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Syndrome nigérian : 25 morts dans l’explosion d’une citerne

Publié le vendredi 28 novembre 2008 à 01h05min

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On peut dire que dans la région ouest-africaine l’année 2008 s’achève avec son cortège de malheurs. Pendant que le Burkina pleure les 69 victimes de l’accident routier survenu dans la nuit du 14 au 15 novembre à Boromo, voilà que le Ghana connaît à son tour les affres de la tragédie. Au moins 25 personnes ont péri mercredi dernier dans l’explosion d’une citerne à Techinan, dans la région agricole de Brong- Ahafo, à environ 400 km d’Accra. Les hôpitaux de la région ont reçu une quarantaine de blessés, dont certains grièvement.

La plupart des victimes, totalement calcinées, ont été happées par l’explosion alors qu’elles s’affairaient, avec les moyens du bord, à vider les cuves du camion accidenté. Un drame qui nous en rappelle bien d’autres. Au Nigeria, où la pratique du siphonage des citernes et autres oléoducs est devenue endémique, on ne compte plus le nombre de malheureux brûlés vifs tandis qu’ils tentaient de glaner un peu de ce précieux or noir.

Malgré la richesse que lui confère sa position d’exportateur de pétrole, le géant nigérian est régulièrement confronté à ce phénomène étroitement lié à la pauvreté de la grande majorité de ses citoyens. Décidés à profiter, eux aussi de la manne pétrolière, dès que l’occasion se présente, ils cherchent au péril de leur vie, à récupérer les quelques galons qui leur permettront d’améliorer leur quotidien difficile.

Avec ce drame, le syndrome nigérian gagne désormais le Ghana qui, dès 2010 rejoindra son puissant voisin dans le club très fermé des pays africains producteurs de pétrole. En effet, avec la récente découverte de gisements pétrolifères au large de ses côtes, le pays de John Kufuor se prépare à tirer de substantiels revenus de cette nouvelle richesse.

Or, cela suppose d’une part la mise en place d’une industrie de raffinage et d’autre part le développement d’un réseau de transport terrestre. Sans un dispositif efficace de sécurité, on imagine aisément les conséquences dramatiques pour les populations pauvres tentées de profiter, au péril de leur vie, de cette manne pétrolière. Et si les choses se poursuivent aussi mal qu’elles ont commencé, le syndrome nigérian et son corollaire qu’est le business mortel du trafic de carburant pourraient bien faire tache d’huile sur la Côte d’or.

Déjà, en mars dernier, au forum des industries extractives, conscient avant l’heure des dangers qui guettent ses concitoyens, le président John Kufuor avait prévenu qu’au « lieu d’être une bénédiction, le pétrole a parfois été une malédiction pour bon nombre de pays qui ont découvert ce précieux produit ». Il ne croyait pas si bien dire, le président ghanéen. Espérons que son successeur, qui sera désigné lors du scrutin du 7 décembre prochain, trouvera le moyen de conjurer cette « malédiction de l’or noir ».

Par H. Marie Ouédraogo

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