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Production de la pomme de terre dans la province du Loroum : Une alternative dans la lutte contre la pauvreté

Publié le jeudi 26 mars 2009 à 00h28min

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A quelques jours de la tenue de la fête de la pomme de terre qui se tiendra le 28 mars 2008 à Titao dans la province du Loroum, nous sommes allé à la rencontre des productrices et producteurs du périmètre du barrage de Titao. Zoom sur une filière en pleine expansion dans la province.

Rasmané Kagoné alias Banca est vendeur de carburant à Titao. En plus de cette activité dont il semble avoir le monopole dans la commune, il (l’homme) s’investit dans la production de la tubercule jaune. Il y a environ un mois, alors que la majorité des producteur étaient au stade des semis, il fut le premier à mettre sur le marché, la pomme de terre au prix de 300 F CFA le kg à Titao. Depuis environ un mois, l’homme est permanemment sous le hall d’un bâtiment qui lui sert de magasin et où trône une balance. Préoccupation essentielle : peser et vendre aux clients sa production. Comme les autres années, l’homme affirme tirer profit de cette filière.

Et son secret, produire très tôt, écouler rapidement sa production à un moment où la loi de l’offre et de la demande lui est favorable en terme de commercialisation pour devenir peu après acheteur. Bon an, mal an c’est entre 6 et 7 tonnes de pomme de terre que Banca met sur le marché de la pomme de terre. « Je suis à ma 5ème phase de récolte. Il me reste une dernière génération non encore récoltée d’environ 1 tonne. D’ici à quelques jours, j’aurai bouclé ma saison de production. ». C’est entre 1,2 et 2 millions de francs que Banca tire de la vente de la pomme de terre.

Tout comme Banca, Malick, Idrissa et bien d’autres producteurs s’investissent de façon sérieuse dans la production de la pomme de terre. Ils sont organisés par groupement et par site. « Nos exploitations bénéficient de l’encadrement des groupements naams. Nous avons un comité de gestion qui nous permet d’avoir les semences à temps et nos exploitations sont suivies », affirme, Naaba Wadga, Chef du village de Titao membre du conseil de gestion. Ibrahim Ouédrago, responsable du comité de gestion du groupement naam de Titao. A Titao, les femmes sont nombreuses sur les périmètres maraîchers.

Sur des lopins plus ou moins confinés en quelques planches, les femmes semblent tirer leur épingle dans cette activité autrefois réservé aux hommes. « Nous produisons la pomme de terre et les oignons pour faire face aux besoins de nos familles. Les hommes ne veulent plus prendre en charge la popote. Avec donc les recettes issues de la vente de ces produits, nous assurons souvent la popote et les dépenses de nos enfants. C’est nous qui nous occupons la plupart du temps de l’habillement des enfants, de leurs santé et de leur alimentation », affirme Azéta, une productrice. Sur le périmètre de Watinoma, plusieurs femmes sont présentes.

Diversifier la production pour mieux répondre aux défis du marché

Elles s’activent, chacune exploitant entre 10 et 40 planches de pomme de terre. Elles excellaient dans la production de l’ail et de l’oignon. Mais depuis deux à trois ans, plusieurs femmes interviennent dans la pomme de terre. Lizeta, productrice sur le site de Watinoma affirme attendre 100 mille francs de recettes pour cette campagne.

A Toulfé, Rimassa et Tansalaga, des groupements de femmes exploitent entre un demi hectare et un hectare. Elles sont appuyées dans leurs activités par la FAO à travers un projet d’appui d’urgence. Le projet de « Reconstitution de la capacité de production des familles vulnérables victimes de malnutrition, de la hausse des prix et des chocs climatiques » appui 1 350 femmes dans la province du Loroum. Elles produisent en plus de la pomme de terre de l’oignon, de la carotte et des choux. Les producteurs du Loroum bénéficient également de l’appui des partenaires tels le Programme de développement rural durable, King Agro, le Programme d’appui aux filières agrosylvopastorales, le projet de sécurité alimentaire par la récupération de terres fortement dégradées, le programme petite irrigation villageoise, etc.

Il est 13 heure. Sous un soleil ardent, Azéta, deux arrosoirs en main fait le va et vient entre un puits maraîcher situé à quelques dizaines de mètres de là, et ses parcelles d’oignon et de pomme de terre. « Nous souhaitons avoir un accompagnement des projets et programmes de développement. Les femmes se battent mais leur moyens sont limités. Souvent, accéder à la terre est un véritable casse tête chinois. Les propriétaires terriens préfèrent donner la terre aux hommes. Il est difficile d’avoir le même espace pendant deux ans successifs. Nous sommes souvent surpris de nous voir exproprier la terre au profit d’une autre personne », soutient Azéta. Malgré tout, elles contribuent de façon significative à l’accroissement de la production maraîchère dans la province du Loroum. Si elles ne sont pas sur leur petits lopins personnels, elles sont sur les exploitations familiales.

