LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Augmentation des salaires et modification de l’IUTS : Satisfaction chez les uns, interrogations chez les autres

Publié le mardi 3 février 2009 à 02h08min

PARTAGER :                          

Le Conseil des ministres en sa séance du 24 décembre 2008, a adopté les rapports consacrant l’augmentation des salaires et les abattements des taux de l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS). L’application de ces dispositions devrait être effective dès janvier 2009. Quelques personnes interrogées à Ouagadougou sur la question, donnent leur opinion. Les avis sont mitigés, mais dans l’ensemble, on apprécie positivement la décision gouvernementale, même si on pense que l’Etat pouvait mieux faire. Chez les commerçants, pas question d’augmenter les prix des articles parce que disent-ils, l’augmentation des salaires n’est pas consistante.

"Augmentation des salaires et pensions au taux unique de 4% avec une fixation de la valeur indiciaire et un nouveau barème de solde des contractuels de l’Etat dans les Etablissements publics de l’Etat (EPE) à compter du 1er janvier 2009". Telle est la substance de l’un des rapports adoptés en Conseil des ministres, en sa séance du 24 décembre 2008. L’autre rapport adopté au cours du même Conseil est relatif à l’examen et l’adoption d’une ordonnance portant modification du code des Impôts en matière d’impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS).

L’application de cette disposition devrait permettre "d’alléger les charges professionnelles dans les secteurs privé et public de 15 à 20% sur les salaires des cadres supérieurs et de 15 à 25% sur les salaires des autres agents conformément aux conclusions des négociations gouvernement/syndicats". Les avis des populations (fonctionnaires ou non) sont divers à propos de l’application de la mesure. Alors que dans le public la plupart des fonctionnaires interrogés disent avoir ressenti l’augmentation sur leur bulletin du mois de janvier, dans le privé, on attend toujours. C’est le cas de Mme Marie Thérèse Kaboré, caissière dans une microfinance. "Nous n’avons pas encore ressenti l’augmentation à notre niveau. Nous attendons toujours", a-t-elle avancé.

Même son de cloche chez Louis Arsène Zoungrana, agent à l’Union des assurances du Burkina (UAB). Pour celui-ci, vu "les effets de la vie chère, il conviendrait que l’Etat essaie de voir rapidement le cas des travailleurs du privé".
Qu’à cela ne tienne, les uns et les autres apprécient l’esprit de la décision du gouvernement d’augmenter les salaires. Selon certains, l’augmentation est salutaire dans la mesure où elle répond aux préoccupations sociales des fonctionnaires. "Il est évident qu’il ne faut pas d’ores et déjà voir le montant que nous percevons parce qu’il est insignifiant", a reconnu Fidèle Yaméogo, un agent du Trésor.

En effet, la majorité des fonctionnaires estiment que le gouvernement devrait faire plus d’effort. "Nous aurions voulu que l’augmentation atteigne les 25 % demandés par les syndicats ou dans le cas contraire, au moins, la moitié", déclare Gilbert Gnoumou, instituteur à la retraite.
La satisfaction des salariés est d’autant plus limitée que certains lient l’augmentation des prix des denrées à cette récente augmentation de salaire.

"L’augmentation est trop minime alors que depuis que certains commerçants l’ont apprise, ils ne cessent d’augmenter les prix des produits", a regretté Awa Koubéré, contrôleur financier du ministère de l’Enseignement de base. nD’autres cependant, reconnaissent que l’augmentation des prix des denrées n’est pas liée à celle des salaires. "L’inflation des prix des produits est plutôt imputable aux effets de la vie chère et à la crise économique mondiale", soutient M. Yaméogo, agent du Trésor.

Pour leur part, les commerçants se défendent comme ils peuvent. L’un des responsables d’une grande poissonnerie à Ouagadougou, Abou Dia, se veut clair : "Nos prix ne sont pas fixés en fonction des salaires des fonctionnaires, mais en fonction de la situation internationale".
Quant à Moussa Kafando, vendeur de portables et divers articles, "avec cette petite augmentation de salaire, aucun commerçant sérieux n’ose augmenter le prix de ses produits au risque de perdre sa clientèle. Déjà que les affaires ne marchent même plus".

En effet, l’incidence financière sur le budget 2009 de la mesure relative à la modification du code des impôts en matière de l’IUTS, est estimée à quatre milliards cinq cent millions (4 500 000 000) de francs CFA. Quant à l’impact financier de l’augmentation à 4 % des salaires, il est évalué à cinq milliards cinq cent millions (5 500 000 000) de francs CFA, en terme d’accroissement des dépenses de personnel sur le budget gestion 2009.


