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Economie nationale en 2008 : Les Burkinabè ont souffert le martyr

Publié le dimanche 4 janvier 2009 à 23h44min

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L’année 2008, qui s’achève, a été économiquement éprouvante pour le Burkina Faso. Entre hausses des prix du pétrole, crise alimentaire et faiblesse des cours du coton, le pays a connu une baisse de sa croissance.

Quatre pour cent (4%). C’est la croissance du Produit intérieur brut (PIB) du Burkina Faso en 2008 selon les chiffres du Fonds monétaire international (FMI). Un chiffre qui est largement inférieur à la croissance tendancielle du PIB des dix dernières années qui est en moyenne de 5%. Quant à l’inflation, elle s’est accélérée pour atteindre 7,7% en avril 2008 (en 2006, le taux d’inflation était de 2,4%). Un taux qui devrait se maintenir jusqu’en début de l’année 2009, vu que le contexte n’a pas sensiblement évolué.

Cette dégradation des performances macro-économiques du pays s’explique aussi bien par des facteurs externes qu’internes.
Au plan interne, la performance économique est très dépendante de l’agriculture. Elle-même tributaire des aléas climatiques dans la mesure ou ce secteur représente 80% du PIB.

C’est ainsi que le pays a subi au cours de 2008, les conséquences de la baisse de la production agricole de la compagne 2006/2007.
Le coton qui est le principal produit d’exportation a connu une baisse de sa production de plus de 40% soit seulement 377 364 tonnes contre 760 000 tonnes en 2005/2006. La production céréalière prétendue excédentaire s’est avérée insuffisante, créant du coup une hausse des prix dans le pays en particulier dans les zones déficitaires.
Sur le plan international, le pays a ressenti durement les chocs causés par la hausse du prix du pétrole, et la crise alimentaire mondiale .
Au cour de l’année 2008, le prix du baril a augmenté de façon extraordinaire jusqu’à franchir la barre de 100 dollars.

Même si ces derniers jours on constate une baisse vertigineuse, (40 dollars le 29 décembre 2008), les populations continuent de subir la hausse précédente, aggravée par la crise alimentaire mondiale. Une crise qui trouve son origine dans une insuffisance de l’offre des matières premières agricoles par rapport à la demande sans cesse croissante.
Ainsi, les cours des produits comme le blé, le lait et ses dérivés, et surtout le riz ont connu une forte augmentation.

Le coup fatal de la vie chère

Le Burkina Faso, pays pauvre, sans débouché sur la mer, entièrement dépendant de l’extérieur a durement été éprouvé. Les chiffres à la consommation des six premiers mois de l’année 2008, comparés à ceux du premier semestre de 2007, sont en hausse de 5,7%. Ce sont les produits alimentaires qui ont le plus augmenté. Si pour les spécialistes l’indice des produits alimentaires a augmenté de 21,5% au premier semestre de 2008 par rapport à celui de 2007 à la même période, le citoyen lambda, quant à lui, ne le perçoit pas de cette manière. Une comparaison rapide des prix de quelques produits tels que le riz, l’huile, le lait etc, entre 2007 et 2008, leur suffit pour dire que l’inflation est de plus de 100%.

Les ménages, n’en pouvant plus de subir, ont dû crier leur ras-le-bol. Cela s’est manifesté par les émeutes de la faim, à Bobo-Dioulasso, Ouahigouya, dans le mois de février. Manifestations qui ont été poursuivies par les syndicats durant toute l’année.

Face à la pression de la rue, le gouvernement a dû prendre des mesures pour soulager les ménages. Il s’agit de la suspension temporaire du mécanisme automatique du prix du pétrole, la vente de céréales à prix sociaux aux populations vulnérables, l’exonération temporaire des droits de douanes et de la TVA sur quelques denrées de base et enfin la fixation de prix indicatifs de certains produits comme le lait, le riz, l’huile, le savon en fonction des prix à l’importation et de marges raisonnables. Même si ces mesures n’ont pas eu d’impacts significatifs pour soulager les populations du “syndrome de la vie chère”, la perte résultante de ces exonérations est estimée à environ 0,3% du PIB, toute chose qui a entraîné un déficit budgétaire au niveau du compte courant de 3%.

