LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

ELECTION PRESIDENTIELLE : Ghanéens, l’Afrique vous regarde !

Publié le mardi 30 décembre 2008 à 02h42min

PARTAGER :                          

Nana Akufo-Addo

Alors que le premier tour a été unanimement salué comme un modèle de transparence et de démocratie pacifique sur le continent, les esprits se sont brusquement échauffés à la veille du second tour du scrutin présidentiel au Ghana, qui laissait planer des doutes sur une issue tranquille et heureuse de l’élection destinée à trouver un successeur à John Kufuor.

De fait, la tension est montée parce que le candidat de l’opposition, John Atta Mills, et celui du pouvoir, Nana Akufo-Addo, s’accusent mutuellement de manoeuvres d’intimidation et de fraudes pour truquer l’élection. Une situation qui a valu l’appel au calme du président sortant, John Kufuor.

Si les cas d’irrégularités dénoncés de part et d’autre sont avérés, cela pourrait-il remettre en cause la sincérité du scrutin dont les observateurs s’accordent à dire qu’il s’est globalement bien déroulé ? Quelle que soit la réponse qu’on apportera à cette interrogation, aucune raison ne saurait être invoquée pour faire voler en éclats la vitrine de démocratie que le Ghana affiche fièrement depuis ces dernières décennies. Rien, absolument rien, ne doit tracter en arrière la machine démocratique qui a déjà fait un bond prodigieux en avant, une avancée notable qui fait la fierté du Ghana et, au-delà, du continent. Et c’est pourquoi la classe politique ghanéenne, et en particulier les deux candidats en lice pour le second tour, doit se sentir au plus haut point interpellée. Elle devrait faire montre d’un sens élevé de la responsabilité pour éviter au pays de se hasarder sur des chemins douteux qui le mèneraient à la perte.

Les deux adversaires principalement devraient toujours savoir raison garder et, quelle que soit l’issue du scrutin, ils devraient amener leurs militants à refréner leurs ardeurs bellicistes au cas où ils voudraient utiliser de violents canaux d’expression pour rejeter les résultats du scrutin. De toute manière, si les résultats des urnes ne sont pas acceptés de tous, pour autant que les adversaires politiques soient sincères, il y a toujours possibilité de régler le contentieux électoral par la voie légale. Avec la neutralité affichée par le président sortant, qui reste apparemment très attaché à la réussite et à la bonne tenue du scrutin jusqu’à son terme, on voit mal John Kufuor exerçant une quelconque pression, à quelque niveau que ce soit, pour assurer la victoire du candidat de son parti.

Car, il sait qu’il risquerait alors d’affaiblir, voire de faire s’effondrer l’édifice d’une démocratie dont il aura été un des artisans de qualité, si l’on en juge notamment par la manière élégante avec laquelle il vient de quitter les planches. En tous les cas, les Ghanéens aspirent à la paix. Ils veulent continuer à savourer les fruits de la stabilité qui ont fait du Ghana, un géant dans la sous-région. Et cela, tous les acteurs politiques devraient toujours le garder en mémoire. Tous autant qu’ils sont, doivent être conscients du rôle historique que le Ghana est appelé à jouer dans un continent "sinistré" par les sempiternelles violences postélectorales et les tripatouillages des Constitutions. Mais aussi par des coups d’Etat dont les derniers cas en date proviennent de la Mauritanie et de la Guinée.

Ce second tour du scrutin a assurément valeur de test non seulement pour ce pays, mais aussi pour le continent. Il permettra au Ghana de montrer, une fois encore, qu’une transition démocratique réussie est bien possible en Afrique, qui en a particulièrement besoin. Un second tour réussi au Ghana pourrait alors encourager d’autres pays à s’embarquer sérieusement dans un processus démocratique. Si les choses venaient à mal tourner, ce serait dommage pour l’Afrique et pour ses fils qui plongeront davantage dans le désespoir. Les acteurs politiques ghanéens devront, pour se prémunir contre tout dérapage, faire confiance aux urnes d’abord. Et recourir à la Justice en cas de nécessité, s’ils estiment que le scrutin n’a pas été transparent et équitable.

Mais jamais ils ne doivent céder à la tentation de la violence facile et du désordre. D’autant que l’élection doit être avant tout perçue comme un jeu, même si, dans ce cas de figure, les enjeux sont énormes. Dans ce jeu, il faut toujours un gagnant et un perdant. Qu’ils soient de l’opposition ou du pouvoir, les deux partis devront transcender leurs intérêts personnels et immédiats, pour ne voir que l’intérêt du Ghana et de l’Afrique. En tout état de cause, l’Afrique attend beaucoup de ce scrutin dont elle espère que les Ghanéens sauront passer le cap sans grandes difficultés. Toute l’Afrique regarde les Ghanéens et elle a toutes les raisons de le faire.

"Le Pays"

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique