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COMMERCE DU CIMENT AU BURKINA : Entre pénurie, mévente, et hausse des prix

Publié le mardi 11 novembre 2008 à 06h30min

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Les commerçants de ciment n’ont plus bonne mine. Il y a quelques mois, le produit s’était fait très rare sur le marché national si bien qu’il était impossible pour beaucoup de revendeurs à Ouagadougou, de s’en approvisionner. Cette pénurie sans précédent avait donné un véritable coup d’arrêt aux chantiers de constructions immobilières, surtout ceux du domaine privé. Que s’est-il donc passé chez Diamond Cement, l’unique cimenterie du Burkina où tous les regards sont tournés ?

« Rien du tout », répond le directeur commercial de cette unité qui parle plutôt d’un soudain accroissement de la demande de ciment sur le marché burkinabè.

L’usine vient d’augmenter sa capacité de production de 40 000 à 60 000 tonnes par mois. Cela permet de couvrir jusqu’à 70% de la consommation nationale moyenne en ciment, estimée à 75 000 tonnes. Mais la situation, aujourd’hui, se présente autrement : le ciment est disponible sur le marché, mais les commerçants crient à la mévente. C’est la période morte. Néanmoins, la tonne de ciment est revendue aux consommateurs à 127 500 au moins et 135 000 F CFA au plus, selon la qualité du ciment et les localités de vente. Un prix exagérément cher, selon Diamond Cement qui cède la tonne à un prix qui varie entre 103 000 et 107 500 F CFA selon la qualité. L’Autorité supérieure du contrôle d’Etat cherche à y voir clair.

Les commerçants de ciment n’ont plus bonne mine. Il y a quelques mois, le produit s’était fait très rare sur le marché national si bien qu’il était impossible pour beaucoup de revendeurs à Ouagadougou, de s’en approvisionner. Cette pénurie sans précédent avait donné un véritable coup d’arrêt aux chantiers de constructions immobilières, surtout ceux du domaine privé.

Que s’est-il donc passé chez Diamond Cement, l’unique cimenterie du Burkina où tous les regards sont tournés ? « Rien du tout », répond le directeur commercial de cette unité qui parle plutôt d’un soudain accroissement de la demande de ciment sur le marché burkinabè. L’usine vient d’augmenter sa capacité de production de 40 000 à 60 000 tonnes par mois. Cela permet de couvrir jusqu’à 70% de la consommation nationale moyenne en ciment, estimée à 75 000 tonnes. Mais la situation, aujourd’hui, se présente autrement : le ciment est disponible sur le marché, mais les commerçants crient à la mévente. C’est la période morte. Néanmoins, la tonne de ciment est revendue aux consommateurs à 127 500 au moins et 135 000 F CFA au plus, selon la qualité du ciment et les localités de vente. Un prix exagérément cher, selon Diamond Cement qui cède la tonne à un prix qui varie entre 103 000 et 107 500 F CFA selon la qualité. L’Autorité supérieure du contrôle d’Etat cherche à y voir clair.

Depuis mars 2008 et ce, jusqu’en octobre, le marché burkinabè du ciment a été perturbé par une pénurie sans précédent. Des commerçants ont été contraints à fermer boutique, et des entrepreneurs à momentanément abandonner leurs chantiers. A Ouaga, les acteurs du domaine du ciment ont expliqué cette situation par l’exécution de grands chantiers de construction immobilière, entrepris au Burkina ces derniers temps. Cette situation de pénurie s’explique aussi, d’après certains importateurs, par le fait qu’il est devenu difficile d’importer le ciment à partir du Togo, de la Côte d’Ivoire et du Ghana, en raison du renchérissement, des difficultés de transport, et de la rareté même du produit dans ces pays voisins. En tout état de cause, le constat est que la quantité de ciment disponible sur le marché national ne suffisait plus à satisfaire la demande.

"Mon camion va pousser des racines !"

Jeudi 28 août 2008, il est 11 h à l’usine Diamond Cement. Des commerçants font le pied de grue pendant 3 à 4 semaines, voire 45 jours ou plus pour certains, sans être servis. C’est au compte-gouttes que des camions ressortent par le grand portail de l’enceinte de l’usine, avec un chargement de ciment. Issaka Koné travaille pour un établissement de distribution de ciment basé à Bobo Dioulasso. Adossé contre la cabine rouge de son gros camion garé à l’entrée de l’usine de Zagtouli, le jeune homme n’a pas caché sa déception : "Nous sommes garés ici depuis bientôt 3 semaines et attendons toujours d’être servis. Nos camions vont finir par pousser des racines ici ! On nous avait promis de nous servir au bout de 5 jours, mais ça fait exactement 19 jours d’attente et nous n’avons même pas la garantie d’avoir le ciment au bout des 3 prochains jours. Or, rien qu’aujourd’hui, près d’une dizaine de camions sont arrivés en série et sont repartis chargés sous nos yeux. Il y a pénurie de ciment, certes, mais il y a aussi une discrimination au niveau de l’usine.

