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Zimbabwe : Entre la peste Mugabe et le choléra

Publié le lundi 15 décembre 2008 à 03h39min

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N’en déplaise à Robert Mugabe, le libérateur de l’ex-Rodhésie du Sud, le Zimbabwe continue son décompte macabre au cœur de l’épidémie de choléra, qui s’y propage à l’allure d’une marée noire.

Pendant que le cynique Papy Bob clame haut et fort que cette malédiction, un bonus sur la disette qui frappe son pays depuis des décennies, est sous contrôle, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et Médecins sans frontières (MSF) y dénombrent les morts par centaines et des malades par milliers.

Les derniers chiffres font, en effet, état de 800 morts et de quelque 17 000 cas depuis le déclenchement de l’épidémie en novembre dernier. Le choléra, maladie des eaux usées, est à l’image même de la déliquescence économique et sociale dans laquelle est plongée le Zimbabwe depuis que la relique qui préside à ses destinées après le départ du colonisateur anglais en a fait un patrimoine familial.

Jadis grenier céréalier de la région, l’ex-Rodhésie du Sud tend aujourd’hui vainement la cébile aux bons samaritains, pendant que le marasme économique, son menu quotidien, se traduit par une hyperinflation de 231 millions %. Alors que Papy Bob refuse de voir en face les choses, l’Afrique du Sud voisine, elle, n’a pas attendu de compter plus d’une dizaine de victimes du choléra, qui a déjà franchi ses frontières, pour décréter la catastrophe régionale.

Et comme si le cynisme de Robert Mugabe avait fait école dans son palais, son ministre de l’Information, Sikhanyiso Ndlovu, qui volait à son secours depuis les tirs croisés de la communauté internationale, s’est propulsé au sommet de la bêtise humaine, en déclarant, sans rechigner, que l’épidémie de choléra, qui frappe mortellement son pays, est "une attaque raciste et planifiée par l’ancien colonisateur, obstiné, qui a enrôlé ses alliés américains et de l’Ouest ; une force de guerre biologique et clinique ; une attaque génocidaire contre le peuple du Zimbabwe par les Britanniques".

C’est vrai que les accusés du jour ne se priveraient pas de sabler le champagne si l’ancien combattant de Harare venait à faire valoir ses droits à la retraite présidentielle, mais y a-t-il meilleure arme pour achever son pire ennemi que d’ignorer le mal qui le ronge ? Or ce Mugabe-là, dont le parti fut battu à plate couture lors des dernières législatives et qui a fait cavalier seul à l’élection présidentielle, repu aujourd’hui du sang des opposants, quoique fût son héroïsme face au colonisateur anglais, se révèle aujourd’hui dépassé et incapable d’accomplir le miracle économique tant promis.

En attendant que la manne leur tombe du ciel, affamés et désabusés, les nouveaux agriculteurs zimbabwéens en viennent aujourd’hui à fondre les tracteurs abandonnés par le "diable blanc" pour en faire des dabas ; c’est tout dire. Pourtant, il n’en est pas jusqu’à Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, qui n’ait pas demandé à l’increvable Bob, ce rebelle de 84 saisons, "de se tourner vers l’avenir" de son pays et d’honorer ses engagements pour un partage du pouvoir.

L’honneur ? Robert Mugabe ne mange pas de ce plat-là, car, au plus fort de la crise politique, il prêta le "serment" que de son vivant nul autre Zimbabwéen n’occuperait son fauteuil. A-t-il seulement écouté la sentence de l’évêque sud-africain Joe Seoka, pour qui le maître de Harare n’est autre qu’un "Hitler du 21e siècle" ? Mais, hélas, ils s’en trouve, comme Papy Bob, qui se sont fait la religion selon laquelle leurs propres malheurs et ceux de leurs peuples sont venus d’ailleurs, et que le pouvoir a été conçu pour eux et pour eux seuls.

Pourtant, il n’y a qu’à oser un regard, même furtif, vers ceux dont nous avons hérité du pouvoir moderne, de la bonne gouvernance politique, pour comprendre et nous instruire que l’alternance démocratique ne date pas d’aujourd’hui, et n’est nullement destinée à la consommation africaine exclusive.

Hélas, disions-nous, combien sont-ils encore, nos chefs d’Etat usés, tel leur icône de Harare, se confortant derrière une révision éternelle de la Constitution, la bible républicaine, à l’effet d’égaler Bon Dieu en son royaume ? Leurs Excellences Messieurs nos présidents, bien heureux vous seriez de faire vôtre, cette sagesse qui veut qu’on sache quitter le pouvoir avant qu’il ne vous quitte. Nos Etats s’en porteraient mieux.

La Rédaction

L’Observateur Paalga

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