C’est elles qui arrivent tôt sur les sites le matin et repartent tardivement dans la soirée. Il y en a qui font la cuisine sur place.
Sur les différents sites de production, plusieurs producteurs s’activent à produire la pomme de terre et l’oignon. El Hadj Halidou Zango est un habitué des bas-fonds de Titao. Il s’active depuis quelques jours à la récolte de sa production d’oignon. « L’année passé, l’oignon a connu une mévente mais ce n’est pas pour autant que nous devons l’abandonner. Nous tentons de diversifier la production, pour ne pas être surpris », souligne t-il. « Cette année, j’ai produit 60 planches de pomme de terre et 100 planches d’oignons. Avant, je produisais la carotte sur le même site. Mais aujourd’hui, c’est la pomme de terre et l’oignon », poursuit-il. « La fête de la pomme de terre, a contribué à promouvoir cette filière maraîchère dans la province du Loroum.

Avant, il n’y avait que quelques producteurs qui intervenaient dans la culture maraîchère. Mais de nos jours, le barrage est pris d’assaut au risque même d’être ensablé », conclut El Hadj Zango. Ezékiel Niampa, producteur sur le site, Pasteur s’attend à 2,5 tonnes de pomme de terre. Il dit investir ses recettes dans l’élevage. “L’an passé, j’ai pu réaliser un bénéfice net de 500 mille francs de la vente de ma production. J’investit les recettes dans l’élevage. J’ambitionne construire une maison avec mes recettes de pomme de terre”.

Conquérir le marché sous-régional

Sur le terrain, les producteurs restent confronté à un sérieux problème d’eau pour parachever la campagne. Le barrage de Titao ne contient à présent que quelques filets d’eau. Les producteurs se sont rabattus sur des puits maraîchers, de plus en plus profond. Cette insuffisance d’eau est liée à la faiblesse de la pluviométrie enregistré au cours de la saison précédente. « La province n’a pas enregistré de fortes pluies capables d’alimenter le barrage. Le déversoir n’a même pas coulé un seul instant pendant la campagne », soutient Almissi Sawadogo, directeur provincial de l’Agriculture et des Ressources halieutique du Loroum. Toutefois, le directeur est rassurant quant à l’achèvement de la campagne. Almissi Sawadogo trouve même que c’est cette année que la province a le plus produit.

« Nous attendons 2 140,5 tonnes de pomme de terre pour la seule commune de Titao contre 1 718 tonnes la saison précédente ». Cette situation est due au fait que les producteurs évoluent en amont. Et le retrait rapide de l’eau leur a permis cette année d’anticiper la production. La fumure de la saison précédente n’a pas été entièrement dégradée. Aussi, ajoute M. Sawadogo, « beaucoup de personnes se sont investis cette année dans la production maraîchère pour compenser le déficit céréalier enregistré pendant la campagne agricole afin de reconstituer leur stock alimentaire ». Le kilogramme de la pomme de terre se négocie sur le marché à 200 F. D’années en années, les rendements et les productions sont en continuelle progression.

Les techniques de production sont de plus en plus maîtrisées. La filière pomme de terre rapporte aux producteurs du Loroum trois cent à quatre cent millions de francs l’an. Une activité économique qui mobilise plus de 403 producteurs dans la seule commune de Titao, dont 269 femmes et 134 hommes.
La commercialisation demeure également une préoccupation majeure des producteurs. Même si Abdoulaye Niampa reconnaît que la fête de la pomme de terre a contribué à donner plus de visibilité à la production maraîchère du Loroum, les producteurs attendent que le marché soit plus organisé. Pour Célestin Bélem, Président de l’Association des Producteurs Maraîchers du Burkina (APMB), il s’agit de travailler à mieux organiser les producteurs. « Les producteurs doivent se regrouper pour mieux défendre leurs intérêts.

C’est le défi que compte relever l’APMB dont l’objectif principal est de promouvoir la culture maraîchère dans la province. Nous travaillons à soutenir toutes les activités en amont comme en aval, c’est –à – dire acquérir d’une façon durable les moyens de production, entreprendre toute action qui peut contribuer à favoriser l’écoulement de la production. Nous entendons diffuser des technologies de conservation à faible coût au niveau des producteurs », confie M. BELEM.

Pour Monsieur BELEM, le Loroum doit aller vers un label de production de la pomme de terre biologique. « Nous incitons les producteurs à l’utilisation de la fumure organique. Ce qui nous permets d’avoir des pomme de terre de meilleure qualité avec des rendement de 25 à 30 t/ ha », renchérit le Président de l’APMB.

Abdoul Salam OUARMA

Sidwaya

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