comprendra que aimer son peuple ce n’est pas lui offrir l’altrenance sans altrenance.
    Que Dieu Benisse tout ceux la qui luttent pour une vraie democratie au sénagal, aussi benisse Idy et enfin le sénagal

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