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Infrastructures : un défi majeur pour le développement de l’Afrique

Publié le vendredi 27 mars 2009 à 02h45min

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Le continent africain est confronté à une multitude de défis ; dont celui des infrastructures qui a constitué le thème principal du 12e sommet de l’Union Africaine qui s’est tenu du 1er au 4 février 2009 à Addis Abbéba Les infrastructures tout comme la santé, l’éducation, sont d’une importance capitale pour le développement du continent ; mais elles demeurent à ce jour, un grand défi à l’horizon 2015, échéance de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement.

Le Président de la Commission de l’Union Africaine Monsieur Jean Ping a rappelé, à l’occasion des Journées portes ouvertes organisées dans le cadre du 12e Sommet, que « les infrastructures constituent le socle du développement et la base essentielle à l’intégration physique, économique et politique » ; et le manque ou l’insuffisance des infrastructures constituent un handicap, un frein à la réalisation des ambitions du continent.

Selon le constat de l’AICD (Africa Infrastructure Country Diagnostics), un programme mis en œuvre par la Banque Mondiale pour le compte d’un comité de pilotage qui comprend la Commission de l’Union Africaine, le NEPAD, la BAD et bien d’autres organisations africaines, les pays africains affichent un retard au niveau de presque tous les indicateurs qui mesurent la couverture des infrastructures. Et pire, le fossé entre l’Afrique et les autres pays en développement, ne fait que s’élargir avec le temps. La force d’une économie moderne se mesure pourtant à la solidité des infrastructures mises en place ; et qui facilitent le commerce, alimentent la croissance économique, et favorisent la réalisation de bien d’autres progrès sur les plans social et politique tels que la réduction de la pauvreté, le renforcement de l’intégration régionale.

L’énergie qui a constitué l’un des plats de résistance des débats sur le thème du dernier Sommet, est le secteur où il y a plus de déficit. « Seul un Africain sur quatre a accès à l’électricité. En dehors de l’Afrique du Sud, la Production d’électricité est à peine suffisante pour alimenter une ampoule électrique par personne pendant deux heures par jour. Dans environ 30 pays africains, ceux qui ont accès à l’électricité subissent régulièrement des coupures de courant » constate l’AICD qui ajoute que « Sur un continent essentiellement agricole, seul un africain rural sur trois a accès à une route praticable en toute saison… Seuls 5% des terres agricoles sont irriguées mais représentent en fait 20%de la valeur de la production agricole… La couverture des ménages s’est à peine améliorée au cours de vingt dernières années. L’évolution actuelle montre que l’Afrique n’atteindra pas les Objectifs du Millénaire pour le Développement dans les domaines de l’eau et de l’assainissement, et il ne faut pas compter sur un accès universel aux services destinés aux ménages avant cinquante ans ».

Que faire ?

Malgré l’immensité des défis, l’horizon 2015 demeure pour les pays africains, l’objectif à atteindre. Le continent s’est donc mis en action à travers le NEPAD, créé avec comme objectif de permettre à l’Afrique de prendre en main son développement, notamment à travers la création d’infrastructures dans les domaines des transports (aérien, maritime, ferroviaire, routier…), de l’énergie, des télécommunications, des Technologies de l’Information et de la Communication, de l’eau.
A l’occasion des journées portes ouvertes sur les infrastructures, le Président de la Commission a mentionné les efforts actuellement déployés pour développer les infrastructures et les services en Afrique. Notamment l’élaboration d’une étude sur le programme de Développement des Infrastructures en Afrique dénommé PIDA, qui fusionne toutes les études lancées par la Commission, la BAD et le Secrétariat du NEPAD.

Le Président relèvera cependant le coût très élevé des infrastructures à réaliser ; des coûts qui dépassent largement les capacités de financement des gouvernements. En effet, selon des estimations récente de la banque mondiale, l’Afrique devrait consacrer environ 70 milliards de dollars US par an pour les investissements dans les secteurs de l’énergie et des transports (34 milliards de dollars), et pour l’entretien et la maintenance (30 milliards de dollars).

Cependant, le Président de la Commission reste convaincu que le processus d’intégration politique, social et économique engagé par les Chefs d’Etat et de Gouvernement, permettra « de relever tous les défis, fussent-ils gigantesques », à travers la mobilisation de « leurs propres ressources financières et humaines, pour la réalisation de projets d’interconnexion, de transport et d’énergie… » . Fort de cet optimisme, la Commission s’est fixée pour ambition de lancer et de matérialiser rapidement « quelques projets concrets de nature à changer la face physique de l’Afrique, renforcer la sécurité énergétique, accélérer le processus d’intégration par la mise en place d’infrastructures adéquates de transport et booster le décollage industriel du continent ».

