Les chefs traditionnels d’Afrique veulent révolutionner leur rôle au sein de la société. Ils souhaitent désormais s’impliquer davantage pour le développement du continent. Et la culture semble être leur champ d’action privilégié. Ainsi le forum des rois, sultans, princes, cheiks et chefs coutumiers africains propose son soutien aux organisateurs du FESPACO. Une délégation de trois notables était à Ouagadougou ce vendredi pour expliquer le bien-fondé de cette action.

« Le cinéma est une voix de communication et d’éducation » ; de ce fait, « le plateau du cinéma nous intéresse », affirme le secrétaire général permanent du forum, sa Majesté TCHIFFI ZIE Jean Gervais. Voilà une bonne nouvelle pour les cinéastes africains. Le forum des chefs traditionnels demande par conséquent aux réalisateurs de retourner à la source pour puiser dans la richesse des traditions africaines. Ils contribueront ainsi au développement du continent. « Nous ne pouvons pas développer l’Afrique en négligeant nos valeurs coutumières, en ne copiant que l’occident », se convainc le secrétaire général du forum des rois, sultans, princes, cheiks et chefs coutumiers africains.

Pour encourager les cinéastes, un prix spécial sera institué dès le prochain festival de Ouagadougou. Ce prix spécial récompensera le réalisateur qui aura le mieux valorisé la culture africaine. Il est vrai qu’ils n’ont pas été invités au 21ème FESPACO. Mais ils démontrent par ce geste leur disponibilité à apporter leur contribution pour le rayonnement du septième art africain.

Le chef ne fait pas la politique, il la vit

Le rôle du chef traditionnel est de donner confiance à la société. C’est aussi donner de bons repères aux fils de l’Afrique. De ce fait, il ne fait pas la politique mais il la vit selon le secrétaire général permanent (SGP) du forum. Ce regroupement a pour but d’échanger les cultures. Mais son premier responsable étant le guide libyen Mohammar Kadhafi, certains le voient comme un instrument de l’homme fort de Tripoli pour narguer la communauté internationale afin d’aboutir à ses fins. A cette interrogation, sa Majesté TCHIFFI ZIE répond que si cette fin c’est de parvenir à l’unité des fils du continent, c’est une cause noble. Il ajoute qu’il ne faut pas voir que du noir dans les actions de celui qu’il convient maintenant d’appeler le roi des rois. Il est tout de même l’un des rares sinon le seul chef d’Etat africain à avoir investi tous ces fonds dans le continent.

Le SGP des rois ironise en ces termes : « pendant que les autres subissent de plein fouet la crise financière, le roi des rois dort tranquille car tous ces fonds sont en Afrique et la crise n’est pas encore arrivée ici ». Il rassure tout de même que les chefs ne peuvent se laisser manipuler sous aucun prétexte.

Le fait que les représentants du forum n’aient pas été accompagnés du Mogho Naba, roi des Mossé a aussi soulevé des questions. « Nous avons sa bénédiction », s’empresse le SGP de rassurer. « Cela est seulement dû à un problème de calendrier. Le chef des Mossé partage nos idéaux. Nous l’appelons d’ailleurs le sage des sages », ajoute-t-il.

Le secrétaire général permanent du forum était donc accompagné de sa Majesté le roi Adjahouda DODO, roi des Aïzo et président du syndicat des cinéastes du Bénin par ailleurs vice-président du conseil national des rois du Bénin, ainsi que du prince de Djibonoua, Nana Konan Acacthi qui est conservateur du patrimoine royal de Saafoué en Côte d’Ivoire. C’est dire donc que ce regroupement ne manque pas de compétences pour apprécier les œuvres cinématographiques.

Les sages de l’Afrique veulent agrandir leur pré-carré car ils nourrissent de grandes ambitions pour le continent. Après la rencontre de Tripoli, il y eut l’appel de Kinshasa et la déclaration d’Abidjan. La prochaine étape c’est la grande rencontre d’Accra qui est prévue du 26 au 28 mars prochain. Cette rencontre sera, à croire le secrétaire général permanent du forum, « les états généraux des crises qui minent l’Afrique ». Les chefs traditionnels vont proposer leurs expertises dans la résolution des conflits. Ce sera en tous les cas salutaire pour le continent. Pourvu que cet organe ne soit pas un de plus dans les charges de l’Union Africaine, car il y est inscrit comme organe consultatif.

Moussa DIALLO
Lefaso.net