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DESTITUTION DU MAIRE DE TANA : Quelle destination pour TGV ?

Publié le jeudi 5 février 2009 à 02h26min

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Le couperet est tombé. Andy Rajoelina, maire de la capitale malgache, Tananarive, a été destitué de son poste. Le strapontin politique sur lequel, il défiait le pouvoir de Marc Ravalonana depuis quelques jours, lui a été simplement retiré par arrêté ministériel.

Le président de la république n’a pas supporté l’outrecuidance de ce jeune maire populaire et riche qui, non content de défier le gouvernement, s’est pratiquement autoproclamé président. Une façon de signifier à l’opposant qu’en république, il y a quand même des règles à respecter. On remarquera que le pouvoir a laissé faire les manifestants et qu’il n’a réagi qu’au lendemain de l’introduction d’une procédure de destitution du président de la république.

Sur cette procédure, on se demande si le jeune maire , qui a senti venir les critiques sur sa façon de prendre le pouvoir, n’a pas ainsi voulu la vêtir d’apparats juridiques. N’était-ce pas d’ailleurs une tentative vouée à l’échec quand on sait que le parti du président détient la majorité à l’Assemblée nationale et que le pays manque de Haute cour de justice pour juger le président ? La question est de savoir comment va réagir le camp du jeune maire après cette douche froide. L’avenir de la Grande Ile se joue désormais dans la réaction de chaque camp. Andy TGV a déjà appelé ses partisans à sortir pour manifester. La qualité de la mobilisation fut médiocre, les rangs ayant été très clairsemés hier sur la place du 13 mai .

La tentation est donc grande du côté du pouvoir d’en finir avec le maire en lui assénant le coup de grâce qui pourrait venir sous la forme d’une inculpation pour trouble à l’ordre public et tentative de coup d’Etat. Les partisans de cette option estiment que le maire a outrepassé ses prérogatives et que sous d’autres cieux, pour moins que cela, des maires ont été virés de leurs postes et des opposants envoyés en prison. Depuis le début du mouvement, le gouvernement est resté dans une posture d’attente, comme s’il avait été impressionné par la démonstration de force. Mais au final, sa réaction lente et ferme a permis de ne pas jeter de l’huile sur le feu et entraîner un chaos certain qui aurait pu l’emporter.

C’est là toute la différence entre le renard qu’est Marc Ravalomanana et le jeune loup aux dents longues, mais inexpérimenté. Ce dernier, en bon opportuniste, s’est servi du mécontentement social, qui est une réalité, pour opérer un coup de force constitutionnel. L’Union africaine qui est devenue familière de ces coups d’Etat déguisés, a condamné fermement les auteurs de cette insurrection, qui malgré son caractère populaire, n’en est pas moins anti- constitutionnelle et anti démocratique. C’est l’occasion de s’interroger sur la position de la France sur cette crise. Elle a certes appelé les deux protagonistes au calme afin de ne pas aggraver la tension sociale. Mais dans le même temps, elle demande au pouvoir d’Antananarivo de revoir sa copie.

C’est une suggestion qui se justifie au vu de la réalité sur le terrain mais, dit dans un tel contexte, elle pourrait paraître partisane ou du moins être utilisée par le camp du maire déchu comme un soutien déguisé. Madagascar intéresse la France d’un point de vue économique et stratégique. Elle y compte également environ 20 000 ressortissants, d’où son intérêt à suivre l’évolution heure par heure sur le terrain en cas d’évacuation. Elle marche sur des œufs. Faut-il soutenir un mouvement anti-républicain, malgré les griefs que l’on peut formuler contre la gestion du président actuel ?

Si oui, il faudrait que tous les défenseurs de la démocratie, parmi lesquels la France, nous en précisent le seuil de tolérance. On attendait plutôt du jeune maire qu’il maintienne la pression en attendant les prochaines échéances. La mairie de Tana qu’il a conquise haut la main avec 63% des voix est un exploit qu’il peut rééditer pour peu qu’il ait la capacité de canaliser cette colère en expression démocratique dans les urnes.

Mais c’est peut-être mal connaître TGV (qui porte bien son surnom) qui s’impatientait d’entrer au terminus, c’est-à-dire au palais présidentiel. Il devra cependant revoir sa destination au vu de l’échec de son appel à la mobilisation de ce mardi. Le grand test demeure cependant la manifestation de samedi où le maire déchu va annoncer la composition de son gouvernement de transition. Mais d’ici là, bien des choses peuvent se passer sur la Grande Ile.

Par Abdoulaye TAO

Le Pays

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