Les projets de la Commission s’articulent autour de trois axes :
- Les grands travaux d’infrastructures de transport : Ce projet concerne « un programme de première génération, d’un nombre limité de dix à quinze projets majeurs et intégrateurs d’infrastructures de transport et d’énergie qui constitueront les domaines de concentration de la Commission durant la mise en œuvre de son plan stratégique 2009-2012 »
- L’Afrique-Hydroélectricité 2020 : c’est une initiative qui a pour objectif « d’exploiter et de développer l’immense potentiel hydroélectrique des grands bassins fluviaux de l’Afrique, par la réalisation de grands barrages hydroélectriques et des réseaux d’interconnexion entre 2010 et 2020, en vue d’assurer l’accès des populations africaines à une énergie électrique fiable et abordable, et même l’exporter vers d’autres régions du monde ».
- L’architecture institutionnelle et le développement des infrastructures : Il s’agira dira le Président Ping, de « bâtir une architecture institutionnelle africaine permettant de structurer d’une part, les relations organisationnelles, fonctionnelles et opérationnelles des différents acteurs panafricains et d’autre part, le dialogue avec les partenaires au développement, en vue d’assurer une meilleure coordination du développement intégré des infrastructures en Afrique ».

L’Afrique pour la réalisation de ses ambitions, veut compter sur elle-même. Pour se faire, l’effort le moins coûteux et des plus avantageux est le renforcement de l’intégration régionale qui détient souvent selon l’AICD, la clé d’une réduction des coûts des infrastructures ; car « les réseaux d’infrastructure fragmentés du continent isolent les pays plus petits et les empêchent d’exploiter efficacement des technologies à plus grande échelle ». Pour le reste, elle pourra certainement compter sur l’accompagnement de ses partenaires. L’urgence est donc là ! Agir dans les espaces sous régionaux, mettre les projets en chantier le plus tôt possible, afin d’espérer un jour, voir les désirs du continent transformés en faits, en actes concrets.

Yolande Kalwoulé (DCPM MAECR)


A-t-on progressé sur la question à l’issu des travaux du 12e sommet de l’UA ?

L’Ambassadeur du Burkina Auprès de l’Union Africaine résume

Le thème du 12e Sommet portait sur le développement des infrastructures. Qu’est ce qui a été décidé sur ce sujet ?

L’Ambassadeur Bruno Zidouemba

SEM Bruno Zidouemba : Tout d’abord, il convient d’expliquer pourquoi le thème des infrastructures et particulièrement l’énergie ? Comme vous le savez, depuis un certain temps, l’Union Africaine a l’habitude d’affecter un thème aux différents Sommets et cette année, c’était le thème infrastructure, et particulièrement l’énergie, compte tenu de l’importance et du rôle des infrastructures pour le développement de notre continent. Et je crois aussi qu’en mettant un accent sur l’énergie, c’est pour montrer l’importance de ce secteur dans le processus de développement de l’Afrique. Particulièrement cette année, nous avons connu le 2e choc pétrolier et ce choc a été durement ressenti par tous les états importateurs et non producteurs de pétrole.

Pendant la journée de débat qu’on a consacré au thème, des experts venus du monde entier, des investisseurs, des partenaires au développement de l’Afrique tels que la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement, les grandes banques européennes, asiatiques, américaines et d’ailleurs se sont retrouvés pour faire la preuve qu’en unissant les efforts beaucoup de choses peuvent être réalisées dans le domaine du développement des infrastructures en Afrique. Il nous a été aussi exposé les grands projets d’infrastructures que l’Union Africaine a actuellement en chantier ou dans ses tiroirs. Il s’agit notamment des grands axes routiers et ferroviaires pour relier les différentes parties du continent, des réseaux de pipes lines, de ports, des interconnections électriques et autres nécessaires au décollage économique de l’Afrique.

Il nous a été montré sur diapo les infrastructures existantes et celles qui restent à réaliser de manière à permettre aux investisseurs potentiels de pouvoir faire le choix. L’objective visé dans cet exercice était de montrer les énormes besoins du continent en matière d’infrastructures, mais aussi de démonter que ces besoins peuvent être satisfaits pour peu que les priorités soient clairement définis et que l’Afrique et ses partenaires se mobilisent pour assurer le financement de leur réalisation.

Des décisions concrètes ont-elles été prises, ou sommes nous toujours au stade de projets ?

SEM Bruno Zidouemba : Vous savez, les décisions en matière de financement de projets de grandes envergures ne se prennent pas sur le champ, de manière instantanée. Les bailleurs de fonds sont venus identifier les projets ; les informations qu’ils auront récoltées seront par la suite étudiées et évaluées avant qu’ils ne prennent la décision de s’engager à les financer. Après ce processus, je suis sûr que dans les semaines sinon les mois à venir, nous saurons la réaction des investisseurs sur ce qu’ils ont vu, sur les dossiers qu’ils ont emportés, et nous espérons que cette réaction sera positive.

DCPM MAECR

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