LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

TOGO : L’allégeance troublante de l’Armée

Publié le jeudi 23 avril 2009 à 03h16min

PARTAGER :                          

Kpatcha Gnassingbé

Le général Zakary Nandia, un vieux de la vieille qui incarnait le système de Eyadéma père, aujourd’hui, chef d’état-major de l’armée togolaise, a fait allégeance aux institutions républicaines. Au nom des forces armées, il a dénoncé la tentative de coup d’Etat et réaffirmé leur loyauté et leur fidélité au président de la république. L’armée a voulu rassurer. La question est de savoir qui ? Pour sûr, c’est une déclaration qui fait du bien au président. Mais plus qu’au président, l’armée elle-même s’est fait peur avec cette affaire.

Elle dont on sait qu’elle est clanisée depuis le temps de feu Eyadéma et qui a besoin d’une nouvelle virginité républicaine. Le fait que des officiers soient impliqués dans la tentative de coup d’Etat et que le cerveau de la présumée tentative de putsch soit un ancien ministre de la Défense et de surcroît demi-frère du président, peut laisser croire que le mal est bien réel et profond. Et comme dans un tremblement de terre, le risque d’une réplique était à craindre. C’est donc une armée qui veut donner l’image d’un corps uni et solidaire autour de Faure, qui en a lui-même vraiment besoin. Son autorité était contestée jusqu’au sein de sa propre famille. Cette affaire de tentative de putsch renferme des ingrédients d’un conflit d’autorité doublé d’une guerre fratricide entre le président Faure et son demi- frère Kpatcha Gnassingbé.

Malheureusement, le linge sale de la famille s’est lavé en public. Kpatcha, le baroudeur, est en train d’être mis sous l’éteignoir et il n’est pas exclu qu’une purge s’en suive pour neutraliser tous les éléments à sa solde. C’est une entreprise délicate mais la déclaration de soutien de la hiérarchie militaire permet au président de dormir tranquille, même si ce n’est que d’un œil. En réalité, ce dénouement montre bien le rôle encore prépondérant de l’armée dans la vie politique du Togo. Depuis le début de la crise, l’affaire a été gérée entre militaires proches de l’un ou de l’autre frère. Le Rassemblement du peuple togolais, parti au pouvoir et tous les autres acteurs de la scène politique n’auront leur mot à dire que bien plus tard, une fois la bourrasque passée. Comme son père, Faure ne peut avoir les mains libres que s’il a l’armée derrière lui. Mais, attention !

Les temps ont changé. L’impunité dont a joui la grande muette sous Eyadéma n’est plus tolérable. Les Togolais suivent de près ce dossier Kpatcha en espérant que les règles et procédures judiciaires dignes d’un Etat de droit seront respectées. Le traitement et la nature de la sanction à infliger à ce prisonnier bien encombrant en diront long sur les velléités du jeune président dans la gestion de son pouvoir. Sera-t-il l’héritier d’un pouvoir patrimonial ou celui qui va remettre le Togo sur les rails de la démocratie ? Un processus démocratique est en cours et des élections sont envisagées à terme avec la mise en place d’une commission électorale indépendante pour organiser et superviser les élections. C’est cela l’agenda du peuple . L’affaire Kpatcha , dans cette perspective, ne devrait être qu’une parenthèse. Mais une parenthèse délicate qu’il faut savoir fermer.

Par Abdoulaye TAO

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique