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Journée nationale du paysan : Amorce d’une rupture

Publié le lundi 16 mars 2009 à 00h56min

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Le président du Faso, Blaise Compaoré a pris part, vendredi 13 mars 2009 à Koudougou, au meeting des producteurs, place de la mairie qui a encore réaffirmé la nécessité d’une politique de diversification des productions agro-sylvo-pastorales, gage de stabilisation et de sécurisation des revenus des producteurs ruraux.

Le ministre chargé de l’agriculture l’a reconnu. La monoculture n’a plus sa place au Burkina Faso. Produire varié semble l’option prise pour garantir aux millions de producteurs ruraux des revenus sûrs, stables et impulser, pourquoi pas, la sécurité alimentaire. Laurent Sédogo qui s’exprimait, vendredi 13 mars place de la mairie de Koudougou, au cours du meeting à l’occasion de la XIIIe Journée nationale du paysan (JNP) prévient que la diversification ne doit pas être perçue comme un slogan politique ou un mot d’ordre en vogue, avertissant cependant que toute autre option pourrait conduire à des lendemains incertains.

Ces propos semblent traduire une rupture dans la façon dont l’agriculture burkinabé veut se bâtir dorénavant. Mais en même temps, M. Sédogo se convainc qu’il n’est pas question de remettre en cause la culture du coton. Car, à chaque fois que cette filière éternuait, c’est toute l’agriculture du pays qui s’enrhumait. Si le coton a fait son œuvre, soutenu les braves et vaillants producteurs, il faut cependant reconnaître que les temps ont bien changé. C’est d’ailleurs l’avis du président du Faso qui pense que les contraintes de l’agriculture sont mouvantes d’une année à l’autre. “Le monde bouge, nous devons bouger avec pour bâtir une agriculture forte, au service de l’économie nationale et des populations. Parler de diversification signifie s’adapter aux défis nouveaux”, a soutenu Blaise Compaoré devant un parterre de paysans.

Et les défis sont aussi nouveaux. Crise alimentaire, énergétique et économique, changements climatiques, difficile accès aux crédits et aux intrants, inorganisation des circuits de commercialisation… Les problèmes sont à la fois endogènes et exogènes. Face à ces défis, le président Compaoré appelle à définir une politique agricole intégrant les changements climatiques. Il s’agit d’anticiper sur les effets pervers (risques environnementaux, destructions d’infrastructures, baisse de rendement)des péjorations climatiques en asseyant une agriculture durable. Il faut une réponse politique audacieuse pour favoriser l’accès des pauvres ruraux aux ressources naturelles, à la terre, à l’eau, ajoute pour sa part le président de la Confédération paysanne, Bassiaka Dao. Mais aussi, ajoute-t-il, ils ont besoin de vendre leurs produits à bon prix dans un marché régularisé et équitable. Ce souci commande aux acteurs du développement rural d’identifier, de développer, de fortifier et consolider de nouvelles filières dans les secteurs agricoles, de l’élevage, de la foresterie et de la faune.

Et le ministre Sédogo de renchérir que pour progresser, les Burkinabè doivent accepter le changement dans la production, la transformation et la commercialisation des produits agro-sylvo-pastoraux ainsi que les habitudes de consommation. Mais l’agriculture pour prendre son envol a besoin de s’adosser au progrès de la recherche. Laurent Sédogo rappelle qu’autrefois en Europe, il fallait mille heures de travail pour produire un quintal de blé. L’intégration de la chimie dans l’agriculture et la mécanisation ont permis de réduire ce temps respectivement à une centaine d’heures dans les années 40 jusqu’à un quart d’heure de nos jours.

90 agents du développement rural décorés

« Le progrès c’est la liaison production-marché, c’est l’organisation en filière, c’est la production transgénique, c’est la transformation des produits, c’est la valeur ajoutée », a plaidé Laurent Sédogo. En cela, la diversification des productions agro-sylvo-pastorales se présente comme une alternative capable de provoquer le changement des systèmes de productions et d’accroître les revenus paysans.

Ce qui va par là même assurer la sécurité alimentaire. Entre discours, animation de troupes et bain de foule du président du Faso, le meeting des producteurs a été une occasion de récompenser les acteurs du développement rural.

