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Dofini Alphonse Bonou, secrétaire permanent de la Journée nationale du paysan : “Diversifier la production agricole pour garantir la sécurité alimentaire”

Publié le jeudi 12 mars 2009 à 00h20min

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La XIIIe Journée nationale du paysan (JNP) s’ouvre aujourd’hui jeudi 12 mars 2009 à Koudougou sous le thème : “Diversification de la production agro-sylvo-pastorale au Burkina Faso : alternatives pour la sécurisation des revenus des producteurs ruraux dans un contexte de crise”. Le secrétaire permanent de la JNP, Dofini Alphonse Bonou situe les enjeux et les attentes de ce rendez-vous annuel entre le chef de l’Etat et les délégués du monde rural. Pour M. Bonou, le forum des producteurs définira une stratégie de diversification de la production agricole en vue de mieux lutter contre la faim et la pauvreté.

Sidwaya (S). : Qu’est-ce qui justifie le thème de la XIIIe édition de la Journée nationale du paysan : “Diversification des productions agro-sylvo-pastorales au Burkina Faso : alternatives pour la sécurisation des revenus des producteurs ruraux dans un contexte de crise” ?

Dofini Alphonse Bonou D.A.B) : La production agricole ne peut plus reposer sur la monoculture dans nos pays. Si le coton était jadis la principale culture de rente permettant aux producteurs d’avoir des revenus, à chaque fois que cette filière vit des turbulences, les paysans ne savent plus à quel saint se vouer. De plus, la pratique monoculturale nuit à la texture des sols. Par contre, si le producteur diversifie ses productions, cela le met à l’abri des vicissitudes de la production du coton en lui assurant une sécurité alimentaire.

En combinant l’usage des fumures organiques à l’engrais chimique, le paysan se donne des chances d’améliorer les rendements tout en préservant la terre. Diversifier la production est la meilleure voie pour garantir la sécurité alimentaire et soutenir les revenus des producteurs agricoles. C’est pourquoi, le gouvernement a choisi le thème de la diversification dans le cadre de la recherche d’une sécurité alimentaire au Burkina Faso dans un contexte de crise alimentaire. Depuis novembre 2007, notre pays, à l’instar d’autres, traverse une période difficile marquée par la flambée des prix des denrées. Nous allons en débattre largement avec les mille délégués du monde rural. Il reste entendu que le choix du présent thème a été fait de concert avec la confédération paysanne du Faso et le bureau national des chambres régionales d’agriculture.

S. : Concrètement, vers quoi irez-vous en termes de conclusions et de priorités d’action ?

D.A.B. : Le forum des paysans va définir la stratégie à travers laquelle toutes les actions seront conduites. Nous avons à coeur de nous assurer que la diversification sera une réussite. Le forum va donc se pencher sur la stratégie pour la réalisation de la diversification de la production agro-sylvo-pastorale. Car, on ne saurait parler de diversification de la production agricole sans évoquer la stratégie. Il faut que l’action à conduire soit cohérente en vue d’être porteuse de fruits. Trois ateliers vont constituer l’ossature du forum autour de la production végétale, animale et sur la gestion de la faune et de la flore.

S. : Quel bilan faites-vous de la mise en œuvre des engagements pris lors de la XIIe journée à Samandéni ?

D.A.B. : Je dois dire que ce sont des engagements pris de part et d’autre. Autant, les producteurs en prennent, autant, il en est de même pour le gouvernement. La JNP est une occasion pour les uns et les autres de voir ce qui peut être fait et ce qui ne peut l’être. Concernant les engagements pris par les producteurs, le bilan est globalement satisfaisant. Sur une prévision initiale de réalisation de 20 000 fosses fumières, environ 17 000 fosses fumières ont été réalisées. L’objectif a été atteint à près de 90%. Les producteurs ont aussi décidé de produire 600 000 tonnes de coton au titre de la campagne écoulée. Selon les premiers résultats, cet engagement va être atteint.

Du côté gouvernemental, il avait été décidé de créer une société de fabrique d’aliments pour bétail à Ouagadougou. Celle-ci a vu le jour. Tout comme quand nous étions à Gaoua, le gouvernement s’était engagé à fonder une société des abattoirs et de commercialisation de la viande. Cela est aujourd’hui une réalité, de même que l’abattoir frigorifique de Ouagadougou a été rénové. La Journée de Kaya consacrée à la promotion des fruits et légumes avait suggéré la création d’une société de commercialisation. C’est dans cette logique que le gouvernement à créer la SOBFEL.

Je crois que la JNP est un cadre de discussion sur l’avenir et le développement rural entre producteurs et gouvernants, chacun mettant un point d’honneur à honorer ses engagements. Il est important de continuer à organiser cette rencontre annuelle du chef de l’Etat entouré des membres du gouvernement avec des milliers de producteurs pour, ensemble en liaison avec les services techniques déconcentrés, trouver des solutions à même de permettre à notre pays d’avancer sur la voie de la diversification, de la commercialisation réussie et de la transformation des produits agro-sylvo-pastoraux.

