Le processus de décentralisation intégrale du territorial national continue son petit bonhomme de chemin avec des réussites, mais aussi quelques dysfonctionnements. Les structures de cette décentralisation sont, entre autres, les Conseils villageois de développement (CVD). Ils ont été mis en place en 2007 en tant qu’organes des conseils municipaux pour assurer la planification au niveau des villages. Dans la commune de Bobo-Dioulasso, les bureaux des CVD ont été validés et installés au cours du dernier semestre de l’année 2008. Quelques mois seulement après, le maire de Bobo-Dioulasso a maille à partir avec deux présidents des CVD.

Il s’agit de Bakary Sanou « plombier », président du CVD de Yéguéresso et de Bakary Gustave Sanou, président du CVD de Koumi. Salia Sanou a même démis de leurs fonctions ces deux personnes. Il leur est reproché d’avoir incité les responsables des autres CVD à protester contre le projet de redécoupage de la commune de Bobo-Dioulasso en sept arrondissements. Selon le maire Salia Sanou, « Bakary Gustave Sanou a réuni les CVD de Koumi, Logofourousso, Bana et Samagan pour protester. Pourtant le redécoupage de la commune avait été adopté par le conseil municipal. Il a associé à son projet Bakary Sanou plombier qui lui, a convoqué les jeunes et les CVD sur ce même problème.

Or aucun président de CVD ne peut convoquer l’autre. Seul le maire a la compétence de réunir tous les CVD s’il y a un problème. En plus de cela, Bakary Sanou plombier et Bakary Gustave Sanou ne résident pas dans leurs villages respectifs alors que selon les textes, les présidents des CVD doivent résider dans leurs villages. C’est pour toutes ces raisons que nous avons pris ces sanctions ». Bakary Sanou « plombier » l’un, des présidents démis, justifie leur acte : « Le maire a pris une décision nous démettant, Bakary Gustave et moi, parce que nous avons réuni les autres CVD contre le redécoupage de la commune de Bobo-Dioulasso.

Ce sont les jeunes qui sont venus nous voir parce qu’ils ont estimé que les villages situés à une quinzaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso peuvent constituer des communes rurales. Ils disent n’avoir pas été consultés sur ce projet comme recommandé par une circulaire du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD). Etant le plus âgé des présidents, les autres m’ont désigné pour conduire la réunion chez moi. Une correspondance a été adressée au MATD pour marquer le refus du découpage. C’est le maire Salia Sanou lui-même qui nous a installés sachant bien que nous ne résidons pas dans nos villages. Je ne comprends pas pourquoi il revient aujourd’hui nous dire que nous n’habitons pas dans les villages pour nous sanctionner ».

Selon le maire de la commune, des nouveaux présidents seront désignés incessamment à Yéguéresso et Koumi en remplacement de ceux déchus. Ces nouvelles nominations ne semblent plus intéresser Bakary Sanou « plombier » qui a laissé entendre : « J’ai accepté la présidence du CVD parce que je suis natif de Yéguéresso et je comptais apporter ma pierre pour son développement. Les places ne m’intéressent pas. J’ai déjà été plusieurs fois membre de la délégation spéciale et conseiller municipal pendant trois mandats. Mon ambition était d’aider les jeunes à s’organiser pour la prospérité du village. Même si on me demande de revenir, je n’accepterai plus, mais je continuerai d’aider
mon village ».

Ce que disent les textes

L’article 26 du chapitre VI du décret n° 2007-032/PRES/PM/MATD portant organisation composition et fonctionnement des conseils villageois de développement, précise que les membres d’un bureau de CVD peuvent faire l’objet de révocation en cas de faute grave. Ces fautes sont : les détournements, la concussion et la corruption, les faux en écriture et usage de faux, l’endettement excessif du village résultant d’une faute de gestion.

Elles concernent également le refus de signer ou de transmettre au maire les comptes-rendus périodiques, le refus du président de réunir le conseil, conformément aux textes en vigueur, l’absence du village aux réunions du conseil pendant plus de six mois, la poursuite devant un tribunal répressif ou de condamnation. Ces fautes font l’objet de révocation par arrêté du maire. D’autres dispositions du décret disent que les membres du bureau du CVD sont désignés par consensus ou, faute de consensus, par voie d’élection.

Le CVD est sous l’autorité du maire de la commune qui installe les membres du bureau. Il est chargé de contribuer à l’élaboration et à la mise en œuvre des plans communaux de développement, contribuer à la promotion du développement local dans le village et participer aux activités des différentes commissions mises en place par le conseil municipal pour la gestion et la promotion du développement local.

Adaman DRABO

Sidwaya