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Baz bill, artiste musicien : Il faut reconnaître qu’il est difficile de dissocier le Chiwawa du « Glissement-Glissement »

Publié le mardi 24 février 2009 à 00h17min

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Le créateur du « Chiwawa » Baz bill vient de mettre sur le marché du disque, son 3e album intitulé « On t’a vu ici ».Cette 3e œuvre, marche fort actuellement au Faso grâce à sa sœur jumelle « Yobi-Yobi » ou « Glissement-Glissement », le concept créé par l’Ivoirien Consty DJ. A-t-on volé ou plagié le Chiwawa de Baz bill ? A cette question et bien d’autres, l’artiste nous a ouvert son cœur.

Comment l’artiste Baz bill a entamé cette nouvelle année ?

Baz bill : J’ai commencé cette année 2009 dans la sérénité et je souhaite à tous une bonne et heureuse année.

De « Chiwawa » tout court à « Chiwawa plus » quel en est le gain artistique ?

B : Il faut reconnaître que le plus ajouté au Chiwawa a été une somme d’expériences pour moi. Un artiste musicien doit toujours monter crescendo c’est ce que j’ai exprimé en disant « Chiwawa plus ». C’est cela qui m’a permis de bien concocter le 3e opus qui cartonne fort actuellement.

Peux-tu lever un petit coin de voile sur le comportement de ce 3e album sur le marché ?

B : Je voulais tout d’abord dire un grand merci aux journalistes et animateurs qui ont abattu et abattent toujours un gros travail pour positionner mon album. Maintenant l’album cartonne car il est écouté et acheté par les mélomanes. Les cassettes sortent, les CD aussi et j’en suis très fier.

Nous voulons quelques chiffres pour mieux apprécier la valeur de ton œuvre ?

B : (Hésitation). Au Faso ici, ce n’est pas facile avec les chiffres, mais je sais que l’œuvre s’achète. L’album n’a pas encore un an et déjà les chiffres qui me reviennent sont très encourageants. J’en compte 20 mille au premier anniversaire de l’album.

Le Chiwawa est-ce une musique ou une danse ?

B : Ce sont les deux à la fois, musique et danse, voilà pourquoi les gens font un lien entre le Chiwawa et le « Glissement-Glissement ». Ce dernier n’est qu’une danse, mais le Chiwawa est une danse et musique.

Comment explique-tu le fait que le « Youpi Youpi » né après le Chiwawa vienne te battre sur ton terrain au Faso ?

B : Je ne suis pas d’accord sur le fait qu’on m’a battu sur mon terrain. Ici au Burkina, les gens aiment beaucoup plus ce qui vient du dehors. Mais, dans cette affaire, la venue de Consty DJ avec son « Glissement-Glissement » a aussi permis de faire la promotion du Chiwawa. Quand quelqu’un ne peut pas faire ton malheur, il fait ton bonheur.

Comment dit le dicton, les cailloux « Chiwawa » ont profité du « Glissement-Glissement » pour avoir de l’huile…

B : (Rires). Ici la musique et les artistes musiciens ne sont pas considérés à leur juste valeur. On crée les concepts, mais il n’y a pas de suite. On a le Djougo, le Takiborsé, le Chiwawa, etc. Il n’y a jamais eu un concept accepté par tout le monde.

La question du caillou et de l’huile reste toujours entre le Chiwawa et le « Glissement-Glissement ».

B : Je ne me considère pas comme un caillou encore moins profiter pour avoir de l’huile. Le Chiwawa existe depuis 1990, alors que le « Glissement-Glissement » est né, il y a tout juste un an.

Il faut reconnaître qu’il est difficile de dissocier le Chiwawa du « Glissement-Glissement » et l’un dans l’autre chacun de nous deux, Consty DJ et moi en tirons profit. Je vous apprends qu’il m’a proposé de faire en duo pour montrer au public qu’on est complémentaire.

C’est pour quand ce duo ?

B : La date n’est pas encore arrêtée, mais c’est si sûr, le public aura l’occasion de voir les deux styles sur un même plateau.

Tu profiteras alors de son aura ?

B : Je sais que tu veux me pousser à dire quelque chose m…, mais je ne le dirais pas. Il n’y a pas de profit à tirer, il y a une complémentarité, d’ailleurs Consty DJ n’est pas le premier à s’inspirer du Chiwawa, avant lui, il y a eu Grand-Père avec « Sogoma Sandji ». Mais je reste le précurseur. Si les deux artistes venus de la Côte d’Ivoire ont pu avoir du succès en s’inspirant de mes œuvres, c’est aussi la preuve qu’ici au Burkina il y a un problème de suivi. Celui qui a dit que nul n’est prophète chez soi a dû penser au Burkina en le disant. Quand on prend le cas de Afo Love, elle est une grande star aujourd’hui en Côte d’Ivoire, mais quand elle était ici à Ouaga, personne ne la considérait. Nous les artistes faisons notre travail, on se bat pour sortir des œuvres, mais ça ne suit pas. J’espère qu’un jour les mentalités vont changer.

