Pour la douzième fois, le festival Yeleen va entraîner dans l’univers onirique des contes, les enfants et aussi les adultes à travers deux semaines de spectacles et d’échanges à Bobo-Dioulasso, Ouagadougou, Pâ, Boni et Nasso. Pour cette édition, Hassane Kouyaté a annoncé la participation de conteurs de renom et de jeunes talents venus d’Afrique, d’Europe et même du Moyen-Orient pour partager leur expérience avec les artistes nationaux.

Ils seront une vingtaine au total, en provenance du Niger, du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Togo, du Bénin, de la France et du Liban à rivaliser dans l’art de la parole, du récit et du conte mêlant pratique traditionnelle et spectacles contemporains. M. Kouyaté a relevé la participation de la meilleure conteuse du Liban, Leïla Darwich et également des associations de conteurs bobolais et des conteuses en langue vernaculaire. Le directeur de la programmation musicale de la Maison de la parole, Charles Sidibé, co-animateur de la conférence insistera, à son tour, sur le Salon international de livre et de la littérature orale (SILLO), la principale innovation de cette édition de Yeleen.

Ce salon, parrainé par le ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat, Soungalo Ouattara, va officiellement s’ouvrir le 27 décembre 2008. Sont prévus, dans le cadre du SILLO, une exposition de livres, des jeux, des concours de poésie, un colloque animé par des intellectuels de divers pays dont Mgr Anselme Titianma Sanon, archevêque de Bobo-Dioulasso. Le colloque piloté par Bruno Doti Sanou, enseignant-chercheur, sera axé sur le thème : “littérature orale : un patrimoine immatériel, un réservoir de combinatoire et de systèmes au service du développement endogène durable”. A ces innovations de la présente édition de Yeleen, s’ajouteront les rendez-vous habituels, tels les stages de conte, de danse, de bogolan (teinture traditionnelle sur tissu) et de percussions.

Autrement dit, tout semble être bien ficelé pour le festival, à en croire les organisateurs qui sont néanmoins en train de rechercher du soutien pour couvrir les 12 000 euros (environ 8 millions de F CFA) de déficit afin de couvrir le budget de l’évènement évalué à 42 000 euros (environ 27 millions F CFA). Ceux-ci comptent sur les contributions des festivaliers européens qui payent leur participation, une promesse ferme de 1.500 000 F CFA de la commune de Bobo-Dioulasso et sur les initiatives du promoteur. Les préoccupations des hommes de médias ont tourné autour de l’avenir du festival, du chantier de la Maison de la parole et de la date du déroulement de l’évènement qui coïncide avec la Foire internationale du livre de Ouagadougou (FILO).

En réponse, Hassane Kouyaté dira que son objectif à travers Yeleen, est d’amener les Africains à s’intéresser au conte parce que le continent manquait de conteurs professionnels voire amateurs. "Paradoxalement, ce sont les Blancs qui mangent avec nos contes”, a-t-il regretté. Les vocations sus-citées et les nombreux festivals créés dans le sillage de Yeleen lui font dire que son objectif est atteint au point pour lui, de s’attaquer à présent à la collecte. Le directeur de la Maison de la parole a également dévoilé l’ambitieux projet de construction de la Maison de la parole d’un coût estimé à 1 milliard de F CFA et prévu pour être réalisé par tranche.

Le projet comprend un studio d’enregistrement-répétition, une salle polyvalente, une médiathèque, des logements et un théâtre en plein air. Les travaux qui sont au stade de réalisation du mur d’enceinte sont présentement arrêtés par manque d’argent, a indiqué M. Kouyaté. Il faut noter que la Maison de la parole est née dans la continuité de Yeleen, festival international annuel de conte. Il s’est donné pour mission de collecter le patrimoine culturel, oral et artistique, de créer et de dynamiser la tradition orale pour les générations futures.

Mahamadi TIEGNA (camerlingue78@yahoo.fr)

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