Quelques Ouagalais donnent leur opinion sur l’augmentation des salaires

Mme Marie Thérèse Kaboré, caissière dans une entreprise de microfinance : "Pour le moment, nous n’avons pas ressenti l’augmentation sur nos bulletins de ce mois de janvier. Peut-être que les fonctionnaires du public ont tous constaté l’effectivité de l’application de la mesure chez eux. Sinon la mesure en elle-même est bonne et est à saluer. Quand bien même l’augmentation est insuffisance, elle viendra nous soulager".

Ramondé Sam, agent du ministère des Finances : "Je trouve que c’est une bonne chose que d’augmenter les salaires dans la mesure où le pouvoir d’achat des fonctionnaires sera un peu augmenté. Cependant, nous aurions voulu que le taux d’augmentation soit un peu plus élevé".

Louis Arsène Zoungrana, agent à l’UAB : "C’est une bonne initiative, mais seulement ça ne résoud pas le problème. 4% c’est peu, si les autorités pouvaient faire un effort. Même si on ne peut pas augmenter jusqu’à 25% comme le réclament les syndicats, au moins qu’on atteigne 10%. Ce serait mieux. Vu aussi les conditions de vie chère, ce que l’on gagne ne suffit pas pour les besoins de la famille. Jusqu’à présent, on n’a pas encore ressenti l’augmentation sur nos salaires".

Gilbert Ganoumou, instituteur à la retraite : "L’augmentation des salaires est un effort du gouvernement qu’il faut saluer à sa juste valeur compte tenu de la situation actuelle ; mais concrètement, elle est insignifiante. En tant que membre d’un syndicat (SYNAB), j’aurais voulu que cette augmentation atteigne les 25% demandés par les syndicats, dans le cas contraire au moins la moitié. Je ne crois pas que cette augmentation ait un impact sur le prix des denrées et les commerçants se plaignent que le marché n’est plus fructueux, donc ils n’ont pas intérêt à augmenter le prix des produits".

Fidèle Yaméogo, agent du Trésor : "Je pense que l’augmentation est salutaire parce que toute augmentation répond aux préoccupations sociales des fonctionnaires que nous sommes. Il est évident qu’il ne faut pas d’ores et déjà voir le montant que nous recevons parce qu’il est trop insignifiant, mais de façon globale, la masse est très importante. L’impact qu’il y a sur la masse salariale est non moins considérable. Nous pensons qu’une telle initiative doit être pérennisée parce qu’elle répond aux revendications des différents syndicats.
Moi personnellement, je l’ai ressentie en fin janvier 2009. Depuis qu’il y a eu cette augmentation, le prix de certaines denrées ne font que grimper, mais je ne crois pas que cette inflation soit liée à l’augmentation des salaires. C’est plutôt à la crise économique et financière que traverse le monde".

Diarra Mamadou, inspecteur de l’enseignement : "L’augmentation est un effort de la part du gouvernement, mais ce n’est pas proportionnel à la situation que nous vivons. Il est évident que quand on essaie d’évaluer sur le plan national, c’est une grosse somme mais ça ne soulage pas les fonctionnaires. J’aurais aimé que l’augmentation atteigne au minimum 10%. Sur le marché des produits, je n’ai pas connaissance d’une quelconque augmentation des prix des produits".

Awa Koubéré, contrôleur financier au MESSRS : "L’augmentation est trop minime alors que depuis que certains commerçants ont appris cette augmentation, ils ne cessent d’augmenter les prix. Au lieu que cela soit un soulagement pour les fonctionnaires, elle est au contraire, nuisible pour nous. Je pense que c’est pour calomnier les fonctionnaires".

Mme Bertille Dally, commerçante : "L’augmentation est bonne (surtout avec la crise financière), mais mon souhait est que le gouvernement le fasse sans problème, parce que si l’augmentation dépasse les limites de l’Etat, c’est difficile. Elle est salutaire aussi parce que ça augmente le pouvoir d’achat des fonctionnaires et cela va se répercuter sur les commerçants. Mais ce n’est pas une raison pour augmenter les prix des produits. Déjà que ce n’est pas facile pour les fonctionnaires. Les commerçants doivent maintenir les prix pour ne pas iler cette augmentation".

