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Présidentielle ghanéenne : L’heure de John Atta Mills a-t-elle sonné ?

Publié le vendredi 5 décembre 2008 à 07h32min

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John Atta Mills

Ce dimanche 7 décembre, le peuple ghanéen se rend aux urnes pour choisir un successeur à son président, John Agyekum Kufuor, en fin de mandat après 8 ans de présidence. Ils sont 8 candidats à briguer ce poste ; sept d’entre eux sont mandatés par leur parti politique, auxquels il faut ajouter un indépendant, Kwesi Amoafo-Yeboah.

D’eux, deux prétendants sérieux se dégagent : il s’agit de Nana Addo Dankwa Akufo-Addo du New Patriotic Party (NPP), le parti au pouvoir, et du professeur John Evans Atta Mills du National Democratic Congress (NDC), le parti de l’ancien président Jerry John Rawlings. Ils font figure de potentiels présidents en raison non seulement de l’aura de leur formation, mais aussi de leur propre bagage politique.

Analysons les forces de ces deux poids lourds du scrutin de dimanche prochain en commençant par le challengeur du NDC, John Atta Mills : célèbre opposant naturel pour les uns ou éternel perdant pour les autres (deux fois de suite contre Kufuor en 2000 et 2004), il nourrit le secret espoir d’être le locataire du « Castle Osu » et de voir son pays tirer l’Afrique vers le haut. Cet universitaire, qui fut en 1997 le vice-président de la république sous Rawlings, est à l’image d’un Abdoulaye Wade au Sénégal ou encore d’un Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire.

Est-ce pour autant que son heure a sonné comme ce fut le cas pour ses deux semblables ? Parviendra-t-il à réussir ce troisième essai ? Rien n’est moins sûr. Toujours est-il qu’il est donné favori après un sondage effectué par une chaîne de télé locale, TV Africa, qui le crédite de 42% des intentions de vote à l’issue du premier tour, contre 36% à Addo.

En outre, sa campagne est battue à l’américaine avec le soutien de son mentor, Rawling, qui, à l’image de Bill Clinton qui voulait faire endosser à John Mc Cain le bilan de Georges Bush, s’est efforcé de rendre Nana Addo responsable de celui de Agyekum Kufuor et de son parti, le NPP. C’est certain qu’il a plus d’expérience, mais n’oublions surtout pas qu’il est de l’opposition, et en Afrique, être de l’opposition veut dire qu’on a en face de soi un candidat du pouvoir.

Cet adversaire, c’est Nana Addo Dankwa Akufo-Addo. Fils d’Edward Akudo-Addo (président de la Gold Coast d’août 1970 à janvier 1972), il s’adosse au clan ashanti, l’une des communautés majoritaires de cette ancienne colonie britannique et qui jouit d’une puissance financière et sociale. Par ailleurs, le fait qu’il est du NPP n’est pas rien, car ses partisans eux-mêmes se demandent pourquoi les Ghanéens reviendraient en arrière alors que le National Democratic Congress leur propose d’aller de l’avant ? Tout en se targuant d’avoir restauré la liberté d’expression après la répression des années Rawlings.

De plus, sa capacité à bien parler le français dans ce pays qui n’a d’yeux que pour son anglais est un atout majeur. Par contre, l’ancien ministre des Affaires étrangères de Kufuor risque de souffrir du manque de soutien de son patron, qui a préféré faire son propre éloge plutôt que de voler au secours de son poulain.

Pour le moment et en attendant de connaître le nom du cinquième président démocratiquement élu du Ghana depuis 1992, cette élection, permettra également d’élire les 230 députés du Parlement. Actuellement, l’inquiétude réside surtout dans le manque de sérénité, qui entoure ses consultations d’autant que la commission électorale de ce pays n’est pas des plus crédibles de la sous-région.

D’ailleurs, il faut craindre un retour en arrière au cas où les choses se passeraient mal : retour en arrière d’une part pour l’économie ghanéenne, partout citée comme un modèle, et aussi pour la démocratie, qui cherche encore ses marques. Victoire du NPP ou du NDC ? On verra bien si l’heure d’Atta Mills a sonné.

Kader Traoré

L’Observateur

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