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ATTAQUE REBELLE AU MALI : ATT ou la tentation de la méthode Tandja

Publié le lundi 22 décembre 2008 à 00h51min

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Une fin d’année aussi sanglante au Mali, personne ne l’aurait cru. L’attaque contre une base de l’armée malienne vient en effet mettre brutalement fin à une longue période d’accalmie que l’on espérait voir s’installer durablement. Après les accords avec les rebelles sous l’égide de l’Algérie et les nombreux gestes d’apaisement du président Amadou Toumani Touré, les rebelles touaregs n’avaient plus manifesté une quelconque attitude d’opposition encore moins de belligérance.

Mais il y avait ce doute qui planait sur les accords avec l’absence, en son temps, de Ibrahim Ag Bahanga de l’Alliance du Nord pour le changement, celui-là même qui a revendiqué l’attaque ayant causé 9 morts dans les rangs de l’armée régulière. Cette opération des forces rebelles est donc un coup dur pour la paix, pour le Mali et surtout pour le président ATT dont l’approche de résolution du conflit pourrait être remise en cause.

Cette nouvelle violation du cessez-le-feu ne peut que renforcer le camp des partisans de la manière forte, qui estiment que la rébellion ne comprend que le langage des armes, à la manière de Mamadou Tandja au Niger. Le langage utilisé par un porte-parole de l’armée malienne sur RFI ne trompe d’ailleurs pas sur la nouvelle tournure que pourraient prendre les relations entre Bamako et les rebelles. Les auteurs de l’attaque ont été qualifiés de "bande armée liée aux narco-trafiquants", ce qui leur enlève tout statut politique et les confine à de simples délinquants.

Et on sait que les bandits et les hors-la-loi sont combattus avec la dernière énergie, dans une guerre où la négociation n’a pas sa place. Est-ce l’option qui prédominera désormais au sein de l’état-major et des dirigeants politiques maliens ? En tout cas, si une telle décision était prise, en dépit des risques qu’elle comporte, personne ne défendrait les rebelles. Ce d’autant qu’il s’agit seulement de la frange irréductible, celle de Ag Bahanga, qui continue à défier l’Etat malien. La plupart des autres groupes rebelles se sont en effet pliés aux accords d’Alger. Si donc la rébellion touareg se réduit à la faction de Ag Bahanga, le Gouvernement malien sait à quoi s’en tenir.

Parce qu’il s’agit d’un personnage qui n’a jamais respecté sa parole et ce ne sont pas les accusations du genre " aucun effort n’est fait (par Bamako) pour revenir à la table de négociation", telles que celles proférées par le porte-parole des rebelles, qui convaincront de leur sincérité. En tout état de cause, toute action que viendrait à prendre désormais le Mali ne souffrirait d’aucune contestation. Le pays a payé un assez lourd tribut pour avoir cru en la parole du dernier des rebelles touaregs. Mis devant un grand dilemme par la tuerie de ses soldats, le président ATT doit donc se décider, et cela risque d’être la lutte résolument armée. Les autres groupes armés ont compris sa vision d’homme de paix. Mais tel n’est pas le cas de Ibrahim Ag Bahanga, qui semble faire de la rébellion un fonds de commerce. Il ne laisse plus vraiment le choix à ATT.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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