LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

COUP D’ETAT EN MAURITANIE : Sarkozy adoube la junte

Publié le vendredi 3 avril 2009 à 02h00min

PARTAGER :                          

A la faveur de son récent voyage en Afrique, le président français Nicolas Sarkozy déclarait à Niamey, qu’"en Mauritanie, on a un coup d’Etat sans protestations, sans manifestation si ce n’est celles de la France... Force est de constater qu’il n’y a pas eu un député, un parlementaire qui a protesté. Il n’y a pas eu de manifestations." Venant du président d’un pays réputé pour être la patrie de la démocratie et des droits de l’homme, ces déclarations ont été diversément appréciées. Si du côté de la junte au pouvoir, cette sortie de Sarkozy est perçue comme un soutien à son égard, du côté des anti-putschistes par contre, les critiques ont été très acerbes.

Cette prise de position du président français n’est pas très différente des propos tenus par le Guide libyen Mouammar Kadhafi, qui avait pris fait et cause pour la junte militaire. Dans tous les cas, ce discours de Sarkozy rame à contre-courant des décisions de l’Union européenne et de la Communauté internationale qui avaient décrété des sanctions contre les militaires au pouvoir en Mauritanie. Car le coup d’Etat du 6 août 2008, orchestré par le général Mohamed Ould Abdel Aziz, interrompait une expérience démocratique jugée exemplaire en dépit de quelques couacs. Cette expérience avait suscité beaucoup d’espoir parmi les Mauritaniens.

C’est pourquoi de nombreuses voix s’étaient élevées pour dénoncer, sans ambages, la prise illégale et anti-démocratique du pouvoir et appeler au retour à l’ordre constitutionnel normal. Elles venaient en appui aux efforts entrepris par des Mauritaniens, parlementaires ou membres de la société civile, qui dénonçaient la destitution, l’arrestation et l’incarcération du président Sidi Ould Cheikh Abdallah. On ne peut pas aussi nier le fait que dans la situation mauritanienne, les putschistes ont aussi bénéficié du soutien d’une large partie du peuple. Néanmoins, le président français ne devrait pas franchir le Rubicon et faire des déclarations aussi hasardeuses. Tout compte fait, Nicolas Sarkozy reste fidèle à ses habitudes, celles de faire des déclarations fracassantes et sensationnelles, notamment au cours de ses voyages sur le continent africain.

Il ne faudrait pas par ailleurs voir en cette sortie du locataire de l’Elysée un phénomène extraordinaire. En réalité, cette prise de position n’a pour seul objectif que de défendre et de sauvegarder les intérêts de la France. La France soutiendra le régime qui fera ses affaires, qu’il soit élu démocratiquement ou non. Ce soutien à peine voilé de Sarkozy à l’endroit du général Mohamed Ould Abdel Aziz place celui-ci idéalement dans les starting-blocks pour se faire élire président de la Mauritanie, à la faveur des prochaines élections. Le langage de Sarkozy n’est pas celui d"un dirigeant qui soutient la démocratie vaille que vaille. Cela est en passe de devenir une tradition française.

Il appartient alors aux peuples africains de savoir tirer les leçons de toutes ces expériences pour permettre à leurs pays de progresser. Les Africains doivent plus que jamais comprendre que ceux qui promeuvent leur démocratie, ceux qui leur viennent réellement en aide, loin d’être les hommes politiques français qu’ils admirent, sont les associations, les organisations non gouvernementales et l’ensemble des acteurs de la socité civile pro-démocratiques du Nord.

Boureima OUEDRAOGO SONRE

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique