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PRIVATISATION DU BUMIGEB : Les travailleurs proposent un 3e scénario

Publié le mardi 24 mars 2009 à 02h10min

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"Ce n’est pas opportun de privatiser, même partiellement le BUMIGEB" C’est de cette façon que l’on peut résumer la déclaration ci-dessous du Bureau exécutif national du Syndicat des travailleurs de la géologie, des mines et des hydrocarbures, (SYNTRAGMIH) relative à la privatisation du Bureau des mines et de la géologie du Burkina (MUMIGEB). Pour sauver la structure du danger qui la guette, les travailleurs proposent un 3e scénario qui est le maintien du MUMIGEB en société d’Etat et son renforcement en moyens matériels et ressources humaines.

Depuis le début du procès de privatisation partielle du BUMIGEB, le syndicat et l’ensemble des travailleurs ont, à maintes reprises, expliqué avec faits à l’appui que la décision de privatiser, même partiellement ce service national chargé de la géologie et des mines est inopportune. Mieux la recherche minière étant en pleine croissance au Burkina Faso, on doit même renforcer le BUMIGEB, structure technique de l’Etat, pour assurer une pérennisation des activités du secteur. S’agissant du statut juridique de la société, la SOFIDEC, cabinet chargé de l’étude du dossier propose au gouvernement deux scénarii :

- 1 la transformation en Etablissement public à caractère administratif (EPA) avec abandon des forages d’eau ;

- 2 la dissolution du BUMIGEB et le transfert de ses activités au sein d’une direction du ministère en charge des mines.

A ces deux propositions du cabinet, les travailleurs proposent un 3e scénario qui est le maintien du BUMIGEB en Société d’Etat (SE) et son renforcement en moyens matériels et en ressources humaines afin de lui permettre de poursuivre efficacement ses travaux d’investigation. En effet, l’expérience de la Direction de la Géologie et des Mines (DGM) qui assurait avant 1978 les missions actuelles du BUMIGEB atteste de l’inefficacité d’une telle structure pour la promotion de la recherche minière au Burkina Faso. De même, l’expérience actuelle des pays voisins tels le Mali, le Niger (ou leurs structures semblables au BUMIGEB transformées en EPA) est édifiante ; l’EPA en tant que structure de recherche minière est très lourde et constitue donc un frein au développement de la recherche. C’est pourquoi, les travailleurs de ces pays qui ont devancé le Burkina dans la mise en œuvre de ces privatisations partielles ou totales de leur structure de recherche, souhaitent le retour aux anciennes formules. La tournée de la commission de privatisation dans ces pays confirme amplement nos appréhensions.

Pourquoi persister dans l’option de privatisation ?

Le ministère des Mines souhaite également le maintien du BUMIGEB en Société d’Etat (SE), sa forme actuelle (cf. lettre du MCEM à son collègue du Commerce, chargé des privatisations des sociétés). Si le principe du maintien du BUMIGEB en SE va dans le sens souhaité par les travailleurs, il n’en demeure pas moins que la meilleure formule est le retrait du BUMIGEB de la liste des sociétés à privatiser. Du reste, le BUMIGEB en interne à travers son plan stratégique 2005-2014 avait opté pour l’abandon des forages en fin 2010 afin de se consacrer à ses missions de service public (recherche géologique et minière, sécurité industrielle, minière et environnementale). Au regard de ces éléments, les travailleurs ne comprennent pas pourquoi persister dans l’option de privatisation du BUMIGEB. Certes, les concertations entre les ministères du Commerce et des Mines en février 2009 penchent pour le maintien du BUMIGEB en SE, mais avec comme condition que le BUMIGEB trouve des ressources à travers ses nouvelles activités pour compenser l’abandon des forages.

Alors les travailleurs demeurent toujours inquiets. Ils ont, de façon unanime, réaffirmé leur position à savoir le maintien du BUMIGEB en l’état et son renforcement en personnel et matériels. La recherche de ressources pour combler le manque à gagner issu de l’abandon des forages sonne comme un ultimatum et s’apparente à du chantage. Pour le personnel du BUMIGEB, le rôle d’un service géologique national est permanent et ne devrait pas être lié aux fluctuations des cours des métaux, ni de la conjoncture, encore moins aux débats des bailleurs de fonds.

Risque d’un rétour en arrière

Compte tenu des missions de service public confiées au BUMIGEB, la privatisation risque d’entraîner un retour en arrière à la situation d’avant 1978. Ce qui réduirait de façon significative les activités de cartographie géologique, de prospection minière donc de l’inventaire des ressources minières qui attirent les investisseurs miniers dans le pays. Faut-il rappeler qu’un bon nombre de mines en exploitation ou en instance d’ouverture sont l’œuvre du BUMIGEB ? Les travaux de recherche ont contribué à la découverte de gîtes et de gisements d’or, d’argent, de zinc, de cuivre, de nickel, de manganèse et d’autres substances.

Ces découvertes ont drainé et drainent encore des investisseurs miniers dans notre pays. L’Etat doit assurer la prospection et la promotion minières pour attirer les investisseurs. Il demeure donc que le BUMIGEB, qui réalise des investissements à risque dont la rentabilité ne se manifeste donc qu’à long terme, doit bénéficier du soutien des pouvoirs publics, dès lors que ceux-ci sont convaincus de la nécessité de la promotion de l’industrie minière. Le BUMIGEB doit être maintenu en SE avec une autonomie de gestion. Le transformer en EPA serait un grand handicap avec pour conséquences :
- le freinage de l’élan de la recherche géologique et minière au Burkina Faso qui jouit d’une certaine considération dans la sous-région pour les résultats acquis en la matière ;
- l’obligation de la société pour licencier une partie de son personnel pour survivre ; ce qui ralentirait de façon désastreuse ses activités de service public. Au vue de ce qui précède, la privatisation du BUMIGEB n’est pas opportune. Nous recommandons plutôt de :
- mieux le structurer et le doter en moyens matériels performants et financiers suffisants pour lui permettre de relever les défis qui l’attendent dans la cartographie aux grandes échelles ;
- le soutenir dans la mise en évidence des richesses du sol et du sous-sol, toutes choses qui participent au développement du Burkina Faso et à la lutte contre la pauvreté.

Fait à Ouagadougou le 17 mars 2009

Le Bureau exécutif national du SYNTRAGMIH

Le Pays

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