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CAMPAGNE AGRICOLE 2007-2008 : Les paysans ne veulent pas être les sacrifiés de l’abondance

Publié le mardi 11 novembre 2008 à 06h30min

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Le staff de la Confédération paysanne du Faso (CPF) a animé une conférence de presse dans l’après-midi du 7 novembre 2008 à Ouagadougou. Elle a porté sur la nécessité de garantir des prix rémunérateurs aux producteurs afin qu’ils ne soient pas les sacrifiés de l’abondance de la campagne agricole 2007-2008.

Le mot abondance est sur les lèvres tant des autorités que des paysans concernant la campagne agricole 2007-2008. Tous parlent de l’atteinte des prévisions de 4 millions 231 mille 479 tonnes de céréales à récolter ainsi que la réalisation de l’excédent de 717 mille tonnes. Toutefois, l’abondance prévue n’est pas accueillie de la même manière. Si les autorités et les consommateurs exultent à l’idée qu’il y aura à manger et à boire à gogo, les producteurs font pratiquement grise mine. Ils recommandent la prudence par rapport à la baisse des prix des céréales dont on parle tant du fait de la réussite de la campagne. Il faudra faire attention sur ce point car une bonne campagne n’induit pas systématiquement une baisse des prix des céréales comme l’a relevé dans sa déclaration introductive à la conférence de presse le président de la CPF, Bassiaka Dao. Pour lui, les paysans ont dépensé pour produire et il faut qu’ils trouvent leurs comptes.

"Pour un hectare labouré à la main, le paysan burkinabè, à qui l’accès aux équipements est visiblement verrouillé, déploie, comme un forçat, une force humaine qui se doit d’être capitalisée", a fait savoir le président de la CPF qui ajoute, plus loin concernant les paysans plus nantis utilisant par exemple des tracteurs, que ceux-ci dépensent 25 000 F CFA par hectare labouré. Outre ces dépenses, le paysan doit, en même temps, nourrir, soigner, éduquer ses enfants comme tout le monde dans un contexte de vie chère. Pour ne pas être les sacrifiés de l’abondance, les paysans, par la voix du président de la CPF, demandent à l’Etat de prendre 4 mesures. La première est la fixation d’un prix minimum garanti pour le riz et les céréales sèches comme l’ont fait par exemple le gouvernement nigérien qui a débloqué 11 milliards de F CFA pour racheter tout le stock de niébé détenu par les paysans ou bien le gouvernement togolais qui a garanti un prix minimum de 14 000 F CFA le sac de maïs de 100 kg. "Sans prix minimum, les producteurs burkinabè ne pourraient pas couvrir leurs coûts de production", a dit Bassiaka Dao.

La deuxième mesure demandée est l’adoption d’une loi d’orientation agricole pour résoudre les problèmes de financement de l’agriculture, d’accès aux intrants et aux crédits, l’encadrement des producteurs, la commercialisation rentable des produits agricoles. L’implication de la CPF et des Chambres d’agriculture dans la mise en oeuvre des opérations semences améliorées et engrais aux producteurs, la prudence à l’égard des technologies comme les biocarburants pour accorder la priorité à la souveraineté alimentaire sont d’autres mesures que les paysans demandent à l’Etat de prendre. Dans la partie réponses aux questions, le président de la CPF a martelé que les paysans ne doivent pas être les sacrifiés de l’abondance. Pour lui, les prix des céréales ne doivent pas baisser au détriment des producteurs et la CPF entend oeuvrer à ce qu’il n’en soit pas ainsi en l’absence de prix rémunérateurs.

Par Séni DABO

Le Pays

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