Pourtant, nous devons honorer des commandes au niveau de Banfora. C’est dire donc que notre travail est bloqué, les chantiers aussi". Dans les quartiers de Ouagadougou, les revendeurs pointent un doigt accusateur sur Diamond Cement dont une des machines, d’après eux, est en panne depuis quelque temps ; ce qui aurait diminué de moitié, la quantité de production de la cimenterie. Mais c’est un autre son de cloche qu’il nous a été donné d’entendre à Zagtouli, chez Diamond Cement. Le directeur commercial (DC) de cette cimenterie, Hippolite Diendéré, nous confie que depuis 2006, l’usine a doublé sa production qui est ainsi passée de 20 000 à 40 000 tonnes de ciment par mois. Et depuis lors, il n’aurait jamais été question de diminution de la production. Mieux, indique-t-il, il est aujourd’hui question d’augmentation de la production qui est passée de 40 000 à 60 000 tonnes de ciment par mois ; ce qui permet de réduire les importations.

La mise en marche d’un nouveau broyeur de Diamond Cement, connaît quelques perturbations, reconnaît le directeur commercial qui dit en avoir au préalable informé les autorités. "Rien que le 1er novembre 2008, nous avons connu une panne, ce qui a fait qu’on n’a pu livrer que 750 tonnes de ciment sur les 1500 qui étaient prévues", indique le directeur commercial qui rassure par ailleurs : "Dans quelques jours, tout sera au top, et il y aura certainement moins de frustrations". Car Hippolite Diendéré est conscient que certains grossistes de ciment qui viennent chercher le produit à l’usine sont frustrés, du fait qu’ils ne sont pas aussi promptement servis que le sont d’autres. M. Diendéré a justifié cette discrimination - qu’il reconnaît par ailleurs - par le principe de la fidélité. "Nous reconnaissons nos clients fidèles, c’est-à-dire ceux qui sont avec nous depuis nos débuts.

C’est donc pour récompenser la fidélité que nous avons souverainement décidé de servir en priorité nos clients les plus fidèles. Nous ne tenons compte ni de l’ordre d’arrivée ni de l’importance de la commande encore moins des intermédiations", ajoute-t-il, tout serein. Et de préciser que "ceux qui se plaignent savent très bien qu’ils sont de ceux-là qui nous avaient momentanément abandonnés pour se lancer dans l’importation du ciment". Pour être sur la liste des revendeurs agréés de Diamond Cement, il suffit d’introduire une demande à l’usine et de s’engager à écouler un minimum de 200 tonnes par mois pour espérer avoir les ristournes à l’usine, a précisé le directeur commercial qui invite les commerçants à ne pas se précipiter pour aller verser leur argent sur le compte de Diamond Cement, sans en avoir au préalable obtenu le quitus de la direction commerciale, car aucun remboursement n’est possible.

D’où est venue la pénurie ?

Comment expliquer la pénurie de ciment sur le marché burkinabè qui, depuis mars 2008, avait plongé beaucoup de commerçants et d’entrepreneurs dans le désarroi ? Les importateurs, de même que certains entrepreneurs du BTP (Bâtiments et travaux publics) que nous avons rencontrés à Ouagadougou pensent que cette situation est directement liée à l’effondrement du pont de Lomé. Car selon eux, le coup du transport s’en trouve considérablement élevé, les camions au départ de Lomé étant obligés de passer par le Bénin, avant de regagner le Burkina.

Certains évoquent également le renchérissement du produit depuis les usines du Togo (voir encadré) et de la Côté d’Ivoire, l’augmentation des prix des hydrocarbures, ou l’accroissement même de la demande du ciment dans tous les pays de la sous- région. Boukari Sédogo, importateur de ciment basé à Ouaga-inter explique : "En début septembre, nos camions ont failli rentrer vides de Lomé. On nous a dit à CIMTOGO (ndlr : l’une des deux cimenteries du Togo) qu’il n’y a pas de stock disponible pour l’exportation car les besoins de consommation au niveau du Togo s’étaient accrus et que CIMTOGO devait livrer, sur la base d’un contrat, 18 000 tonnes de ciment par mois au Bénin. C’est donc de justesse que nous avons obtenu 200 tonnes (4 camions) pour rentrer à Ouaga, et depuis lors, nous n’avons plus osé repartir au Togo pour chercher du ciment".

