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Brigade Burkinabé de Sécurité (BBS) : Le ras-le-bol des vigiles de Bobo

Publié le lundi 12 juillet 2004 à 08h02min

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Les vigiles de la Brigade burkinabè de sécurité (BBS) Bobo-Dioulasso vivent en ce moment une situation peu enviable. Une mafia s’ést organisée au sein de cette société pour les spolier. Une véritable arnaque dont seraient mis en cause certains de leurs responsables.

Les pratiques qui ont longtemps cours dans cette société consistent en des retenues arbitraires sur la pécule des vigiles, l’obligation de verser des pots de vin face aux menaces de licenciements brandies. Et que dire du chef de personnel et d’un contrôleur du nom de Antoine Paré qui opèrent des saignées sur des pécules 22 500 pour les nouveaux vigiles et 26 000 pour les plus anciens (7 ans de service).

Une pitance donc versée en guise de salaire et rares sont ceux qui peuvent se targuer de toucher la totalité de leurs dus. En effet les prétextes ne manquent pas pour faire ces ponctions. Une chaussure mal chaussée par exemple est une bonne raison pour retenir 3 000 F sur la solde correspondante à trois jours de mise à pied. Pour un vigile qui se fait surprendre en somnolence cela représente huit jours de mise à pied soit 8 500 F en moins sur sa paie. Ce qui représente un véritable abus.

A cela il faut ajouter le climat de terreur imposé par un groupe de "maîtres chanteurs" pour avoir plus d’emprise sur " leurs proies". De sources proches des délégués de vigiles, une liste de vingt personnes victimes de ces faits a été dressée et attend d’être acheminée au directeur général de BBS à Ouagadougou qui semble ignorer tout de ces pratiques. Malgré les tentatives du chef de bureau de briser la détermination des vigiles, rien n’y fait. Les vigiles poseraient comme préalables à toute vraie discussion le départ des deux personnes incriminées à savoir le chef de personnel Issiaka Warma et le contrôleur Antoine Paré.

Pour obtenir gain de cause ils brandissent des menaces de grèves, sit-in et n’excluent pas d’envoyer une délégation à Ouagadougou chez le directeur général. Le chef de bureau BBS Bobo Richard Nougtara approché a tenté dans un premier temps de réfuter les faits avant de le reconnaître mais tout en les minimisant. Il affirme avoir rencontré les parties et une sortie de crise serait imminente.

Mais selon les vigiles cela ne serait possible que par le départ des deux proches du chef. Ils affirment que certains de leurs camarades accusés de vol ont été congédiés avec poursuite judiciaire, il n’y a pas de raison que la société entretienne des délinquants à col blanc. Ce jeudi 8 juillet jour de paie, nous étions au siège local de BBS sis dans la cité CAN au secteur 22 afin de nous imprégner du climat qui y règne. Devant l’enceinte et à l’intérieur, une trentaine de vigiles attendaient leur pécule du mois.

Les yeux hagards, les mines grises et les regards effacés traduisent la misère de ces travailleurs en grande majorité des jeunes contraints de bosser 12 heures six jours sur sept pour un salaire dérisoire. L’ambiance en cette mi-journée était un peu tendue, fortement entretenue avec cette psychose de repartir sans un kopeck ou de voir son salaire amputé. "Ici c’est vraiment fréquent de voir son salaire subir des ponctions sans motif valable", a laissé entendre un vigile la quarantaine passée. Des témoignages recueillis auprès d’autres vigiles confirment cet état de fait.

Avec un salaire de misère nettement en dessous du salaire minimum garantie (SMIG) qui est de 28 811 F, c’est un véritable chemin de croix pour ces travailleurs de pouvoir joindre les deux bouts. Et comme si cela ne suffisait pas, ils doivent s’acheter les tenues de travail et se chausser comme cela se doit. "Avant ce n’était pas comme ça parce qu’on nous dotait gratuitement de tenues. Maintenant cela coûte 5000 F et on le prélève en deux mensualités sur notre pécule", a témoigné un délégué. La peur de perdre son emploi conduit des vigiles à la résignation.

Dans l’univers des sociétés de gardiennage, la législation du travail est foulée au pied par les patrons. Dans la plupart de ces sociétés, les vigiles vivent le martyr de leurs responsables. Sinon comment comprendre tous ces traitements humiliants infligés à ces gens qui exposent leur vie pour protéger celle des plus nantis et de leurs biens. Des comportements qui donnent raison à ceux qui ont toujours pensé que les sociétés de gardiennage constituent une poule aux œufs d’or pour certaines personnes.

Il suffit de jeter un coup d’oeil sur le train de vie de certains patrons de société de gardiennage pour s’en convaincre. Il est vrai que le chômage des jeunes reste un prétexte pour toutes sortes de dérives. Mais il serait bon que le ministère en charge de l’Emploi ait un regard sur certaines sociétés et veille à humaniser certains emplois tel le gardiennage.

Frédéric OUEDRAOGO
Sidwaya

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