Ainsi, depuis la lointaine époque du Roi- Soleil, la France, devenue entre-temps patrie des droits de l’homme, n’avait pas encore réussi le pari de nommer à un poste aussi représentatif que celui de préfet un ressortissant d’origine étrangère et issu, de surcroît, d’une minorité visible.

Il y a eu bien sûr le Franco-Togolais Koffi Gnamgnane, premier maire noir de France devenu secrétaire d’Etat à l’Intégration sous le second mandat de François Mitterrand. Des années plus tard, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l‘Intérieur, a nommé son « premier préfet maghrébin » en prélude au cortège des ministres de la diversité que sont Rachida Dati, Rama Yade et Fadéla Amara. Trois dames de fer qui donnent un peu de couleur au gouvernement.

Avec la nomination du Franco-Camerounais, l’administration Sarkozy accouche d’une nouvelle « première fois » quelques jours seulement après l’accession d’un Noir à la Maison-Blanche. Ne serait-ce là que pure coïncidence ou plutôt, comme bon nombre d’observateurs le pensent, un des multiples effets de l’obamamania ?

Cela n’a rien à voir, assure-t-on dans les plus hautes sphères de l’Etat français, car le projet était depuis longtemps à l’étude et il ne serait que le résultat d’une volonté politique de faire en sorte que la France d’en haut ressemble à celle d’en bas.

Il n’empêche que la France qui traîne derrière elle un lourd passé colonial, malgré les manifestations ponctuelles d’une politique dite volontariste, est loin d’être un exemple d’intégration. Pierre N’Gahane, précédemment préfet à l’égalité des chances dans les Bouches du Rhône (Marseille) ne dira pas le contraire, lui qui, avant d’être propulsé à la tête du département des Alpes de Haute Provence, travaillait à corriger les inégalités dont sont quotidiennement victimes les minorités dites visibles.

Les blacks et les beurs, on les aime (encore que…) quand la France remporte la coupe du monde ou lorsque la Marseillaise retentit aux Jeux Olympiques. On oublie alors que Zidane est algérien, et que Viera est né à Dakar…

En France comme dans bien des pays européens, la diversité se heurte à un racisme institutionnel qui ne dit pas son nom. Il faudra beaucoup d’autres « première fois » pour parvenir à faire vaciller ce mur. De ce point de vue l’Amérique, malgré ses stigmates ségrégationnistes, est loin devant la vieille Europe.

Par H. Marie Ouédraogo

L’Observateur Paalga