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France-Burkina : Opération de charme dans l’Hexagone

Publié le vendredi 21 novembre 2008 à 10h08min

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Assistance lors du séminaire à la chambre de commerce de ParisHier se sont ouvertes, pour la quatrième fois, les journées économiques du en France, une opération destinée à promouvoir les atouts économiques du Burkina et à attirer les investisseurs étrangers.

Arrivée en France le 11 novembre dernier pour participer aux Journées européennes du développement qui se sont déroulées à Strasbourg, dans l’Est de la France, le président burkinabè Blaise Compaoré a été reçu le 19 novembre à l’Elysée par son homologue français Nicolas Sarkozy. Actualité économique internationale oblige, la crise financière, provoquée par les prises de risques démesurées des banques de crédits occidentales et qui déstabilise les économies mondiales, a dominé les débats à Strasbourg. Même si les banques africaines, très peu présentes sur le marché financier international, sont moins touchées par la bourrasque financière, l’économie du continent en subira un coup. Si la récession se confirme dans les pays Occidentaux, les conséquences sur les économies africaines se traduiront par une baisse de la demande en matières premières, principales sources de revenus et levier de la croissance dans de nombreux pays, des transferts des fonds des migrants notamment les moins qualifiés, donc les plus vulnérables sur le marché de l’emploi, une chute des investissements directs étrangers (IDE) déjà faibles, à peine 3% et bien entendu une baisse de l’Aide publique au développement (APD).
Fin octobre à Brazzaville, huit chefs d’états africains présents au 6e Forum mondial sur le développement durable, avaient jugé inacceptable que le continent africain ne soit pas représenté au sommet du G20 à Washington les 14 et 15 novembre consacré à la crise financière. Le président congolais Denis Sassou N’Guesso, désigné par les huit chefs d’état pour représenter le continent au conclave du G20, a attendu jusqu’au dernier moment sa carte d’invitation. Qui n’est jamais arrivée ! Les rencontres de Strasbourg ont donc été l’occasion pour les dirigeants africains d’exprimer leur irritation devant la mise à l’écart du continent dans la recherche de solutions à la crise financière, et le sujet a été à nouveau évoqué au cours de l’entretien entre les chefs d’état français et burkinabè.

Tertius Zongo entouré des ministres, inaugure l'exposition vente d'obejts artisanaux à la Bourse du commerce de Paris

A l’appel de l’association française Survie, du Comité français de l’affaire Zongo (Cofanzo) et d’autres organisations de la société civile, une manifestation avait été organisée le 17 novembre sur le parvis des droits de l’homme du Trocadéro pour « dénoncer le gage d’impunité » accordée au président Compaoré et pour « demander à la France de conditionner ses relations franco-burkinabè au respect des droits de l’homme ».
Comme dans un jeu de chaises musicales, à peine Blaise Compaoré est-il rentré que son premier ministre, Tertius Zongo est arrivé à Paris pour lancer la quatrième édition des Journées économiques du Burkina en France (JEBF) qui se dérouleront du 20 au 25 novembre dans la capitale française et çà Lyon.
Accompagné de cinq ministres et en présence d’une centaine d’hommes d’affaires et d’opérateurs économiques, le premier ministre a animé hier matin, à la chambre de commerce de Paris, un séminaire sur l’environnement des affaires au Burkina et présidé dans la soirée, à la Bourse du commerce de Paris, l’ouverture de l’exposition vente de produits artisanaux. Cette opération de charme vise à « consolider les partenariats commerciaux, économiques, industriels et financiers existants et en susciter d’autres », à présenter aux investisseurs français les atouts économiques, culturels, touristiques du Burkina et les facilités d’investissements qu’il offre. Dans son exposé, le premier ministre a insisté sur les principaux atouts politiques et économiques qui intéressent avant les investisseurs étrangers. A commencer par la stabilité politique et la paix sociale que connaît le « Pays des hommes intègres » dans un contexte régionale marquée depuis une dizaine d’années par des violences politiques pré et postélectorales, « une presse qui joue librement sa partition », une main d’œuvre pas chère, une volonté de son gouvernement à lutter contre la corruption avec la création en juin 2008, de l’Autorité supérieure de contrôle de l’Etat (le Burkina occupe le 80e rang sur 180 selon le rapport de septembre 2008 de Transparency International) et un code des investissements très favorable à l’investissement privé. Reste à donner des suites judicaires aux nombreux crimes économiques dénoncées dans de nombreux rapports, mais restés jusque là impunis
En signant pour la première un programme d’ajustement structurel (PAS) en 1991, le Burkina a fait le choix d’une économie libérale pour impulser son développement socio-économique. Depuis cette date, les gouvernements successifs ont élaboré une législation qui facilite la création d’entreprise et protège l’investisseur privé avec notamment la mise en place d’un Centre de guichets uniques chargé de simplifier les formalités de création d’entreprise, le renforcement de la maison de l’Entreprise lui permettant de mieux assister les entreprises, la création d’un centre d’arbitrage, de médiation et de conciliation dans le but de régler les conflits commerciaux, et la création de l’Autorité de régulation des marchés publics pour lutter contre l’opacité dans la passation et l’exécution des marchés publics. Ces dispositifs sont complétés par un droit du travail qu’envieraient certains pays occidentaux et qui, selon la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale dédiée aux entreprises privées, place le Burkina parmi les meilleurs réformateurs du monde : temps de travail hebdomadaire de 40 heures avec possibilité de faire 20 heures supplémentaires, un salaire minimum d’environ 35 000 F CFA, possibilité de signer, sans limitation, des contrats à durée déterminée (CDD) et une facilité de licenciement sur une simple explication écrite de l’employeur.

Echantillon d'ojbjets d'art

Même si le bilan reste très mitigé, le premier ministre a annoncé que le cap des privatisations des entreprises dont l’Etat détient la majorité du capital sera maintenu. Après la Société burkinabè des cuirs et peaux (SBCP), la Société nationale des produits pharmaceutiques (SONAPHARM), l’Office national des produits vétérinaires (ONAVET) ou l’Office national des télécommunications (ONATEL), l’Etat va bientôt privatiser la Société nationale burkinabè des hydrocarbures ( SONABHY), la Société nationale burkinabè d’électricité (SONABEL) et l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA). Reste à définir les modalités de cession de ces entreprises stratégiques aux privés et la place qu’y occupera l’Etat, sachant qu’une bonne partie de l’opinion burkinabè et des salariés restent sceptiques sur la pertinence de cette option.
Vu la forte participation des entrepreneurs burkinabè, on peut penser que ces journées économiques leur offre de réelles opportunités d’affaires. Cependant, seule une étude permettrait de lever les doutes que d’aucuns pourraient avoir sur l’impact économique et commercial réel de ces rencontres commencées en 1998.

Joachim Vokouma, Lefaso.net

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