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Sécurité alimentaire : Dure, dure sera la période de soudure

Publié le vendredi 30 janvier 2009 à 09h57min

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Les Burkinabè déchantent déjà ! Les bonnes récoltes annoncées pour la saison 2008 n’ont pas tenu leurs promesses. Il n’y aura donc pas à boire et à manger pour tout le monde. Bien au contraire, les choses vont être caillou. Les Burkinabè doivent resserrer encore plus leur ceinture. La loi du marché qui veut que l’abondance joue sur les prix à la baisse est quasi inexistante.

Les spécialistes du marché présentent un cas atypique qui mérite une réflexion poussée. C’est un vrai cauchemar pour les Burkinabè moyens qui ne savent plus à quel plat se vouer. Sera-t-il possible aux populations de tenir encore longtemps ? Le doute est permis. C’est pour cette raison que le gouvernement Testicus Zorro devrait sortir de son hoba-hoba pour prendre à bras-le-corps cette question de survie. 18 000 francs le sac de maïs au mois de décembre au Burkina ?

Mais on est où, là ? Les Etats africains ont fait le deuil de l’économie centralisée, mais tout de même, l’Etat ne peut pas fermer les yeux sur cette pratique. La situation est d’autant plus douloureuse que le froid de cette année se fait particulièrement fouettant. Alors, comment lutter contre ce froid, si on ne peut pas poser la marmite pour chauffer le ventre ? Les consommateurs du traditionnel benga ont vite fait de virer au café baoulé pour garder la température de l’estomac. On croit rêver, quand on constate que ceux qui se moquaient des consommateurs du haricot ne peuvent même plus se l’offrir. Le haricot est devenu un produit de luxe.

La crise actuelle des céréales pose, dans le fond, la question de lisibilité de l’action gouvernementale. Les marches contre la vie chère en févier 2008 avaient mis à nu la précarité de notre sécurité alimentaire, poussant le gouvernement à tenter d’agir sur la production nationale par la prise de mesures pour booster celle-ci. Joignant l’acte à la parole, l’exécutif, à travers le ministère en charge de l’Agriculture, a, entre autres, apporté son soutien aux producteurs. Ainsi, les engrais et autres semences de qualité ont été offerts aux producteurs pour faire de la saison 2008 une saison d’abondantes récoltes. Grâce à Dieu et aussi aux mânes de nos ancêtres, le vœu fut exaucé. Agriculteurs et techniciens ont confirmé cette excellente saison d’hivernage et de bonnes récoltes sur toute l’étendue du territoire. Si l’Etat a pu voler aux secours des producteurs, c’était avant tout pour qu’il y ait à boire et à manger pour tous.

Testicus Zorro devrait, dans la même logique, obliger les producteurs et les commerçants à respecter ce contrat avec le peuple. Si d’aventure aucune solution n’est trouvée dans les brefs délais, c’est toute la politique agricole du pays qui sera écornée. N’est-ce pas que les faveurs accordées aux producteurs en début de saison avaient pour objectif final de produire en quantité pour jouer sur les coûts des céréales ? Or, pour l’instant, en tout cas, c’est tout le contraire. Ce sont les commerçants qui se remplissent les poches. Sans oublier que le pire est à venir pour les consommateurs.

A cette allure inflationniste, en effet, la redoutable et redoutée période de soudure sera un cauchemar pour la grande majorité de la population. Et comme elle constitue une période charnière pour les agriculteurs, elle jouera négativement sur les productions de 2009. Le gouvernement Testicus doit donc se secouer un peu pour mettre de l’ordre sur le marché des céréales pendant qu’il est encore temps. Les fonds utilisés comme soutiens aux producteurs en juin dernier appartiennent aux contribuables et ils sont en droit d’attendre les retombées positives de l’utilisation de leurs impôts. Le risque est grand que le peuple meurt de faim pendant une période d’excédent céréalier. Quel paradoxe !

Adam Igor

Journal du jeudi

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Vos commentaires

  • Le 30 janvier 2009 à 13:13, par innocent En réponse à : Sécurité alimentaire : Dure, dure sera la période de soudure

    c’est tout simplement inadmissible et intolerable.il existe des commerçants qui stockent les produits au lieu les mettre sur le marché. certains de nos produits partent également à l’étranger. que fait le gouvernement tertius pour éradiquer le problème. il faut des mesures concrètes sinon Dieu lui même va nous punir. nous sommes un pays très pauvre alors il faut protèger le peu qu’on a. il faut un peu de bon sens parfois à nos dirigeants. il faut empêcher les cereales de sortir et amener les commerçants à sortir les vivres stockés dans leurs magasins.

