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Simon Compaoré maire de Ouagadougou : “Que le Collectif arrête les actes d’incivisme”

Publié le vendredi 9 janvier 2009 à 09h08min

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Des responsables du Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques ont été interpellés, le lundi 5 janvier 2009, par la gendarmerie suite à une plainte du maire de la ville de Ouagadougou Simon Compaoré. Le bourgmestre donne les raisons de sa plainte et se défend de vouloir faire enfermer des dirigeants du Collectif.

Sidwaya (S) : Qu’est-ce qui justifie la plainte que vous avez déposée contre le Collectif ?

Simon Compaoré (S.C.) : Chaque année, le Collectif organise des marches et meetings à Ouagadougou et dans les différentes villes le 13 décembre pour commémorer la mort du journaliste Norbert Zongo. Conformément à la loi, ses responsables écrivent pour signifier qu’ils veulent manifester puisque la manifestation sur la voie publique est réglementée. Donc ils prennent des dispositions pour respecter les textes en vigueur. Avant le 13 décembre, ils nous ont fait parvenir à cet effet une correspondance pour informer d’un depôt de gerbes de fleurs sur la tombe de Norbert Zongo au cimetière de Gounghin, et d’une marche avec un itinéraire défini. L’heure manifestation est aussi précisée. Ils nous ont également dit qu’après la marche, ils allaient tenir un meeting à la place de la Nation avec de l’animation. Nous avons reçu cette lettre et nous avons répondu en disant que nous prenons acte. Nous n’avons pas eu d’observation sur le circuit. Cela ne nous a pas posé de problème.

Nous leur avons demandé simplement de respecter les dispositions de la loi qui réglementent la manifestation sur la voie publique. Et comme en de pareils cas, nous avons informé les services de sécurité pour qu’ils puissent faciliter le passage du cortège. Le 13 décembre, ils sont allés au cimetière, ils ont fait la marche suivie du meeting à la place de la Nation. Le seul problème que nous avons constaté, c’est que lors de la marche, ils se sont arrêtés pour baptiser une rue. Si ce n’était que des propos, on pouvait dire que c’étaient des plaisanteries de mauvais goût. Mais ils ont confectionné des plaques en papier ayant à peu près les mêmes dimensions que celles que nous confectionnons pour le baptême des rues.

Et ils les ont collées sur les nôtres qui portaient déjà des noms de rues et les ont changées. Notamment sur les plaques portant “Avenue de la Nation”, ils ont mis dessus “Avenue Norbert Zongo” avec le logo de la ville d’une part et les insignes de Reporters sans frontières d’autre part. Il y a changement parce que dans leur lettre, les responsables du Collectif n’ont signalé nulle part qu’il allait y avoir un baptême de rue. Si nous avions été averti d’une telle activité, nous aurions attiré leur attention pour leur dire qu’ils ne sont pas compétents en la matière.

S. : Qui est donc compétent pour baptiser une rue ?

S.C. : Le baptême des rues relève des collectivités. Même l’Etat central, le gouvernement, s’il a besoin qu’une rue soit baptisée, est obligé de s’adresser à la mairie. Il y a eu dans l’action du Collectif deux erreurs, deux fautes graves. D’abord, le fait d’aller débaptiser une voie et de la rebaptiser. Ensuite, l’utilisation des armoiries de la ville de Ouagadougou sur un document non officiel que l’on plaque sur des installations officielles. En ma qualité de maire de la ville, je ne pouvais pas rester silencieux. Il a fallu les laisser repartir parce que si on agissait à ce moment, les responsables du Collectif allaient dire que nous avons agi en interne pour saboter la marche. Quand ils sont partis, nous avons envoyé la police pour décoller ces papiers qu’on avait collés sur les plaques de la mairie. A certains niveaux, les papiers étaient collés avec la colle forte et il a fallu gratter. Il y a donc eu détérioration de la qualité des plaques qui portaient déjà le nom “Avenue de la Nation”.

S. : Que représente cet acte du Collectif à vos yeux ?

S.C. : Cet acte relève de la pure provocation parce que ceux qui l’ont commis savent que le baptême de rue au Burkina Faso relève de la municipalité. Certains ont même assisté à des baptêmes de rue et savent comment ça se fait.

