Pour ce deuxième déplacement hors de leur écurie, les Etalons du Burkina savaient que le challenge sud-africain ne serait pas une partie de plaisir. Après leur défaite (0-3) contre le Ghana, les Bafana-Bafana, qui ambitionnent non seulement être à la CAN, mais aussi à la Coupe du monde 2006, attendaient de pied ferme notre onze national pour rebondir.

Cependant et en dépit de l’absence de leur capitaine, Mahamoudou Kéré, les Etalons affichaient sérénité et confiance. Ils n’avaient d’ailleurs pas tort, car l’adversaire possède certes des grands noms, mais jusque-là, le collectif tourne au point mort. Bref, le match promettait d’être chaud et chaque équipe avait une belle carte à jouer. Les locaux sonnent la première alerte dès la 3e mn : le plus craint des Etalons, Moumouni Dagano (qui, à lui seul, faisait trembler le FNB Stadium) se signale ; mais son lob ne trompe pas le rempart sud-africain, le géant Hans Vonk.

Les Etalons méconnaissables en 1re mi-temps

Commenca alors le calvaire des Etalons, et dès la 10 mn de jeu, l’adversaire ouvre le score : sur une reprise ratée de Bennedick Mc Carty, Steven Pienaar, esseulé dans la surface, trompe Mohamed Kaboré. Ce but matinal concédé par notre onze national a eu pour conséquence de réveiller tout le stade. L’arrière-garde burkinabè est aux abois. Benny Mc Carty joue les stars, Bartlett fait parler son expérience tandis que les défenseurs se font respecter dans les duels.

L’équipe burkinabè avait tout simplement paniqué. Mohamed Kaboré donne de la voix, mais rien à faire. Les deux latéraux, Amadou Coulibaly et Abdramanane, sont débordés. Seul dans l’entre-jeu, Issouf Sanou animait la partie ; malheureusement, son gabarit ne lui permettait pas de s’imposer. A tout cela s’ajoutent les balles balancées de façon imprécise à Dagano. Si fait que les Sud-Africains acculent notre base arrière et marquent leur second but à 5 mn de la mi-temps par le vétéran Bartlett . La pause intervient sur ce score.

A la reprise, l’entraîneur, Ivica Todorov, réaménage l’équipe : Tangui Barro descend en défense (latéral gauche), Amadou Touré entre en jeu pour aider Mamadou Zongo. Bebeto et Issouf Sanou animent le milieu. Il ne parviennent à mettre sur orbite Dagano, toujours seul et sans soutien. Ils assiègent le camp sud-africain, sans arriver à trouver la faille. Bien au contraire, les locaux manquent de peu leur 3e but dans les arrêts de jeu.

C’est sur le score de 2 à 0 que les Etalons s’inclinent à Johanesbourg. 2 buts que les Bafana-Bafana n’ont pas peiné pour marquer. Nos défenseurs n’ont pas été à la hauteur de leur tâche ; ils ont peut-être tout simplement paniqué devant le bouillant public du FNB Stadium. Le moins que l’on puisse espérer est que les Etalons rendent la pareille en septembre 2005. Mais en attendant, corrigeons nos erreurs avant la venue de l’Ouganda.

De notre envoyé spécial à Johannesburg Kader Traoré

Ils ont dit...

Lors d’un match perdu 0-2 contre l’Afrique du Sud, les Etalons du Burkina ont produit un jeu bien terne. Même si certains disent que dans l’ensemble il n’y a pas lieu de rougir, surtout la compétition est encore longue, le chef de la délégation burkinabè, le colonel Jean-Baptiste Parkouda, affirme ne pas avoir reconnu les Etalons lors de ce voyage en Afrique du Sud.

• Lamine Traoré (cap. des Etalons) :

Le début du match a été très dur pour nous avec le but qu’on a encaissé très tôt. Prendre un but dans les 10 premières mn à l’extérieur est pénible à supporter. Mais je crois qu’on s’est ressaisi surtout en deuxième mi-temps. Je ne suis pas satisfait dans l’ensemble ; mais nous nous sommes bien battus. Nous continuerons de travailler pour garder le cap dans la compétition. Ce soir ça n’a pas marché, mais je pense que ce n’est pas la fin du monde.

• Ivica Todorov (entraîneur des Etalons)
 :
Mon équipe a joué comme elle pouvait et aussi comme l’adversaire nous le permettait. Les Bafana-Bafana, par leur vivacité et leur vitesse de jeu, nous ont posé énormément de problèmes. Les buts que nous avons pris pourraient être évités s’il y avait de la communication au sein de la défense. Nous avons joué contre un adversaire qui était motivé à faire un résultat positif. Il n’y a rien à dire surtout que l’arbitrage a été correct.

Même si on a perdu, un de mes joueurs en la personne d’Issouf Sanou a été étincellant. Moumouni Dagano a raté une occasion nette. S’il avait réussi à scorer, cela aurait pu changer le cours du jeu. Le deuxième but est arrivé au mauvais moment(5 mn de la mi-temps) et nous étions sonnés. Nous avons donné une réplique à la reprise et je pense que nous sommes capables d’être encore meilleurs à domicile.

• Moumouni Dagano :
En venant ici, on savait que le match allait être dur pour nous, moralement et physiquement. Comme jusque-là chacun gagne chez lui, nous prenons les choses comme telles et nous les attendons chez nous. J’ai toujours dit qu’on ne peut pas compter sur un seul joueur. Même si je suis en forme, il faut que le groupe soit très combatif. Ce soir (samedi dernier), on a manqué de réussite et nous avons concédé des buts contre le cours de la partie.

• Colonel Jean-Baptiste Parkouda (chef de la délégation)

Il faut dire qu’en venant ici, il fallait s’attendre à un match difficile, d’autant plus que les Bafana-Bafana se devaient de réagir après leur défaite au Ghana (0-3). Nous devions nous préparer mentalement à cela. Malgré tout, dans un match, tout peut arriver. Malheureusement, nous n’avons pas pu saisir l’opportunité de faire un bon résultat. Je voudrais dire que les Sud-Africains ont triomphé sans gloire, car ce sont nos joueurs qui leur ont offert cette victoire. Nous n’avons pas bien joué.

Nous sommes mal entrés dans le match. La défense a eu du mal à se mettre en place, a joué désordonné, et cela a offert un but-cadeau à l’adversaire. Les gens jouent à domicile et dès qu’ils ont un but, ils sont hypermotivés. La deuxième mi-temps a semblé aller, mais là encore, il eût fallut jouer dans le camp de l’adversaire. Nous devions donc construire quelque chose au lieu de passer le temps à balancer les balles sur Dagano, qui était épuisé. Il faut qu’on se remettre au travail, car je n’ai pas du tout reconnu les Etalons.

Propos recueillis à Johanesbourg par Kader Traoré
L’Observateur