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ACCALMIE EN RD CONGO : L’effet Obasanjo ?

Publié le mercredi 26 novembre 2008 à 01h16min

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Un cessez-le-feu fait moins de bruit et donc suscite peu d’intérêt de la part des médias. Mais pour les Africains, et en particulier pour les Congolais, la trêve en vigueur depuis quelques jours dans le Nord-Kivu est une bonne nouvelle. Même précaire, elle met fin momentanément fin aux affres de la guerre que vivent les populations de la région.

Et surtout, elle laisse la place aux négociations, qui apparaissent comme la seule voie de règlement du conflit dans l’est de la RD Congo. On a ainsi vu depuis quelque temps le président Joseph kabila courir les capitales de la sous-région en vue de trouver une issue à la crise.

Ce périple ne vise pas qu’à obtenir de l’aide, surtout militaire, comme en Angola, mais aussi sans doute à requérir l’avis des chefs d’Etat de la région. En dehors de l’Ouganda et du Rwanda qui manifestent une hostilité ouverte à son égard, le président congolais peut compter sur le soutien, ne serait-ce que politique, des autres pays de l’Afrique centrale. On se rappelle avec quelle énergie le président du Congo-Brazzaville a défendu, au dernier sommet de la Francophonie à Québec, la candidature de la RDC. Obtenir le soutien politique de ses pairs réunis au sein de la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale)dont le Rwanda n’est pas membre, tel semble être l’objectif poursuivi par Kabila.

Son pays compte du reste organiser bientôt un sommet extraordinaire de l’institution. Mais au-delà des condamnations de principe de la rébellion et du soutien à un régime démocratiquement élu, il est plus utile d’asseoir les bases d’un cessez le feu durable qui conduira à la paix. Et si le temps semble être propice à la diplomatie, c’est que le bref passage de l’émissaire de l’ONU, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, a quelque peu porté des fruits. Laurent Nkunda lui avait promis d’observer un cessez-le-feu et depuis lors, il semble tenir parole.

Obasanjo devait obtenir le même compromis du côté gouvernemental, mais on sait qu’il fait cette démarche, plus par courtoisie. Car celui qui détient la clef du problème, c’est Laurent Nkunda, en raison de sa puissance de feu. Les forces gouvernementales ne font que reculer-pour ne pas dire fuir-devant l’avancée des troupes rebelles. Ce n’est pas au plus faible qu’on demande le cessez-le-feu, mais à celui qui est en position de force. Cette règle de la médiation s’est présentée dans le dernier conflit du Caucase entre la Géorgie et la Russie.

C’est bel et bien à Moscou que la trêve a été obtenue au prix de nombreuses concessions défavorables à la Géorgie. Ce fut une sorte de capitulation de la protégée des Occidentaux. On n’en est pas à cette situation en RD Congo, le contexte n’étant pas le même, ni les enjeux, encore moins les acteurs. La RD Congo est un pays-continent, où le manque d’infrastures de communication isole les populations des différentes régions. Cette sorte de balkanisation ne favorise pas l’émergence d’un sentiment d’appartenance à une même nation. Elle nourrit plutôt les irrédentismes. Une chose est cependant sûre, l’arrêt des combats épargne à l’armée régulière des scènes d’humiliations supplémentaires, le rapport de forces étant toujours nettement en faveur de la rébellion.

Celle-ci, au contraire, garde les positions qu’elle a conquises et y exerce son autorité, en attendant de voir venir. Joseph Kabila ne se satisfait pas bien entendu de cette situation où son pays est occupé et certainement soumis à un pillage en règle par des éléments qu’il ne contrôle pas. Mais en l’étape actuelle des choses, que peut-il faire, sinon jouer la carte de la paix, comme le veut l’ONU ? Met-il aussi à profit ce répit pour réorganiser ses troupes et se préparer à de nouveaux combats ? Tout est possible avec un président aussi taciturne que Joseph Kabila. Mais il doit opérer le bon choix dans sa stratégie de reconquête de la portion illégalement occupée de son territoire. Pour cela, les conseils de Olusegun Obasanjo ne lui seront pas de trop.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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