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Révision de la politique nationale de la population : « Eviter que la croissance démographique devienne une poudrière »

Publié le mercredi 1er avril 2009 à 04h16min

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Actualiser la politique nationale de la population (PNP) pour prendre en compte des données collectées lors du recensement général de la population et de l’habitation de 2006 est l’objet de l’atelier sur le cadrage du processus de révision de la PNP qui a débuté le 31 mars 2009 à Kombissiri. Cette rencontre, de deux jours, permettra d’aboutir, par une démarche consensuelle, aux nouvelles orientations de la PNP pour plus de cohérence entre croissances démographique et économique au service du développement.

Un Burkinabè sur deux a moins de 15 ans ; le taux de fécondité est de 6,2 enfants par femme ; 92 décès pour 1 000 naissances ; une population urbaine galopante. Ce sont là les caractéristiques essentielles de la démographie du Burkina. Avec un taux de croissance moyen de 3,1% enregistré entre 1996 et 2006, la population de notre pays va doubler d’ici à 2030. Et cela ne sera pas sans conséquences. En effet, il y aura une forte pression sur les services et les ressources disponibles. A titre indicatif :
- le nombre de naissances passera de 615 971 en 2006 à 1 281 646 en 2030 ;
- le nombre de jeunes de 15 à 29 ans en quête d’un premier emploi passera de 92 000 en 2006 à 191 476 en 2030 ;
- le nombre d’enfants à scolariser (tranche d’âge de 5 à 7 ans) passera de 1 475 318 en 2006 à 3 070 000 en 2030. Ces chiffres donnent une idée des efforts gargantuesques que le Burkina doit consentir pour satisfaire les besoins en matière de santé, d’éducation, d’emploi, d’alimentation, de logement, d’habillement, etc. de tout ce beau monde.

En procédant à l’ouverture de l’atelier sur le cadrage du processus de révision de la PNP, Raymond Edouard Ouédraogo, le gouverneur de la région du Centre-Sud, s’est félicité de cette rencontre, car « l’actualisation de la PNP s’avère indispensable pour lui insuffler une nouvelle orientation tout en prenant en compte les données du recensement général de la population et de l’habitation de 2006 ».

Cette révision est d’autant plus nécessaire que la PNP est un instrument de soutien des stratégies de développement et constitue ainsi un passage obligé pour la recherche d’un équilibre entre la croissance démographique et le rythme de création des ressources au plan national. Et comme l’a dit le gouverneur, « si l’homme est au début et à la fin de tout développement durable, notre pays ne saurait faire l’économie du paradigme population-développement, puisque toute stratégie de développement qui n’est pas indexée sur les variables démographiques est rrémédia- blement vouée à l’échec ».

Selon Delphine Barry, secrétaire permanent du Conseil national de la population (SP/CONAPO), les données sociales ont changé aux niveaux national et international, car le taux démographique dépasse celui de la croissance économique. Dans les secteurs-clés comme l’éducation, la santé et l’emploi, il y a un hiatus entre l’offre et la demande, le pays n’ayant pas la capacité d’offrir ces services à tout le monde. « Il importe donc de maîtriser la croissance démographique. On ne va pas demander aux gens de limiter le nombre d’enfants à faire, mais de faire des enfants qu’ils peuvent effectivement prendre en charge ».

C’est là que le planning familial trouve toute sa place. Si les gens comprennent qu’un enfant a un coût élevé, alors chacun prendra des dispositions pour limiter le nombre de ses bambins. Il urge donc de prendre des mesures idoines, de revoir les stratégies et les objectifs de la PNP pour « éviter, comme l’a déclaré Delphine Barry, que la croissance démographique devienne une poudrière », car, quel sera le sort de toutes ces millions de personnes qui n’auront pas accès à un emploi ? Pour elle, on ne peut pas dire qu’un pays comme le Burkina (14 millions d’habitants) est trop peuplé. Seulement, il faut une qualité des ressources humaines pour impulser le développement.

Au cours des 48 heures de travaux, outre les échanges et les débats, les séminaristes vont suivre 4 communications : les expériences africaines en matière de PNP ; les leçons tirées des expériences passées en matière de révision de la PNP ; la situation démographique et les perspectives au Burkina ; les nouvelles orientations de la PNP.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 1er avril 2009 à 08:55, par Avogardo En réponse à : Révision de la politique nationale de la population : « Eviter que la croissance démographique devienne une poudrière »

    voici un article qui invite à l’action et non plus à la reflexion seulement, car le danger est bien réel.Si la question de la population n’est pas resolue donc prise au serieux avec une politique active claire, il faut craindre jusqu’aux guerres civiles qui compromettront sans nulle doute le developpement pour longtemps.On me dira que j’exagère mais notre pays est bien pauvre pour être trop peuplé.

    • Le 1er avril 2009 à 15:12, par Hervé Balmon En réponse à : Révision de la politique nationale de la population : « Eviter que la croissance démographique devienne une poudrière »

      Tout à fait d’accord avec vous ; le pays est trop "pauvre" pour être trop densement peuplé. MMe Delphine Barry semble oublier une "donne" essentielle : L’EAU !!!!
      Près de 400 000 habitants supplémentaires par an !!! Est-ce que la pluviométrie, les réseaux d’irrigation et les surfaces cultivées suivent ce rythme ?? Bien sûr que non !
      Je sais qu’il est délicat d’aborder le sujet de la sur-natalité (les enfants ne sont-ils pas des cadeaux de Dieu ?)
      mais l’avenir se construit aujourd’hui. Bonne santé à tous.
      Hervé.

  • Le 4 septembre 2020 à 10:26, par Etienne YAMEOGO En réponse à : Révision de la politique nationale de la population : « Eviter que la croissance démographique devienne une poudrière »

    Bonjour, en faisant quelques recherches sur l’avenir de l’Afrique en 2050, je suis tombé sur cet article et ces commentaires. Je suis au regret, même s’il faut admettre la nécessité de la limitation responsable des naissances de la part de chaque Burkinabè, de ne pas accepter cette lecture erronée qui consiste à croire que le pays est pauvre, et que par conséquent, il faut obliger les populations à une limitation des naissances tous azimuts.
    Je ne vois pas dans cette densité humaine, un problème, mais c’est une opportunité, à la condition de doter le peuple d’un leadership éclairé, constructeur. Tant que les gouvernants vont se positionner comme les uniques sauveurs d’un peuple pauvre, alors, nous serons mal barrés. Et j’insiste, mon pays n’est pas pauvre, il est gouverné par des personnes à la mentalité de pauvres.

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