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Tertius Zongo, Premier ministre : "Incontestablement, nous devons revoir le contenu de ces Journées économiques"

Publié le mercredi 26 novembre 2008 à 01h15min

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A l’étape de Paris, le Premier ministre burkinabè, M. Tertius Zongo, a accompagné la Chambre de commerce, d’industrie et de l’artisanat du Burkina, la Maison de l’entreprise et l’ambassade du Burkina Faso en France pour la bonne tenue des activités programmées dans le cadre des IVes journées économiques du Burkina Faso en France. Après trois jours d’intenses activités, Tertius Zongo a fait son bilan.

Sidwaya (S.) : Trois jours après l’ouverture des IVes journées économiques, quelles impressions se dégagent à votre niveau en ce qui concerne cette activité ?

Tertius Zongo (T.Z.) : L’on peut d’abord considérer les objectifs que nous nous sommes fixés en venant ici à Paris. Ce qu’il y a lieu de savoir, c’est que ce n’est pas en 48 heures qu’on peut déjà retourner avec des investisseurs dans son sac, ou de l’argent. Nous sommes venus pour donner l’information.

Donner des informations sur le pays, les opportunités d’affaires, sur les efforts qu’il nous reste à faire, à savoir permettre aux investisseurs d’avoir une capacité de pousser leur curiosité. Deuxièmement, nous sommes venus au niveau du gouvernement pour accompagner les opérateurs privés parce que nous sommes convaincus que l’investissement privé a besoin d’un certain nombre de mesures sécurisantes. La meilleure manière de le faire, c’est le dialogue. Nous sommes là pour montrer la volonté du gouvernement à écouter le secteur privé, ses préoccupations mais aussi prendre des mesures qui vont dans le sens de l’amélioration de leur cadre de travail. Sur ces deux aspects (information, ouverture, disponibilité pour le dialogue) nos objectifs sont atteints.

S. : Avez-vous le sentiment d’avoir eu des interlocuteurs très intéressés et prêts à intervenir au pays ?

T.Z. : Je crois que l’on a eu des interlocuteurs très avisés mais on peut mieux faire. Dans la vie, il faut savoir avancer. J’ai eu une rencontre avec les opérateurs économiques burkinabè qui ont aussi reconnu qu’on peut mieux faire. En terme de participation des opérateurs économiques français à cet événement, c’est le record. Ils étaient suffisamment nombreux. Mais comme vous le dites, il faut un peu plus cibler la participation.

Et cela demande que nous aussi avant de venir à Paris, ayons l’esprit de travail de façon spécialisée : savoir qui on veut rencontrer en priorité. J’ai souhaité que l’on puisse recentrer les choses. Les préoccupations sont diverses et l’on n’arrive pas à satisfaire tout le monde. J’ai eu l’occasion de déjeuner avec des investisseurs français très présents en Afrique et avisés des questions économiques en Afrique. Nous avons discuté d’un certain nombre de préoccupations et reconsidéré certains faits tout à fait pratiques. Au regard de toutes les rencontres que nous avons pu avoir de façon diversifiée, le maximum d’informations a été porté à leur connaissance et ils ont exprimé leur satisfaction.

S. : Faut-il s’attendre déjà à une Ve édition et n’y a-t-il pas lieu de revoir le contenu de ces journées économiques ?

T.Z. : Incontestablement, nous devons revoir le contenu de ces journées économiques. Le monde a changé et le général, le tout venant ne marche pas. C’est de la foire. Il nous faut savoir être très proches des réalités des hommes d’affaires français, quels sont leurs besoins et aller vers ceux qui peuvent apporter des réponses. J’ai reçu le bureau consulaire de la Chambre de commerce et nous avons discuté.
Il y a un certain nombre de réajustements qu’il faut opérer : réajustement au niveau du gouvernement (la façon dont il s’y prend), réajustement au niveau de la Chambre de commerce (la façon dont se préparent à l’intérieur les acteurs, qui va ?).

Il faut permettre des mécanismes de filtrage des participants pour mettre plus de crédibilité dans la manifestation. Ce n’est pas au moment où on arrive en France qu’il faut commencer à rechercher le partenaire. On se signale beaucoup à l’avance, on informe sur son domaine d’activités, ses préoccupations. Les partenaires français connaissant déjà cela, se préparent. Cela doit être la même chose du côté français.
Il nous faut avoir une vision plus spécialisée, une ouverture d’esprit tout en restant orienté sur les objectifs.

S. : Quelle est votre lecture du thème des présentes journées économiques ?

T.Z. : Nous avons un thème, mais le thème, on ne l’épuise pas au bout d’une journée. C’est un objectif prioritaire : investir au Burkina, la porte ouverte vers l’Afrique de l’Ouest. Nous voulons à partir de maintenant, faire en sorte que de façon didactique, pédagogique, nous-mêmes comprenions qu’on doit investir au Burkina Faso parce que c’est un pays qui a une place qui ne ressemble pas à celle des autres. C’est une porte qui est ouverte sur la sous-région, sur l’extérieur. Nous devons construire autour de cet argument. Et pour qu’on construise, il faut que chaque Burkinabè soit d’abord convaincu.

Nous avons expliqué ici à Paris en quoi le Burkina Faso était une porte ouverte sur l’Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui, c’est ce discours qui tient parce que nous sommes dans un monde d’ouverture, un monde de larges ensembles, de regroupements. Les gens ont besoin d’un marché plus vaste que le marché national. Et si le Burkina est une place à partir de laquelle on peut avoir accès à un marché plus large que celui national, c’est un argument que nous devons utiliser parce que les autres ne l’ont pas. Sachons tirer avantage de ce que nous avons de façon naturelle. C’est d’abord sur ce que vous êtes naturellement que vous pouvez avancer et par la suite, les autres choses viennent.

S. : En parlant d’ouverture, d’aucuns se convainquent que l’axe Afrique-Asie a pu s’inviter dans nos relations économiques. Est-ce que cela n’a pas un peu déteint les présentes journées économiques ?

T.Z. : Non ! Cela nous montre plutôt la réalité du monde économique. Aujourd’hui les grandes entreprises en Europe ont délocalisé leurs productions en Asie. Cela veut dire que de façon claire, vous ne pouvez pas venir faire une journée économique en France ici sans qu’il n’y ait la présence asiatique. L’Asie est dans les plats des Français, leur accoutrement, à leurs pieds.

Eux-mêmes quand ils parlent (les Français), ils parlent de ce qu’ils font, mais c’est l’Asie qui le fait. Et cela suggère d’autres choses.
Est-ce que nous devons nous arrêter seulement à des journées économiques avec la France, avec tel pays ou tel autre ? Est-ce que nous ne devons par revoir les choses ? Je pense que la réponse à votre question est là. Même si c’était en Grande-Bretagne que nous avions organisé ces journées, l’Asie allait être présente. Par conséquent, voyons nous-mêmes comment aller en Asie ?

Entretien réalisé par Ismaël BICABA (bicabai@yahoo.fr)

Sidwaya

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