Si on ne transforme pas nos productions, quelle que soit la quantité produite et vu que ce sont des denrées périssables, on ne peut accroître la production. Cela occasionne des chutes de prix surtout quand chacun vend au même moment. C’est le cas des céréales cette année. En novembre 2008, le sac de 100 kg de maïs se négociait à Houndé à 5 000 F CFA. Le même sac coûte aujourd’hui 15 000 F CFA. Cela s’explique par l’inorganisation de la commercialisation. Tout ceci constitue les problèmes auxquels nous devons faire face pour asseoir une agriculture durable dans notre pays.

S. : Quelle sera l’innovation majeure à Koudougou ?

D.A.B : Il sera organisé une foire régionale pour la première fois, en vue de montrer aux participants le potentiel de la région abritant la XIIIe JNP. Des exposants viendront également d’autres régions pour participer à la foire. Sur les trois cents stands prévus, 200 sont réservés aux produits du Centre-Ouest. L’autre innovation porte sur la participation accrue des producteurs au sein du comité d’organisation à travers la Confédération paysanne du Faso (CPF) et les Chambres régionales d’agriculture. De deux représentants par organisation lors des précédentes journées, cette année ils sont dix par organisation.

S. : Pourquoi le choix de Koudougou pour abriter la XIIIe JNP ?

D.A.B. : Au départ, la JNP devrait se tenir à Ouahigouya. Mais, cette ville doit abriter les manifestations commémoratives du prochain 11- Décembre. Le gouvernement nous a donc instruit de choisir une autre région non pas sans critère. Car la première édition de la JNP a été organisée à Léo en décembre 1993. La Journée a parcouru toutes les régions. Même si trois régions n’ont pas encore abrité la JNP parmi lesquelles figurent le Nord, le Plateau central et le Centre. Ouahigouya qui était la ville candidate idéale est malheureusement préoccupée par l’organisation des festivités du 11-Décembre.

Nous avons donc décidé de repartir à la région qui a abrité la première édition de la JNP. Le Centre -Ouest du fait de la foire régionale qui devrait sous-tendre la JNP est l’une des régions abritant diverses foires par produit : la fête de l’igname à Léo, celle des fruits et légumes à Réo ou encore du poulet à Poa. Ce sont des raisons qui ont fait que nous avons accueilli avec beaucoup de satisfaction le choix de Koudougou. Je dois dire qu’il est souhaitable que l’ensemble des acteurs du monde rural redoublent d’ardeur au travail car nous sommes engagés dans un défi qu’il faut absolument relever : le développement rural. Nous avons le potentiel pour nourrir les Burkinabé. Le monde rural représente plus de 86 % de la population active de notre pays. Nous devons soutenir cette frange importante et à elle de se débattre pour sortir notre pays de sa situation d’insécurité alimentaire. Parce que quand on a faim, tout le reste n’est que folklore.

Propos recueillis par S.N. COULIBALY


La JNP en dates

- Première édition : 28 décembre 1993 à Léo, province de la Sissili
- Deuxième éditon : 5 mars 1996 à Djibo, région du Nord
- Troisième édition : 4 avril 1998 à Dédougou dans le Mouhoun. A cette éditon, décision a été prise de faire de la JNP une rencontre annuelle
- Quatrième édition : 9 avril 1999 à Bogandé, sous le thème : “Des semences de qualité pour une meilleure production agro-pastorale”
- Cinquième éditon : 27 et 28 avril 2000 à Bagré, région du Centre-Est sous le thème :”Renforcer les organisations des producteurs pour une plus grande professionnalisation des acteurs du développemen rural”
- Sixième édition : 2 au 4 mai 2001 à Banfora, Région des Cascades. Thème : “Promotion de l’exploitation des périmètres irrigués villageois comme stratégie d’accroissement de la production”.
- Septième éditoin : 14 décembre 2002 à N’Dorola, région des Hauts-Bassin. Thème : “La petite irrigation villageoise : une alternative aux aléas climatiques pour sécuriser la production alimentaire et lutter contre la faim”.
- Huitième édition : 27 décembre 2003 à Kaya, région du Centre-Nord sous le thème : “Relance de la filière fruits et légumes comme contribution à la lutte contre la pauvreté”.
- Neuvième édition : 17 décembre 2004 à Gaoua, région du Sud-Ouest. Thème : “Promouvoir la filière bétail-viande pour renforcer le développement économique et social au Burkina Faso”
- Dixième édition : janvier 2006 à Manga dans le Centre-Sud. Thème : “Promouvoir la sécurisation foncière pour renforcer le développement des filières agro-sylvo-pastorales au Burkina Faso”.
- Onzième édition : 8 et 9 février 2007 Dori et Yakouta, région du Sahel. Thème : “Responsabilité des acteurs du monde rural dans la gestion durable des ressources naturelles”.
- Douzième édition : 25 et 26 janvier 2008 à Samandéni, Hauts-Bassins. Thème : “Intenfication des productions agro-sylvo-pastorales”.

Source : MAHRH

Sidwaya

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