La hantise de la crise financière

A la hausse du prix du pétrole et de la crise alimentaire, est venue s’ajouter une crise financière. Cette crise, appelée la crise des subprimes a commencé par le secteur de l’immobilier pour ensuite s’étendre au secteur bancaire, d’abord aux Etats-Unis, puis ensuite en Europe et dans une moindre mesure en Asie. Ainsi depuis le mois d’août, des pays industrialisés ont revu à la baisse, leur prévision de croissance.
Dans la sous-région ouest-africaine, les conséquences de cette crise ne sont pas encore bien perceptibles. Toutefois au cours du troisième trimestre 2008, l’activité sur le marché financier régional connaît un ralentissement. Depuis le mois d’août 2008, les cours des BRVM se sont inscrits en baisse.

Le Burkina Faso, pour sa part, ne ressent pas encore les effets de la crise financière. Bien au contraire, le pays s’apprête à coter en bourse, pour la première fois, une société de la place à savoir l’ONATEL.
La Société d’intermédiation financière (SBIF) vient de mettre en vente publique, 20% des actions de cette société.

Toutefois, l’on craint comme conséquence le recul des transferts financiers depuis l’Occident. Ainsi que le durcissement des conditions de crédits en banque. Il est également à craindre une baisse de l’aide au développement.

Les spécialistes burkinabè, qui ont analysé cette crise, tout en reconnaissant qu’elle n’aura pas d’impact direct sur nos économies, ont fustigé au cours des conférences publiques organisées sur la question le capitalisme dit sauvage qui serait à l’origine de cette crise. C’est ainsi que de plus en plus la tendance est la nationalisation de certaines entreprises, dans certains pays européens.

De quoi sera fait demain ?

La grande inquiétude de l’heure est que nul ne sait combien de temps pourrait perdurer cette crise financière ainsi que ses aboutissements. Ce qui est probable est une baisse de la croissance mondiale. Concernant la crise alimentaire, la demande mondiale est toujours forte. Toutefois, la crise a permis d’attirer l’attention des pays sur la nécessité de mettre l’accent sur l’agriculture. Ainsi, la production mondiale de 2008 devrait connaître une augmentation.

Dans la sous-région Ouest africaine, on attend dans l’ensemble une bonne récolte. La production céréalière attendue est de 510 millions 566 de tonnes. Au Burkina Faso, les perspectives agricoles sont bonnes. On prévoit un excédent céréalier de 700 000 tonnes.
Avec une production record de 235 000 tonnes de riz, l’importation du riz devrait connaître une baisse en 2009. Les exportations du coton vont également connaître une hausse, du fait de la forte production.
Toute chose qui devrait favoriser une diminution du déficit de la balance commerciale en 2009. (Ce déficit estimé à 10% du PIB en 2008, selon le FMI).

Ainsi la croissance pourrait bénéficier d’un rebondissement de la production cotonnière et de l’exploitation de nouveau site minier dont le manganèse de Kiéré, le zinc de Perkoa, ainsi que l’or d’Essakane. Toutefois, les perspectives à court terme demeurent mitigées en raison de l’instabilité des cours du pétrole.

De plus, malgré les bonnes récoltes constatées çà et là, les prix de certaines denrées alimentaires continuent de grimper. L’inflation est toujours au plus haut niveau. “La vie chère” sera sans nulle doute au rendez-vous en 2009 à moins d’un miracle. C’est dire donc que le Burkina Faso, n’a pas tellement la maîtrise de son destin. Tout dépend de l’extérieur . Aucun spécialiste ne peut dire à quelle sauce nous serons mangés demain.

Fatouma Sophie OUATTARA

Sidwaya

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