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CONTES ET LEGENDES : L’histoire d’un garçon qu’on nomma Pardon

Publié le vendredi 28 novembre 2008 à 00h56min

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Naissance et enfance de Pardon Il était une fois un pauvre homme qui avait épousé une femme n’en faisant qu’à sa tête. Elle n’écoutait personne. Depuis le jour de leur mariage, c’était comme si on avait mis une barrière entre le bonheur et lui, tant sa femme lui menait la vie dure. C’était au point qu’il ne voulait plus entendre parler de femmes. Pourtant il resta marié avec celle-ci car, disait-il, "ce que Dieu décide, nul ne peut aller contre". Il supporta cette souffrance jusqu’au jour où sa femme mourut. Elle alla directement en enfer, et ce fut elle qui en fut la première habitante.

L’homme resta seul pendant sept années, jusqu’au jour où il rencontra une femme aussi bonne que lui. Elle vivait en parfaite entente avec lui, faisait tout ce qu’il voulait et lui en faisait autant pour elle. Au bout de sept ans, elle tomba enceinte. Elle accoucha d’un bébé maladif : selon les sages, elle devrait attendre sept ans pour qu’il guérisse. Il est de coutume que ce soit la femme qui porte l’enfant sur son dos, mais elle porta cet enfant si longtemps qu’elle n’en pouvait plus. Un jour, elle dit à son mari :
- Je n’en peux plus. Même la mort serait un soulagement pour moi. Il lui répondit :

- Il ne faut pas dire ça. Si tu meurs, comment ferai-je pour le nourrir, moi qui n’ai pas de seins ? Pendant que les deux époux discutaient, Dieu décida d’intervenir sinon, se dit-il, ces deux-là ne s’en sortiraient pas. Dieu se transforma donc en un étranger et vint demander l’hospitalité au couple. Il arriva chez eux à la tombée de la nuit. La femme le reçut, lui donna à boire, et Dieu lui demanda s’ils pouvaient l’héberger pour la nuit. La femme accepta mais ajouta :

- Ne t’inquiète pas s’il y a du mouvement dans la maison pendant la nuit. Nous avons un enfant malade qui ne guérira qu’à l’âge de sept ans. Sous son apparence humaine, Dieu dit à la femme d’aller dormir, qu’on verrait demain. Le lendemain, Dieu dit à la femme que c’était à elle de mourir, qu’elle irait rendre visite dans la mort à la première femme de son mari qui lui donnerait des conseils, et qu’ensuite elle reviendrait. Dieu dit donc à la femme qu’il allait faire du nassi.

Il lui dit de l’utiliser pour se doucher, et que dès que cette eau toucherait son visage, elle tomberait morte mais pourrait entendre tout ce qui se dirait autour d’elle. Tout se passa comme Dieu l’avait dit. Avant même que ceux qui venaient de l’enterrer ne rentrent chez eux, la femme arriva au paradis où elle fut reçue par une femme du paradis qui lui expliqua tout : il n’y avait pas d’arbres, seulement une lumière en face de l’obscurité. La lumière c’était le paradis, l’obscurité c’était l’enfer.

La femme entendit un bonjour sortir de l’obscurité. Elle répondit, et la voix lui demanda alors qui elle était. Quand elle l’eut dit, la voix expliqua qu’elle-même était la première épouse et lui demanda, quand elle rentrerait, de bien vouloir présenter ses excuses à leur mari, car c’était parce qu’elle s’était mal comportée avec lui qu’elle se retrouvait en enfer. La deuxième épouse vit beaucoup d’autres choses qui l’instruisirent sur l’existence humaine, puis Dieu, dans sa toute-puissance, la fit revenir sur terre. Quand elle fut de retour, la deuxième épouse raconta tout à son mari.

- C’est vrai, répondit-il, ce doit être ma première épouse que tu as rencontrée. Elle m’en a fait voir de toutes les couleurs ! Il refusa d’accorder son pardon. Dans l’enfer, la première épouse porta ses mains à son visage en signe de désespoir. Mais la deuxième épouse tomba à genoux et supplia :
- Si tu ne lui pardonnes pas, je mourrai. Alors l’homme accepta de pardonner. Le diable dit à Dieu qu’il n’était pas d’accord pour que les hommes puissent aller dans l’au-delà et en revenir. Dieu reconnut que le diable avait raison. On baptisa alors l’enfant du nom de Pardon, et le diable se consola car maintenant, il avait un homonyme... Car il est dit que le diable était le premier conseiller de Dieu, et que c’était l’expression même du pardon jusqu’au jour où il entra en rébellion contre Dieu...

Age d’homme de Pardon

Pardon avait pour tout travail la récolte et la vente de termites, ce qui lui permit de devenir riche, de prendre une première épouse, puis une seconde, et enfin une troisième. Un soir, le diable lui rendit visite. Il fit les salutations d’usage. La première épouse de Pardon avait préparé du tô et le déposa devant eux. Le diable mangea. Ensuite il dit à Pardon qu’il avait sans doute mérité son nom, mais que pour que lui, le diable, en soit convaincu, il devait lui permettre de dormir avec cette femme qui venait de lui donner le tô. Pardon accepta. Une fois seul avec elle, le diable égorgea la première épouse de Pardon. Le lende¬main matin, il se présenta devant son hôte, ils déjeunèrent ensemble et bavardèrent un peu, puis le diable remercia et s’en alla.

Ce n’est qu’une fois le diable parti que Pardon se rendit compte qu’il avait tué sa première épouse. On l’enterra. Quelques jours plus tard, le diable revint demander l’hospitalité chez Pardon, et la même chose se passa avec la deuxième épouse. C’est ainsi que le diable tua les trois épouses de Pardon, sans que ce dernier ne lui pose la moindre question. Il resta veuf longtemps, car personne ne voulait donner sa fille à ce Pardon qui, non seulement ne réagissait pas à la tuerie de ses femmes, mais en plus continuait à recevoir le diable, leur assassin. Finalement, il eut un jour une quatrième épou¬se, mais avant même qu’il ne consomme ses noces, le diable se présenta, et la quatrième fut égorgée comme les trois premières.

Le lendemain matin, le diable fut reçu par son logeur et ils bavardèrent longtemps sans que Pardon ne fasse la moindre allusion à la mort de ses femmes. A ce moment, le diable re¬connut que Pardon était plus fort que lui. Le diable demanda à Pardon de l’accompagner en brousse. Ce dernier le suivit sans poser de questions. Une fois arrivés, le diable dit à Pardon de monter dans un karité et d’aller en cueillir le fruit le plus haut. Pardon le fit. Avant même qu’il ait reposé le pied à terre, ses quatre épouses étaient chez lui, bien vivantes, et va¬quaient à leurs occupations quotidiennes...

Recueilli par Françoise DIEP et François Moïse BAMBA

Le Pays

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