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Crise malgache : La loyauté de l’armée à rude épreuve

Publié le jeudi 19 février 2009 à 03h07min

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« Joli prétexte pour militaires ambitieux ». C’est le titre de notre Regard sur l’actualité du mardi 17 février 2009, consacré à la situation politique actuelle à Madagascar. « Mais, sans le savoir, les deux camps, qui se regardent en chiens de faïence, offrent des arguments trop faciles aux militaires ambitieux pour usurper le pouvoir d’Etat ». Inquiétude de notre éditorialiste du jour.

En effet, de moins que ce qui se passe depuis deux semaines sur la Grande Ile, des militaires ont tiré prétexte pour s’emparer des commandes de l’Etat dans bien de pays africains. Ce fut le cas en Mauritanie et en Guinée Conakry pour ne citer que ces deux exemples récents. Fort heureusement à Madagascar, malgré l’enlisement politique, l’armée n’a pas succombé, en tout cas jusque-là, à l’infâme tentation de mettre le pays en coupe réglée.

Juste une question de temps ou expression d’un attachement aux valeurs républicaines de l’armée ? Difficile de se faire une opinion, tant la presse la presse locale charrie actuellement des informations contradictoires.

Tenez ! Selon Midi Madagascar, les plus hauts gradés de l’armée et de la gendarmerie ont encore confirmé leur respect de la légalité, « mais, rapporte le journal, ils ont assuré qu’ils prendraient leurs responsabilités si les civiles ne trouvaient pas de solution à la crise ». Un euphémisme pour désigner la menace de la soldatesque de recourir au coup d’Etat comme solution à la crise politique.

Cependant, selon notre confrère Madagascar Tribune, la Grande Muette, même si elle a rompu le silence, a réaffirmé sa loyauté aux institutions républicaines. Dans sa relation, hier mercredi 18 février, d’une conférence de presse animée par six généraux au lendemain de leur rencontre avec le président Marc Ravalomanana, le quotidien rapporte : « Ces généraux rassurent leurs cadets et leur rappellent que les forces armées malgaches sont unies et une pour la patrie. Elles n’ont aucune velléité ni intention de prendre le pouvoir… Ces officiers généraux ont réclamé, eux aussi, le règlement rapide du conflit dans le respect de la légalité ».

En tous les cas, il ne faut pas mettre à l’épreuve l’esprit républicain de l’armée, ce qui semble être le rêve vile du pagailleux maire Andry Rajoelina. Hier encore disc-jockey dans les cabarets de Tananarive, TGV, comme on le surnomme, sourd aux prières du Conseil œcuménique des Eglises, indifférent aux appels de la communauté internationale, rebelle à l’ordre constitutionnel, pousse, pousse et pousse ses partisans au chaos. « Sans la démission du président Marc Ravalomanana, pas de dialogue », objecte-t-il à qui veut lui faire entendre raison.

A chaque jour suffit sa peine. La neutralité affichée de l’armée ne saurait être un chèque en blanc pour les deux protagonistes de l’exaspérante crise malgache. Car, même dans l’armée, la vérité d’aujourd’hui n’est pas celle de demain.

Si, en désespoir de cause, « les derniers remparts de la République et de l’unité nationale » finissent par siffler, au son du canon, la fin de récréation, bien malin qui saurait deviner la suite qui sera réservée au président de la République et à son ennemi intime, le maire de la capitale. Et le plus grand perdant ne serait pas forcément celui que l’on croit. « Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse », enseigne cette sagesse du XIIIe siècle.

Alain Saint Robespierre

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 21 février 2009 à 01:56 En réponse à : Crise malgache : La loyauté de l’armée à rude épreuve

    Un Disc Joker ne peut- il pas etre president ? Est- il un saltimbanque ? Que dire d’ un caporal qui se saisit du pouvoir ? Vraiment, le complexe des civils ne finira jamais.

  • Le 4 mars 2009 à 16:57, par Rakotoarisoa Jean-Eric En réponse à : Crise malgache : La loyauté de l’armée à rude épreuve

    Votre vision de la situation politique malgache est trop simpliste. Il existe une véritable crise politique à Madagascar. La fermeture de la station de télévision du maire d’Antananarivo, Andry Rajoelina, n’a été que le déclencheur d’un mécontentement latent depuis deux ans. Les Malgaches aspirent à plus de démocratie (depuis 1998, la radio et la télévision publiques sont sous la coupe réglée du pouvoir en place avec Didier Ratsiraka de 1998 à 2002 puis Marc Ravalomanana de 2002 jusqu’à aujourd’hui et la liberté d’expression est bafouée), à un mieux être économique et social( les richesses du pays sont accaparées par des affairistes proches du pouvoir en place) et à un niveau d’insécurité acceptable.
    A Madagascar, en cas de crise politique, il n’y a que deux organisations structurées au niveau national : les quatre grandes églises chrétiennes et l’armée. Depuis toujours, cette dernière est légaliste. Elle ne prend le pouvoir que poussée par la population excédée par l’irresponsabilité des hommes politiques malgaches. Comme pour les crises de 1972, de 1991 et de 2002, elle est appelée à défendre le peuple ou du moins à jouer un rôle d’arbitre.

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