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Lutte contre la vie chère : Le gouvernement à la remorque des partenaires techniques et financiers

Publié le jeudi 12 mars 2009 à 23h51min

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Pour les six mois à venir, 20 000 ménages classés parmi les plus pauvres de Ouagadougou auront de quoi remettre la marmite sur le feu. A l’initiative du Programme des Nations unies pour l’alimentation (PAM), elles bénéficieront de bons d’achat par mois pour satisfaire leurs besoins. C’est une première, car les autorités, avec le soutien de leurs partenaires techniques et financiers, ont pris l’habitude de distribuer des sacs de céréales aux populations démunies. L’opération initiée par le PAM répond à une toute autre logique.

Les ménages ciblés recevront des bons d’achat pour s’approvisionner dans des boutiques qui ont signé des contrats dans ce sens. Le principe est de remettre aux bénéficiaires six tickets de 1 500 francs chacun, soit 9 000 F CFA par mois et par personne. Les ménages sont considérés comme constitués de six personnes maximum et l’opération doit durer six mois.
La ville de Bobo-Dioulasso aussi sera servie dans un mois. Dans la capitale économique, ce sont 10 000 ménages qui ont été retenus pour bénéficier de cette opération.

Ce soutien organisé par le PAM en collaboration avec ses partenaires et le gouvernement burkinabè a un coût estimé à 8 733 000 000 de nos francs. Tout naturellement, les autorités du pays, et singulièrement celles en charge du ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, ont applaudi des deux mains. C’est certainement le même sentiment de joie qui anime les bénéficiaires de l’opération. Ils espèrent ainsi être comme les autres, c’est-à-dire assurer au moins un repas par jour, ne serait-ce que pendant la durée de l’opération.

Mais, tout aussi naturellement, il faut souligner que cette opération pourrait être un coup d’épée dans l’eau pour des millions de Burkinabè. Certes, on ne peut pas jeter le bébé et l’eau du bain, mais on ne peut pas se contenter de ces broutilles distribuées et penser avoir pansé les plaies béantes faites par la crise alimentaire qui secoue le monde et le Burkina avec son corollaire de vie chère. L’opération ne peut être un palliatif bien qu’elle donnera quelques instants de bonheur à des Burkinabè qui ne savaient plus où donner de la tête avec cette vie chère qui n’a que trop duré. Il faut alors se convaincre que l’espoir suscité au sein des populations est une interpellation des autorités pour qu’elles prennent la mesure réelle de la vie chère qui ronge les Burkinabè. Le gouvernement devra alors revoir la copie de sa politique agricole pour une réelle autosuffisance alimentaire.

Car, à supposer même que l’opération de distribution de tickets permette aux familles ciblées de manger gras, de boire frais et de cracher loin, qu’en sera-t-il demain lorsque le PAM fermera le robinet ? Le retour à la case départ pour ces familles sera certainement pénible, sinon très pénible. Or, le gouvernement brille par un discours et des slogans qui sont loin des réalités des populations. Ainsi, on attend toujours, et certainement encore pour longtemps, les résultats des engagements pris par les pouvoirs publics en juin 2008 pour booster la production et permettre aux Burkinabè de manger à leur faim. La seule certitude est que les productions ont été écoulées par des circuits parallèles au nez et à la barbe du gouvernement qui n’a rien pu faire pour que les populations aient accès aux céréales.

En tout état de cause, l’exécutif doit se secouer un peu plus car il ne peut pas continuer à être à la remorque des institutions et autres partenaires techniques et financiers pour des questions vitales comme celle de l’autosuffisance et de la sécurité alimentaires.

A. Igor

Journal du Jeudi

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