  • Le 30 janvier 2009 à 17:51 En réponse à : Sécurité alimentaire : Dure, dure sera la période de soudure

    Une fois merci encors à la presse de s’intéresser de près à la sécurité alimentaire des pauvres Burkinabés. En effet, le problème à mon avis émane de plusieur aspects qui sont : politique et sociétal.
    La démarche gouvernementale en juin dernier pour aider les cultivateurs à produire mieux et plus était une bonne chose, cependant il a manqué de vigilance dans le contrôle des pix, des mouvements interne et externe et les ennuis que pourraient nous créer la bourse céréalière qu’il a laissé mettre en place.
    enfin, il serait temps qu’ils ouvrent l’oeil.

  • Le 30 janvier 2009 à 18:59 En réponse à : Sécurité alimentaire : Dure, dure sera la période de soudure

    L’article du Journal du Jeudi suppose que les données (hypothèses de départ) sont justes. Qu’elles sont elles ?
    Les récoltes sont abondantes , tout le monde l’a dit. Et si c’était le contraire ?
    En effet, les statistiques du Ministère de l’Agriculture sont sujettes à caution depuis un certain nombre d’années, depuis que les recrutements d’agents sont suspendus.

    Je parcoure le burkina de long en lagre chaque année, ce qui est dit des récoltes ne sont pas tout à fait juste. C’est vrai que les pluies ont été, grosso modo, normales à déficitaires par endroit, notamment au nord (yatenga et soum). Mais les récoltes ne sont pas à la hauteur des attentes, en tous les cas loin de ce publie le MAHRH, pour plusieurs raisons. Je n’en retiens que deux pour l’instant.

    La première ce sont les fameuses semences améliorées : que nenni, elles n’ont jamais été "améliorées", ce sont les mêmes que les producteurs utilisent sans ce qualificatif.

    Secundo, les engrais ont été largement vendues aux maréchaiculteurs en abondance et aux commerçants. Seulement environ un tiers a été effectivement utilisé dans les champs de riz.

    Voyez-vous, dans ce pays on a pris l’habitude de prendre des vessies pour des lanternes ! Eh bien, dites à Terticus de continuer dans cette voie pour le grand bien de l’opposition et des syndicats !

    Je vous proposerais un article plus long et plus argumenté, si vous acceptez de le publier.
    Merci de nous permettre de nous exprimer !

  • Le 30 janvier 2009 à 19:16, par L.B En réponse à : Sécurité alimentaire : Dure, dure sera la période de soudure

    Hé oui le pauvre burkinabé doit rendre l’âme parce que des ommerçants inconscients sont là. Ils veulent se remplir les poches mais tôt ou tard ils videront leurs poches pr payer leur survie. Le gouvenement doit absolument agir et contraindre le respect de tarifs qu’il communiquera à travers les médias. Les auteurs d’encherichement des provisions doivent être poursuivis et condamnés selon la législation de notre pays. Quelle situation désastreuse quand tout le mode croyait tenir la péridode « vache maigre ». Et à quand la période “vache grasse” ? ????????

  • Le 30 janvier 2009 à 20:40, par Ouédraog F.C. En réponse à : Sécurité alimentaire : Dure, dure sera la période de soudure

    Subir de plein fouet la disette cette année au Burkina Faso ! L’Etat a appuyé de son mieux les paysans ; ces derniers ont produit de leur mieux les céréales et les commerçants en régulent. Les commerçants recherchent bien sûr le maximum de profit par la rétention/stockage, d’autant plus que la demande urbaine et extérieure devient importante. C’est une pratique mondiale aussi bien pour l’alimentation que pour le pétrole, le libre marché aidant en cela, au profit des traders. Etant dit que le gouvernement refuse de plafonner les prix des céréales (libre marché oblige !), il lui reste me semble-t-il à inciter la valorisation des banques de céréales villageoises : le staff de gestion de la BCV, mis en place et accepté, achète les céréales à la récolte, au prix courant - le commerçant casse le prix, il remplit le sac à l’excès - pour revendre à un prix social durant la soudure. Il en existe des expériences réussies.

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