S. : Comment le Collectif doit s’y prendre s’il veut une rue au nom de Norbert Zongo ?

S.C. : Le Collectif a la possibilité d’écrire à l’autorité compétente. Ce qui n’a pas été fait. C’est pourquoi à mon corps défendant j’étais obligé d’écrire au procureur pour porter plainte contre l’acte qui a été posé qui est manifestement un acte illégal qui contribue à créer le désordre dans la ville et à altérer le mobilier urbain, le travail réalisé par la ville.

S. : Connaissez-vous l’auteur de cet “acte illégal” ?

S.C. : Selon les agents de la sécurité, c’est le nouveau Secrétaire général de Reporters sans frontières (Ndlr Jean Julliard), qui réside à Paris, et connaît les lois et les règlements en la matière qui est venu ici et avec nos compatriotes, a posé cet acte. J’estime que c’est vraiment de la haute provocation. Moi qui suis maire de Ouagadougou, si j’arrive à Paris et je m’amuse à poser un tel acte, ça va m’entendre. Je vais revenir ici en cascade peut-être directement dans un avion. Alors pourquoi quelqu’un venu d’ailleurs peut venir se moquer de nous ici et se foutre des lois de la République. Ce n’est pas normal, il faut un minimum de respect. Et on n’a pas besoin d’aller poser des actes illégaux pour qu’il y ait réouverture du dossier Norbert Zongo. C’est pourquoi, étant dans un Etat de droit, j’ai porté plainte. Sinon si je leur adressais une correspondance, ils auraient pris cela comme des menaces. J’ai porté plainte, pas pour demander de l’argent. Je ne veux même pas un centime, ce n’est pas non plus pour qu’on envoie quelqu’un en prison contrairement à ce qu’un des responsables du Collectif a soutenu. Je n’ai aucun intérêt à envoyer quelqu’un en prison, je n’ai même pas ce pouvoir. Je dépose plainte simplement pour qu’on puisse rappeler aux responsables du Collectif que les actes commis sont illégaux et ne doivent plus être répétés. Et si ces actes se répétaient, la ville sera obligée à son corps défendant d’intervenir.

S. : N’avez-vous pas peur de jeter de l’huile sur le feu ?

S.C. : Quelle huile sur le feu ! Si vous journaliste, vous sortez et vous vous mettez à apposer des papiers sur les plaques qui portent les noms des rues, vous croyez qu’on va vous laisser ? Alors pourquoi est-ce que la mairie peut ester en justice contre vous et ne peut pas le faire à l’encontre des responsables du Collectif. Ce serait faire du deux poids deux mesures ! Non, non ! Nous n’agissons pas comme cela. Si on doit vous interpeller pour vous dire que vous avez posé un acte manifestement illégal, on doit être à même aussi d’interpeller les autres pour leur dire aussi qu’ils ont aussi posé un acte illégal. Nous sommes tous des citoyens. Nul n’est au-dessus de la loi. Même le Président du Faso, le premier de tous les Burkinabè est obligé de respecter les lois et les règlements de ce pays a fortiori un Collectif. Les responsables du Collectif connaissent les procédures. La preuve, les posters de Norbert Zongo affichés sur les caïlcédrats portent le cachet de la ville de Ouagadougou. Car pour afficher publiquement dans la ville de Ouagadougou, il faut d’abord l’aval du service de publicité de la ville, pour le cachet. Pour coller les posters, les responsables du Collectif ont bien su qu’il fallait obtenir une autorisation. Et pour le baptême des rues, ils contournent les services compétents. Il y a une contradiction. Est-ce que la mairie a arraché les posters de Norbert Zongo affichés sur les caïlcédrats ? Non. Parce que le Collectif s’est mis en règle pour cela. Mais ils n’avaient pas l’autorisation d’aller débaptiser une voie et d’apposer des affiches sur les plaques officielles de la ville qui nomment les rues et qui orientent les citoyens de la ville et les visiteurs.

