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Côte d’Ivoire : Sortie de Sidiki Konaté ; encore un grain de sable...

Publié le vendredi 5 décembre 2008 à 07h28min

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L’homme, qui se désigne lui-même comme un « moteur Diesel au réveil » (1), question de signifier qu’il est très nonchalant aux premières heures de la journée mais très opérationnel après, n’y est pas allé du dos de la cuillère ce mercredi 3 décembre 2008 : le porte-parole des Forces nouvelles ex-rebelles ne s’est pas embarrassé de langage enrobé pour envoyer une salve au camp présidentiel.

En effet, selon ce dernier le FPI, comploterait contre Guillaume Soro et des sicaires seraient même prêts à l’envoyer ad patres. Pour lui, le patron de la formation frontiste, Pascal Affi N’Guessan, a ourdi un coup contre les rebelles, surtout leur direction, pour la décapiter.

« La Côte d’Ivoire vivra des jours sanglants », car le FPI met tout en œuvre pour détruire les Forces nouvelles par la force. Gravissime, cette sortie d’un des premiers responsables des Forces nouvelles l’est, d’autant surtout que Sidiki Konaté affirme détenir des preuves de ce qu’il avance.

Ainsi, en nommant Affi N’Guessan comme celui qui serait le cerveau de ce complet, le porte-parole désigne par ricochet le président Laurent Gbagbo lui-même. On se rappelle que le 29 juin 2007, Guillaume Soro avait été victime d’un attentat, son avion, qui le ramenait d’Abidjan à Bouaké, ayant été la cible d’un obus, et c’est miraculeusement qu’il y a échappé.

Pour le cas présent, et en attendant que Sidiki Konaté administre la preuve de ce qu’il avance, plusieurs interrogations turlupinent les Ivoiriens et la communauté internationale :
- à l’heure où les enregistrements sur les listes électorales ont été closes (29 novembre 2008) et qu’on se concerte pour arrêter une date « tenable » pour la présidentielle, qui a intérêt à ce qu’un couac vienne remettre le processus en cause ?

En clair, qui en veut à Soro, qui, certes, ne fait pas mystère de ses ambitions politiques pour les années à venir, mais qui n’est pas candidat au présent scrutin ?
- Est-ce les faucons qui entourent Gbagbo ou d’autres ex-rebelles qui voient mal le retour de la paix, synonyme de perte de certains privilèges ? Même si beaucoup d’ex-rebelles ne connaîtront plus la misère, car ils ont eu le temps de mettre de côté des poires pour la soif.

Il est avéré que le président du FPI n’a jamais caché ses positions, jugées souvent virulentes, envers les ex-rebelles. Il n’est d’ailleurs pas le seul dans le camp présidentiel, à avoir, épisodiquement depuis l’Accord politique de Ouaga (4 mars 2007), des écarts langagers qui grippent passablement le processus en marche. Est-ce cette attitude d’Affi N’Guessan que Sidiki Konaté assimile à un putsch visant à déstabiliser ceux qui ont pris les armes contre Gbagbo le 19 septembre 2002 ?

Toujours est-il qu’un arrêt du train de la paix ferait politiquement l’affaire de Laurent Gbagbo. Car tant qu’il n’y a pas d’élection, il est toujours le président élu, et chaque camp a intérêt à ce qu’advienne cette présidentielle, gage de l’apaisement réel, du moins on l’espère.

C’est pourquoi sans contester que le porte-parole des Forces nouvelles ait des preuves de ce qu’il a avancé, disons que cette sortie vient jeter le trouble chez tous les protagonistes ivoiriens et constitue encore un grain de sable dans la machine de la paix.

On espère seulement que même si ce n’est pas une saute d’humeur (ce serait le comble) on parviendra rapidement à apaiser la situation et que, cahin cahan, la présidentielle se tiendra sans heurts. Même si un tel scrutin ne signifie pas une normalisation des choses du jour au lendemain, ce serait le prélude à un retour à une paix qu’on espère non fourrée.

Note (1) : Propos de Sidiki Konaté lors d’un interview avec l’auteur en octobre 2007, qui l’avait trouvé ce jour-là dans la matinée encore ensommeillé

Par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur

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