Léon B. Hien, professeur de mathématiques à Pabré : "L’augmentation des salaires donne l’impression que les autorités font quelque chose tout en tenant compte des contraintes gouvernementales. A écouter les uns et les autres, on peut dire que cela n’est pas satisfaisant. Il est vrai qu’en matière d’augmentation de salaire, on ne peut pas trouver un juste milieu parce que même si les autorités augmentaient jusqu’à 50%, des gens trouveront toujours que c’est peu. Mais si cela atteignait 10 à 15%, ce serait mieux. J’ai ressenti sur mon bulletin une augmentation de 10 000 francs CFA mais, c’est de tout de même insignifiant".

Moïse Lamoussa Bamogo, attaché d’administration : "L’augmentation n’est pas du tout aisée. Moi personnellement, je n’ai eu que 2000 F CFA sur mon salaire. Alors que les prix des denrées ont grimpé. Si on pouvait réduire le prix du carburant et des denrées, on sentirait mieux cette augmentation".

Batia Sogo, DEP de l’enseignement secondaire : "L’augmentation est salutaire parce qu’on l’a ressentie à la fin du mois. Mais si le gouvernement pouvait faire plus, ce serait mieux parce que si on compare l’inflation par rapport à l’augmentation, elle est trop insignifiante. Les syndicats auraient demandé une augmentation de 25% et le gouvernement a proposé 4%, c’est trop minime, parce qu’il faut répartir judicieusement le fruit de la croissance".

Alban KINI (alban_kini@yahoo.fr) et Rasmané SIMBRE (Stagiaire)

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 3 février 2009 à 10:03, par OUEDRAOGO77 En réponse à : Augmentation des salaires et modification de l’IUTS : Satisfaction chez les uns, interrogations chez les autres

    OUEDRAOGO ABDOUL,OUVRIER DANS UNE IMPRIMERIE :

    "L’augmentation est un effort de la part du gouvernement, mais ce n’est pas suffisant à la situation que nous vivons. Il est évident que quand on essaie d’évaluer sur le plan national, c’est une grosse somme mais ça ne soulage pas les fonctionnaires. J’aurais aimé que l’augmentation atteigne au minimum 10%. Sur le marché des produits, je n’ai pas connaissance d’une quelconque augmentation des prix des produits".il faudrait que l’État met l’accent sur les secteurs privées parce que quant on dit augmentation dans les privées ce ne pas leur problème. il ya eu augmentation en 2008
    le conseil des ministre du 08 octobre 2008
    - ouvriers et employés 8% ;
    - agents de maîtrise et assimilés 6% ;
    - cadres et assimilés 4%.
    il faut que l’État essaie de voir dans les secteurs privés ça ne va pas du tout, c’est du désordre . soit il contribue au développement du Burkina faso ou bien ils vont fermer leurs sociétés merci et bonne journée.

    • Le 4 février 2009 à 09:27, par Catherine Baum En réponse à : Augmentation des salaires et modification de l’IUTS : Satisfaction chez les uns, interrogations chez les autres

      Cet article laisse entendre que les prix n’ont pas augmenté ces derniers temps et qu’ils ne le seront pas davantage vu la faible augmentation des salaires. Je tiens à préciser que d’une semaine à l"autre, et ceci sans exagération aucune, les prix de certains produits augmentent chaque semaine dans les grandes surfaces libanaises. Je prends pour exemple certains produits alimentaires qui suivent une courbe ascendante quasi constante : ainsi certaines céréales de petit déjeuner sont ont connu en 15 jous, une augmentation de 1500 FCFA ! Le lait importé continue d’augmenter tandis que l’on trouve de moins en moins de produits de qualité, certains produits courants ayant carrément disparu des rayonnages de ces magasins alors qu’on les trouve aisément en Europe. Ces magasins ont une clientèle très large et le problème mériterait donc d’être soulevé, dans un contexte où beaucoup de ménages burkinabé ou étrangers, en peuvent plus se permettre de consommer du lait ou certains autres produits comme ils le voudraient, eut égard à ces hausses continues des prix. Qu’on ne nous dise donc pas que les commercants ne vont pas augmenter les prix, ils n’ont pas cessé de le faire !

  • Le 3 février 2009 à 12:52, par Guété En réponse à : Augmentation des salaires et modification de l’IUTS : Satisfaction chez les uns, interrogations chez les autres

    Bonjour chers internautes. Mon problème n’est pas dabord que l’augmentation est significative ou pas, mais quels sont les bénéficiaires ? Mon patron se defend comme quoi la mésure ne s’applique pas au privé. Vrai ou faux... S’il y a des internautes qui connaissent bien le contenu des accords, je solicite votre clémence pour comprendre mon patron ou lui faire compendre. Coordialement !

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)