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Gestion des villes : Quelques propositions d’un citoyen

Publié le mercredi 22 avril 2009 à 02h49min

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La décentralisation rencontre des obstacles à la fois subjectifs et objectifs. Face à cette situation, l’administrateur des affaires sociales, Francis Ouédraogo a mené une réflexion sur la participation citoyenne dans les villes dont voici le contenu.

La décentralisation en cours dans notre pays vise l’autonomie des localités et à faire des populations, de véritables citoyens, artisans de leur développement. Cela se passe de commentaire ! Mais subsistent des obstacles subjectifs et objectifs. Quelques propositions.

1) Les obstacles

- La pauvreté : le pays n’a pas suffisamment les moyens, les gens ont tendance à l’égocentrisme devant les carences existentielles.
- Les pesanteurs socioculturelles : les gens ont tendance à tout rejeter sur l’Etat (la culture de l’Etat-providence), insuffisance de l’identité citoyenne, etc.

- Les problèmes d’organisation au sein des communautés : les populations s’organisent insuffisamment pour prendre en charge par elles-mêmes leurs problèmes sans doute à cause de “l’ignorance”.
- Les problèmes de communication : en dépit des efforts, subsiste un déficit de communication entre autorités et populations ; elles ne font pas toujours l’effort pour rechercher l’information là où elle se trouve.

- La politisation : très souvent, les considérations politiques prennent le pas sur l’intérêt collectif.
- La crise de confiance : bien souvent, les populations ne font pas confiance aux autorités, élus, responsables d’associations.
- La particularité de la ville : en milieu urbain, voire semi-urbain, l’ancienne communauté rurale est inexistante, tuée par l’hétérogénéité tant du point de la langue, de la culture et de la religion, le sentiment d’appartenance à une même ville s’est estompée, les intérêts sont très souvent opposés ; les processus de production sont souvent différents.
- L’analphabétisme des populations, qui n’est pas un handicap, mais rend très lente la compréhension.

2) Propositions ou suggestions

- Aider à l’organisation des populations pour leur participation. Les efforts d’information sont certes entrepris mais... :
- ancrer davantage la démocratie et la transparence dans la gestion : les instances élues doivent être légitimées, acceptées par tous les acteurs, autrement dit, les populations doivent se sentir représentées par les élus locaux, porteurs de leurs intérêts ;
- mettre en place un système efficace d’information : créer des mécanismes appropriés pour informer et sensibiliser sur les mesures prises, informer sur les activités : délibérations, rapports
d’activités... ;

- établir le dialogue avec les mandants : une fois élus, les conseillers doivent créer “des plates-formes de négociation”, c’est-à-dire des instances ou agences de négociation susceptibles de favoriser la concertation avec les populations.

En d’autres termes, il faudrait imaginer, inventer des structures permanentes de concertation et de négociation. En clair, se pose la question suivante : comment ferons-nous (habitants, ressortissants et autorités communales) un programme qui tienne compte des priorités ?

- Elaborer un diagnostic dynamique : les opérations de développement s’attaquent à des situations socioéconomiques complexes. Ceci implique de réaliser des diagnostics afin d’approfondir la compréhension de ces situations. Le principe est de considérer le diagnostic comme un instrument visant à concevoir et à conduire un processus de changement. Il est important dans cette étude, d’identifier les conflits institutionnels et sociaux. Le diagnostic dont il est question n’est pas un diagnostic “externe” même si la production de connaissances peut avoir recours à des compétences particulières. Il ne s’agit pas seulement d’identifier les problèmes, mais aussi la mobilisation des capacités d’action.

- Développer les capacités d’initiative des habitants et valoriser leurs pratiques : repérer les initiatives existantes et les valoriser, favoriser l’expression des citoyens, c’est-à-dire aider à créer des espaces de parole, favoriser la coopération entre les organisations communautaires avec les organismes/institutions/
partenaires. En somme, il faudrait créer les conditions permettant aux populations d’acquérir une compréhension de l’environnement social complexe.
- Créer une conférence consultative.
- Demander au législateur que les conseillers municipaux prêtent serment de servir loyalement et sans discrimination basée sur l’appartenance politique : l’expérience montre que les conseils municipaux font des “batailles” politiques inutiles qui desservent ; l’élu municipal doit servir la ville et non un parti.
- Associer les travailleurs sociaux dans les tâches de sensibilisation et de mobilisation des populations : les travailleurs sociaux en plus de leurs fonctions d’assistance, d’interpellation, de promotion... sont des professionnels outillés pour les tâches d’animation et de mobilisation. Auparavant, une concertation s’avère nécessaire entre le MATD et le MASSN en vue d’étudier les possibilités d’articulation entre les services déconcentrés des deux ministères.
Ces propositions ne s’excluent pas les unes les autres, ce qu’il faut éviter, ce sont les structures lourdes et les chevauchements.

Francis OUEDRAOGO, Administrateur des affaires sociales, DSTS-I option politiques sociales : Cabinet, MASSN - Tél (Bureau) : 50 30 68 75 Poste 213, Cellulaire : 70 26 23 20

Sidwaya

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