A l’unique cimenterie du Burkina, on apporte de l’eau au moulin de ceux qui pensent que la pénurie de mars à septembre était consécutive à un accroissement de la demande du ciment sur le marché national. Pour le directeur commercial, le Burkina connaît un essor très considérable ces derniers temps. Et les travaux de construction immobilière qui matérialisent cette croissance demandent beaucoup de ciment. "C’est pour cela, ajoute-t-il, que nous n’avons pas croisé les bras. Surtout que le Togo et la Côte d’Ivoire dont le ciment vient renforcer le nôtre, connaissent les mêmes problèmes que nous", explique-t-il. Il est, en effet, difficile pour les commerçants burkinabè, de se ravitailler en grande quantité à partir du Togo. Cela, en raison d’une part, du coût très élevé du ciment dans ces pays, et d’autre part, des difficultés liées au transport. Les importateurs font face aux mêmes difficultés lorsqu’il s’agit de faire venir le ciment à partir de la Côte d’Ivoire.

Quand COTECNA s’en mêle...

A tout cela, s’ajoute l’avènement de COTECNA, le Comité technique appliqué dont la mission est d’assister l’administration douanière par la vérification de l’importation vers le Burkina avant l’embarquement. "COTECNA ne nous arrange pas du tout. C’est une mauvaise option du gouvernement !", s’est lamenté un importateur anonyme que nous avons rencontré à Ouaga-inter.

Il n’en dira pas plus sur les fondements de ce coup de gueule contre cette agence en qui il voit un obstacle à l’importation. Hippolite Diendéré, pense par contre que "COTECNA est venu considérablement limiter la fraude douanière et, par voie de conséquences, décourager beaucoup d’importateurs qui réalisaient d’énormes bénéfices en réussissant à éviter le paiement de certaines taxes". Malgré la pénurie qui a fait du ciment un produit rare comme de l’or, de mars à octobre, Diamond Cement n’a pas augmenté le prix de son produit : le CPA est toujours cédé à 92 500 F CFA la tonne, le CPJ 45 coûte 90 000 F CFA et la tonne du CPJ 35 est maintenue à 88 000 F CFA. Sur le marché burkinabè pourtant, le prix de la tonne du ciment est vendue à partir de 126 000 F CFA et valait jusqu’au-delà de 150 000 F CFA pour le CPA 45, chez certains détaillants, aux temps forts de la pénurie. La marge est énorme. Roger Nikiéma, quincaillier à Saaba (banlieue de Ouaga) vendait la tonne de ciment (à la date du 3 septembre 2008), à 128 000 F CFA, et le paquet à 6 400F CFA. Pour lui, ce prix est tout à fait raisonnable, au regard du coût auquel il achète le produit chez son fournisseur, et des frais de transport.

Haro sur les commerçants gourmands !

A Diamond Cement, on pense par contre que les commerçants en font un peu trop. Pour Hippolite Diendéré, les prix sont élevés sur le marché national, simplement parce que les commerçants alignent systématiquement les prix du ciment burkinabè derrière ceux des ciments togolais et ivoirien, alors que ces pays ont procédé à des augmentations de prix de ciment au moins deux fois, rien que cette année 2008. "S’ils prennent notre ciment à 90 000 F CFA et celui du Togo par exemple qui peut leur revenir jusqu’à 130 000 F CFA (avec les frais de transport, de transit, de TVA, etc.), ils élèvent le prix du ciment burkinabè jusqu’à 125 000 F CFA, voire plus, pour réaliser un bénéfice de près de 40 000 F sur la tonne.

C’est énorme ! Nous demandons aux commerçants d’être moins gourmands, en suivant le décret du ministère du Commerce, fixant les prix du ciment", a déclaré M. Diendéré. La Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF) avait, elle aussi, tapé du poing sur la table des commerçants pour dénoncer cette hausse du prix du ciment. Dans son rapport sur la vie chère rendu public en juin dernier, elle avait fait le constat que "malgré le communiqué du ministre du Commerce, de la promotion de l’entreprise et de l’artisanat (MCPEA) du 11 juin 2008 portant fixation du prix du ciment, les prix pratiqués sur le marché connaissent une forte hausse". Le rapport avait même dressé un tableau comparatif des prix usines, des prix fixés par le décret ministériel et des prix pratiqués sur le marché :

•CPA 45 : Prix usine : 92 500 F, Prix fixé : 107 500 F, Prix pratiqué : 150 000 F ;

•CPJ 45 : Prix usine : 90 000 F, Prix fixé : 105 000 F, Prix pratiqué : 130 000 F ;

•CPJ 35 : Prix usine : 88 000 F, Prix fixé : 103 000 F, Prix pratiqué : 125 000 F

Dès les premiers instants de cette situation qu’il a qualifiée de « perturbation sur le marché burkinabè du ciment », le ministre du Commerce avait convoqué à son cabinet, la direction générale de Diamond Cement. Il a été question, selon les termes du communiqué de presse assortie de cette rencontre, d’« échanger sur les pénuries de ciment, la hausse excessive du prix de ce produit constatée ces derniers temps sur le marché, les éventuelles difficultés que la société Diamond Cement rencontre dans l’approvisionnement du marché national en ciment et les voies et moyens d’y remédier ».