La musique n’a pas de frontière mon cher Baz bill, ou bien veux-tu qu’on achète une œuvre parce que c’est celle d’un frère burkinabè ?

B : Je ne dis pas cela, mais il y a des choses à revoir. Si je prends le cas d’une boîte de nuit ou d’un maquis, pour entendre une musique burkinabè, il faut que ce soit sur demande. Les DJ disent toujours que les clients aiment les musiques étrangères et l’on ne peut en vouloir aux tenanciers des maquis ou propriétaires de boîtes de nuit de ne pas répondre aux desiderata de la clientèle. C’est pourquoi la nouvelle vague de musiciens préfèrent aller en Côte d’Ivoire pour y ramener des œuvres qui ressemblent à celles des Ivoiriens et ça marche.

Ton dernier album, « on t’a vu ici » est-il des comptes que tu règles à quelqu’un ?

B : Je ne pense pas régler des comptes à qui que ce soit, c’est une inspiration tirée de la vie de tous les jours. Je conseille simplement de travailler pour réussir au lieu d’opter la médisance. Pour moi, le départ ne compte pas, seule l’arrivée est importante. Il m’est revenu plusieurs fois, en effet, que mon album est considéré comme une attaque, je répète, il est plutôt un galvanisateur pour le travail qui permet à l’homme de s’accomplir. Ici à Ouaga, on entend chaque expression, « On t’a vu ici », il faut arrêter ça et travailler pour le développement durable. Si quelqu’un était à pied, puis a eu un vélo, une moto et aujourd’hui il roule en voiture, je veux qu’on lui reconnaisse ses efforts pour s’émanciper et non lui rappeler à chaque instant son passé de pauvre. Cela dit, je ne parle pas de ceux qui ou volé ou qui font des coups bas pour s’enrichir.

Il n’y a rien de personnel, sorte d’autobiographie dans cet album ?

B : Rien de personnel, c’est un constat qui m’a inspiré l’œuvre. Sans rouler sur l’or, je peux dire que j’ai eu la chance d’avoir bénéficié de la bourse de l’Etat de la 6e au lycée à la 4e année d’université et j’avais une P50, c’était la Mercedes de l’étudiant à l’époque et, après l’université, je me suis installé à mon propre compte tout en faisant la musique à côté. On m’a certainement vu ici, mais je n’en profite pas pour régler des comptes. Je précise que l’expression, « On t’a vu ici » s’adresse le plus souvent à des personnalités de ce pays, et je pense qu’elles ne sont pas toutes des parvenues, il y a du mérite dans l’ascension de beaucoup de personnes, c’est ce que je souhaite qu’on retienne.

On peut donc te considérer comme l’avocat des personnalités du Burkina ?

B : Je suis plutôt l’avocat de tous ceux qui se battent pour changer le cours de leur vie, qu’on soit commerçant, mécanicien, médecin ou homme politique, l’essentiel est de se battre pour améliorer la situation, et rendre cela profitable à beaucoup d’autres personnes.

Comment vont les rapports entre votre Association des jeunes musiciens et les groupes des vieux musiciens ?

B : Je rectifie, il n’a pas de vieux musiciens regroupés en association ou syndicat. Je sais que la dénomination de notre association gène beaucoup de gens, mais il n’y a pas de différence à faire entre d’une part le groupe des jeunes et celui des vieux, on est tous jeunes de 7 à 77 ans. Dans notre association il y a Georges OUEDRAOGO, le Gandaogo qui a 60 ans, mais il est jeune musicien. C’est la preuve que notre association travaille à améliorer le statut de l’artiste musicien au Faso.

Pourquoi alors le qualificatif « Jeune » dans votre association si cela ne sert à rien ?

B : Ce n’est qu’une terminologie, mais la réalité est que l’association regroupe plusieurs générations, à la création on ne pouvait pas dire Association des musiciens du Burkina, elle existe déjà. L’Association des artistes-musiciens Burkinabè aussi existe, alors on a ajouté le mot « Jeune » pour faire la différence mais au fond, c’est une association fédérative.

Certains se demandent si tu ne vis que de la musique ?

B : J’allie la musique à d’autres activités, j’ai eu du matériel audiovisuel et un studio, donc je me débrouille avec ça à côté de la musique. Il ne faut pas oublier qu’ici au Faso, la musique ne nourrit pas son homme.

Quelle est ta situation matrimoniale ?

B : Je suis marié et père de famille.

Ton épouse serait-elle une « Blanche » comme aiment les musiciens ?

B : Non, mon épouse est Burkinabè.

Que dis-tu de l’élection de Barack OBAMA ?

B : Très bien, je dois souligner d’abord que Barack OBAMA est un frère Gurunssi, son nom était BAMA, on a juste ajouté le « O » devant. Je suis donc très fier de son élection et cela a dû aussi faire plaisir à Bob MARLEY, Martin Luther KING.

Comment le président des jeunes musiciens que tu es, voit les perspectives du FESPACO  ?

B : Le cinéma et la musique vont toujours ensemble, donc le FESPACO est aussi la fête des musiciens. Nous allons jouer notre partition qui est l’animation de la capitale durant le Festival.

Issa SANOGO

L’Opinion

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