L’un des temps forts du meeting a été sans conteste, la décoration des agents du développement rural. Ainsi, 90 agents ont été élevés au rang de chevalier de l’Ordre du mérite avec agrafe développement rural. Il y a eu la remise de convention de financement du Programme national de gestion des terroirs, phase 2 (PNGT2) d’un montant de plus de six milliards de F CFA répartis entre les treize régions. Ces financements sont destinés à appuyer le développement régional par l’aménagement de périmètres irrigués, la construction d’infrastructures socio-éducatives et la protection de l’environnement.

S.N. COULIBALY


La JNP s’internationalise

La XIIIe édition de la JNP a marqué une rupture d’avec les autres en ce sens qu’elle a pour la première fois connu la participation de représentants de pays amis, à savoir le Togo, la France et le Luxembourg.
“Le Togo est venu pour observer, apprendre, écouter les expériences du Burkina”, a confié son ministre en charge de l’Agriculture et de la Pêche. En effet, ce pays a emboîté les pas du Burkina Faso en organisant la première édition du Forum national du paysan, le mois dernier. La JNP a également servi de tribune aux partenaires techniques et financiers pour réaffirmer leur soutien au Burkina Faso et à son agriculture. Des organisations non gouvernementales ont aussi partagé avec les producteurs burkinabè, leur expérience en matière d’élevage, d’agriculture et de protection de l’environnement.

.S.O.


Les sept recommandations de la XIIIe JNP

- 1- L’oragnisation et la structuration des acteurs par approche filière

- 2- Disponibilité et accessibilité des intrants de qualité

- 3- Faciliter l’accès au financement à travers la réduction des taux d’intérêts et des mesures adaptées

- 4-Renforcer les capacités par l’appui-conseil et la professionnalisation des producteurs

- 5- Accélération de l’électrification rurale pour faciliter la transformation et la commercialisation des productions agro-sylvo-pastoraux

- 6- Promouvoir la mécanisation agricole par des équipements adéquats

- 7- Adopter une loi d’orientation agricole


Les engagements de la XIIIe JNP

a) Environnement

- Structurer et animer les filières de production végétale
- Pormouvoir l’aviculture
- Valoriser la filière karité, néré, balanitès et gomme de raisine

b) Agriculture

- Accroître la production de niébé de 30 % de 724 000 tonnes à 940 000 tonnes en emblavant 0, 24ha par ménage
- Augmenter la production de sésame de 36 % de 46 000 à 60 000tonnes en emblavant 0,5 ha par ménage
- Les chambres régionales d’agriculture s’engagent à faire respecter les clauses contractuelles
- Relever le taux de consommation de la semence améliorée de 6 à 15% d’ici à 2012
- Réaliser une fosse fumière par ménage

C) Ressources animales

- Collecter et traiter 4 millions de litres de lait
- Produire 6 millions de bottes de fourrages de 10 kg
- Produire 45 000 tonnes de viande
- Vacciner 18 millions de volailles contre la peste aviaire
- Reboiser 9 millions de plants
- Construire 50 zones villageoises d’intérêt cynégétique

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 17 mars 2009 à 10:36, par L.B En réponse à : Journée nationale du paysan : Amorce d’une rupture

    Comme on a coutume de dire : "il faut bien reconnaître ses failles à un moment donné de la vie". La population burkinabé a tjrs fait parler son coeur en rejettant en grande majorité la culture du coton qui ne pouvait en aucun cas la faire survivre. Voilà, que les acteurs de décisions viennent de se conformer à nos exigences par contraintes aussi bien nationales qu’internationnales. A quoi sert à tout bout de champs de ne pas écouter la population concernée ? Il fallait se rendre à l’évidence. Ceci est un pas et doit constituer un repair pour écouter, entendre, analyser et prendre en compte les idées des populations. Au moins, de manière non directe, nous sommes convaincu que sous peu, le coton sera délaissé au profit de se que nous consommons régulièrement. Quel changement d’idéologie de la part du gouvernement qui s’est fait si attendre ? Une prise de conscience est-elle née pour toujours ou juste pour cette circonstance ? Au moins, on avance d’un léger pas même si ce dernier reste tramblant.

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