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SN SOSUCO : "Tous les problèmes disparaissent, sauf la fraude"

Publié le mercredi 26 novembre 2008 à 01h13min

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Michel Goffe

La campagne sucrière 2008-2009 du géant du sucre burkinabè a commencé le 18 novembre 2008. Cette année, elle a accusé un retard de plus de cinq semaines et, contrairement aux années précédentes, c’est en sourdine que les machines ont commencé à broyer la canne. Pour en connaître les causes, nous avons rencontré le lundi 24 novembre 2008 Michel Goffe, directeur du complexe sucrier. Dans cet entretien, il ressort également, selon M. Goffe, que les entrées frauduleuses de sucre constituent l’unique cause du marasme que connaît SOSUCO.

"Le Pays" : La campagne sucrière 2008-2009 a commencé voilà seulement quelques jours. Quelles sont vos prévisions ?

Michel Goffe : Avant de parler de nos prévisions, je tiens à vous rappeler que nous avons produit au compte de la campagne passée 30 375 tonnes de sucre grâce à la détermination de tous les travailleurs. Cette année, notre ambition est de produire 32 000 tonnes de sucre ; cela en dépit des problèmes que nous connaissons du point de vue vente et pièces de rechange.

La mévente fera-t-elle désormais partie de l’histoire à SOSUCO, vu la création de la SODISUCRE, la Société de distribution de sucre ?

A la SOSUCO, tous les problèmes que nous connaissions depuis deux ans tendent à disparaître. Mais celui lié à la mévente continue de nous tourmenter. En clair, il faut dire que l’ensemble de notre production devrait être absorbée par le marché national dans la mesure où nous ne produisons par an qu’entre 30 000 et 32 000 tonnes de sucre pour un besoin de consommation nationale de 90 000 tonnes. Malgré cela, je vous assure que nos magasins contiennent toujours du sucre. Jusqu’au 18 novembre dernier, nous avions toujours en stock exactement 7 900 tonnes, au titre de la production de la campagne dernière. Ce sucre qui est d’une valeur de plus 3 milliards 900 millions de francs CFA attend d’être vendu. C’est donc dire que la fraude en matière de sucre se porte à merveille dans notre pays et, dans ces conditions, la SOSUCO ne peut qu’ avoir du plomb dans l’ aile.

Cette année, la campagne sucrière démarre non seulement avec un grand retard mais aussi en sourdine. Pourquoi ?

Il faut signaler que nous avons reçu tardivement nos pièces de rechange à cause de notre situation financière peu confortable marquée par des paiements tardifs. Ce qui fait que les commandes ont été faites en retard. Nous avons également rencontré beaucoup de problèmes dans l’acheminement des pièces du port de Lomé jusqu’à l’usine. Ce sont toutes ces difficultés accumulées qui nous ont obligés à reporter deux fois de suite le démarrage de la campagne. Mais pour ce qui est du démarrage sans tapage, il faut savoir que c’est une situation liée aux problèmes techniques que nous avons en interne. Nous sommes au 7e jour de la campagne mais c’est aujourd’hui (ndlr : lundi 24 novembre 2008) que la machine tourne véritablement. Sinon, durant les trois premiers jours, nous avons connu des pannes tant au niveau des chaudières qu’à celui de l’évaporation. Avec cette mise en route que nous savions extrêmement difficile à l’avance, nous n’avons pas voulu faire un lancement solennel.

N’est-ce pas là une stratégie pour attirer l’attention des autorités de notre pays sur le sort peu enviable de la SOSUCO ?

Nous serons vraiment ravis si cette donne tire la sonnette d’alarme chez les autorités de notre pays. Dans tous les cas, il faut savoir que la gestion quotidienne est difficile. Nous avons de grandes difficultés financières et nous sommes acculés aussi bien par les banquiers que par les fournisseurs. Pendant ce temps, le sucre ne s’achète pas. Vous comprendrez que nous ne pouvons pas donner un caractère festif au démarrage de la campagne pendant que notre entreprise ne se porte pas très bien. Mais nous avons prévu inviter les autorités lorsque nous serons à mi-chemin ou en fin de campagne pour leur faire le bilan, et leur présenter nos résultats.

Mais cela n’a pas empêché la société de donner une prime de motivation de 2 500 F CFA par travailleur.

Cette prime comme son nom l’indique vise essentiellement à motiver les travailleurs afin que tous ensemble, la main dans la main, nous travaillions pour atteindre l’objectif des 32 000 tonnes que nous nous sommes fixé. Je voudrais dire ici que la SOSUCO est un puissant moteur capable d’impulser le développement de la région des Cascades. A ce titre, il faut souhaiter que les entrées frauduleuses de sucre dans le territoire national, malgré les mesures qui en interdisent l’importation et qui font de SODISUCRE le seul importateur, prennent fin pour permettre à SOSUCO de voler de ses propres ailes.

Propos recueillis par Mamoudou TRAORE

Le Pays

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