S. : Après l’audition des responsables du Collectif par la gendarmerie, quelle suite réservez-vous à cette affaire ?

S.C. : Le maire serait traité d’irresponsable s’il restait muet devant un tel acte. Beaucoup le taxeraient de faire du deux poids deux mesures. Ils vont dire : les autres ont débaptisé illégalement il n’a rien dit parce que c’est nous il este en justice. Car nous n’avons pas la capacité de mobiliser des gens derrière nous, il s’acharne. Quand on gère une ville comme Ouagadougou, on doit se fonder sur les principes d’autant que nous sommes dans un Etat de droit avec les mêmes lois qui s’appliquent à tous. Sinon j’ai suffisamment de boulot pour vouloir créer des problèmes à quelqu’un. Ma plainte vise à faire dire aux responsables du Collectif qu’ils ont posé un acte illégal et ce n’est pas normal. On ne doit plus poser des actes de ce genre dans la ville. Cela provoque du désordre.
J’ai déposé une plainte auprès du procureur, le reste n’est plus de mon ressort.

S. : La plainte du maire de Ouagadougou n’est-elle pas aussi celle du militant du CDP ?

S.C. : Il n’y a pas de confusion à faire. Le CDP n’a rien à voir ici. Je n’ai agi qu’en tant que maire de la ville. Si je n’étais pas le répondant de cette ville devant l’administration, de tout ce qui est fait dans la ville de Ouagadougou en matière de gestion, je n’allais pas déposer cette plainte. En ma qualité de maire, j’acte pour la ville et au nom de la ville. C’est tout. Il ne faut pas contourner la vérité. Ce qui est plus grave encore, il y a quelques jours de cela le 31 décembre 2008, le directeur de l’Habitat et de l’Urbanisme de la ville en charge des baptêmes de rue s’est rendu compte que des gens ont encore collé les mêmes plaques en papier sur l’avenue Georges-Tassembédo, (un ancien ministre du Mogho-Naaba). Ce n’est pas bien. En déposant la plainte, je ne veux faire condamner personne. Je ne réclame pas un centime. Je veux que le Collectif arrête les actes d’incivisme au niveau de la ville ! Je ne parle pas des marches et des meetings qui sont réguliers, normaux. Je parle des actes de collage et d’altération des plaques de la ville.

Interview réalisée par : Jolivet EMMAÜS et Bachirou NANA

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 13 janvier 2009 à 16:38, par Yamyélé En réponse à : Simon Compaoré maire de Ouagadougou : “Que le Collectif arrête les actes d’incivisme”

    Simon !!! Que toi aussi tu fasses cesser les ’’Gendarmes couchés’’ dans les rues de Ouaga afin que diminuent les accidents. Je te pose la question : Entre quelqu’un qui colle un papier déchirable sur la plaque d’une rue et un autre qui érige des ’’gendarmes couchés’’ sur la voie publique sans autorisation et sans signalement, en provoquant des accidents, qui est le plus incivique des deux ? Je ne soutiens pas le collectif, mais il y a plein de choses anormales à Ouaga qui dépassent largement ce qu’a fait le pauvre collectif avec ses autocollants.

    Par Yamyélé

    • Le 18 février 2009 à 13:24 En réponse à : Simon Compaoré maire de Ouagadougou : “Que le Collectif arrête les actes d’incivisme”

      La sensiblisation est l’affaire de tous.vous etes aussi citoyen de la ville de Ouaga,et on pas besoin du Maire dans tous les axes de la villes pour interdire a certains Ouagavillois d’eriger des gendarmes couches.
      Tu sais bien que c’est pas bon,ben,sensibilise alors ceux qui le font
      reconnaissons avec modestie que l’acte pose par le collectif est condamnable.
      pour le bien etre de Ouaga,chacun doit donner du sien,mais pas seulement le Maire.
      Courage a vous M. le Maire,on vous soutien.Qu’on le veuille ou pas,on parlera de vous au Burkina et dans le monde entier par rapport a ce que vous avez fait pour la ville de Ouaga.L’histoire en parlera.Courage !!!

  • Le 13 janvier 2009 à 21:27, par ravi En réponse à : Simon Compaoré maire de Ouagadougou : “Que le Collectif arrête les actes d’incivisme”

    bien parle Mr le maire..je nai rien a redire..Que les gens comprenne qu’il n’en veut pas a des personnes precis ou quoi que ce soit mais c’est l’acte du comite qui est punissable...si tout le mon devait changer les noms des rues ou en seront nous..For sure, viendra un temps ou l’on donnera le nom de Norbert zongo a une rue...A chaque chose son temps et dans la legalite s’il vous plait..God bless ouagadougou

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