LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Gourma : Des déplacés du drame de Baléré Bonkoa installés à Diabo et à Koaré

Publié le lundi 12 juillet 2004 à 08h02min

PARTAGER :                          

Le drame de Baléré Bonkoa n’a pas fait que des morts, mais aussi des déplacés. Plus de 72 personnes composées surtout de femmes et d’enfants d’ethnie Peulh ont trouvé refuge à Boulyoghin et à Koaré respectivement dans les départements de Diabo et de Fada. Ces déplacés à Koaré ont été accueillis à l’école dudit village le jeudi 8 juillet 2004.

A Baléré Bonkoa les séquelles de la crise restent indélébiles (toitures ôtées, champs abandonnés). C’est bien la preuve que la situation était sérieuse et plus de 10 jours après la tragédie qui a fait 9 morts, les habitants du hameau de culture n’ont pas encore réintégré leur domicile. La peur de représailles est le facteur dominant. Pourtant, il faut revenir et c’est sur cet aspect que le préfet de Fada insiste pour éviter une autre crise, cette fois-ci alimentaire car en quittant le hameau ses occupants ont abandonné des champs entiers ensemencés de mil, de maïs et de coton. Si beaucoup de ces déplacés se sont évanouis dans la nature comme c’est le cas de certains hommes, il n’en demeure pas moins que beaucoup d’entre eux se sont trouvés dans les villages de Boulyoghin à Diabo et Koaré à Fada.

Plus de 72 personnes ont été ainsi recensées selon le service de l’Action sociale du Gourma présent sur les différents sites. A Koaré nous avons vu ce camp des déplacés et c’est l’école dudit village qui sert de cadre d’accueil.
Ils sont en tout 47 à Koaré dont 22 enfants, 18 femmes et 7 hommes à partager les logements des enseignants en ces périodes de vacances. Ces déplacés gèrent un environnement difficile à supporter, selon eux, d’abord par la disparition d’un époux, d’un parent ou d’un proche dans la crise de Baléré, ensuite il y a le régime alimentaire qui ne leur est pas adapté. Depuis le début de la crise, il faut dire que c’est le haut-commissaire du Gourma qui fait face aux besoins alimentaires des déplacés, en vivres, en nourritures, condiments. Des nattes ont été aussi expédiées pour leurs couchettes toujours par le haut-commissariat.

Même si pour l’heure on ne signale pas d’épidémie, il faudra néanmoins la présence d’un agent de la santé pour les cas de vomissement et de diarrhée qui ont été signalés, ceci malgré un environnement propre à vue d’œil par la présence de sanitaire (W-C et toilettes et d’un forage dans l’enceinte de l’école). Le village de Koaré est à une quinzaine de kilomètres de Fada, et le village est très accessible, parce que disposant d’une route carrossable et praticable à tout moment, ce qui du reste est intéressant pour les déplacés pour des contacts ou des besoins éventuels.

Issaka OUEDRAOGO
AIB Fada


Des témoignages pathétiques

Sondé Oumou : Plus de la trentaine, mariée mère de 5 enfants, l’accoutrement dans lequel, nous l’avons trouvée est tout ce qui lui reste après les événements de Baléré. "Voilà 3 jours que nous sommes là et nous sommes toujours inquiétées" s’exprime-t-elle les larmes presqu’ aux yeux. Elle a perdu son mari et le papa de celui-ci et elle les a vus mourir devant elle. Elle dit avoir tout perdu en plus de son mari et de son beau-père (moutons, chèvres, bijoux, argent...). Elle n’a pas l’intention de retourner à Baléré car le lieu est désormais sinistré. Oumou nous a montré une blessure aux côtes, battue et hachée par ses assaillants. Pendant que nous échangions, son papa venu du village dit venir la chercher.

Sita Diallo : 35 ans, marié a perdu 2 frères et un oncle au cours de la bagarre, des biens matériels également. Mon champ est abandonné en pâture aux animaux car je ne peux plus retourner à Baléré où il n’existe plus une vie. Sa femme et ses 4 enfants ont rejoint leur village après le séjour de Koaré. Il ne comprend rien à ce qui s’est passé dans ce hameau dorénavant maudit. Un matin nous nous sommes levés et en face de nous il y avait des hommes armés de fusils et de machettes qui nous attaquaient de partout. Nous avons dû notre salut à nos jambes. Ceux qui sont morts sont ceux qui ne pouvaient ni courir, ni fuir.

Issaka OUEDRAOGO
AIB Fada

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Route Didyr-Toma : 12 mois de retard, 7 km de bitume sur 43 km