Mais ce fut plutôt une occasion pour Diamond Cement de dégager sa responsabilité dans cette situation de pénurie et de cherté du ciment, tout en précisant que l’usine ne connaît pas de difficultés et n’a ni diminué sa production, ni augmenté le prix du ciment, depuis l’augmentation de 3% effectuée en 2007. Le rapport sur la vie chère de la Chambre de commerce reconnaît également que la hausse des prix touche, au-delà des produits de première nécessité, les matériaux de construction, notamment le ciment et le fer à béton. Au-delà de l’augmentation des prix, la Chambre de commerce avait d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme sur la pénurie du ciment qui, selon elle aussi, est consécutive aux grands chantiers engagés au Burkina Faso. La conclusion du rapport de la CCI-BF est plus qu’alarmiste : "La pénurie de ciment entraîne un ralentissement dans l’exécution des chantiers engagés au Burkina Faso. Il est à craindre que certains travaux ne soient suspendus voire arrêtés, faute d’approvisionnement conséquent en matériaux de construction". Au chapitre des propositions faites à l’Etat dans le cadre de la lutte contre la vie chère, la Chambre de commerce avait suggéré la création d’une seconde usine de production de ciment au Burkina.

Et à ce sujet, une concertation serait en cours entre la CCI-BF et le ministère du Commerce à travers la direction générale du développement industriel, pour le lancement d’une étude de faisabilité. Les contrôleurs d’Etat à pied d’oeuvre Le gouvernement n’est pas resté les bras croisés face à la hausse des prix du ciment sur le marché national. Des contrôles ont été effectués, selon nos sources, pour vérifier l’application des prix suggérés, ou imposés par le décret du ministre Mamadou Sanon. Des commerçants ont avoué avoir reçu la visite des "envoyés du gouvernement" qui ont relevé les prix du ciment à leur niveau et procédé à des interrogatoires. Plusieurs missions de contrôle sont également allées enquêter à la cimenterie de Zagtouli, apprend-on de source proche de cette société. Car des rumeurs avaient fait état de "deals" en cours à l’usine. Des pratiques corruptives qui consisteraient pour des commerçants, à donner de l’argent (jusqu’à 500 000 F CFA par camion, a-t-on appris) à ceux qui sont chargés de programmer le passage des camions, afin de se faire servir plus tôt que prévu. "Faux", rétorque le DC de Diamond Cement qui précise que c’est lui-même qui établit au jour le jour le calendrier de passage des camions à charger et qu’aucun "deal" n’est possible. "Du 1er janvier à fin octobre 2008, nous avons chargé exactement 9 375 camions. Si quelqu’un prenait 500 000 F CFA pour chaque camion, cela voudrait dire qu’il a pu encaisser plus de 4 milliards de F CFA ! C’est fou !", s’exclame-t-il. L’Inspection générale des affaires économiques a d’abord passé à la loupe le mécanisme de commercialisation à Diamond Cement, dans l’optique d’en déceler les failles. Une enquête qui a été reprise par l’Autorité supérieure du contrôle d’Etat qui a, dans un rapport provisoire, fait une série de suggestions à la cimenterie afin de rendre plus fluides et transparentes les sorties de ciment. Les enquêtes et inspections sont toujours en cours et on attend donc de savoir qui se "sucre" sur le dos du consommateur qui, pour l’instant, paie anormalement cher le ciment, pour se trouver un logis décent.

Par Paul-Miki ROAMBA


Regard dans les pays étrangers

Augmentation des prix du ciment au Togo Suite à la pénurie du ciment, le gouvernement togolais a décidé, ainsi qu’indiqué dans l’extrait du conseil des ministres suivant, de procéder à un "réajustement" des prix du ciment, accédant ainsi à une demande des producteurs. "...Par ailleurs, le conseil des ministres a écouté une communication du ministre du Commerce, de l’Industrie, de l’Artisanat et des petites et moyennes Entreprises, sur la situation actuelle du commerce du ciment au Togo. En effet, notre pays dispose de deux unités de production de ciment : CIMTOGO et FORTIA qui ont une capacité de production totale mensuelle de 105.000 tonnes. La quantité mise sur le marché local est normalement suffisante pour couvrir tous les besoins des populations. La consommation moyenne du Togo en ciment se situant entre 45.000 et 50.000 tonnes par mois. Mais depuis le début de l’année 2008, le Togo vit une situation de pénurie de ciment. Cette situation est due à la spéculation que pratiquent certains distributeurs agréés et revendeurs qui exportent illégalement le ciment destiné à la consommation nationale vers les pays voisins où les prix de vente du ciment sont plus élevés que ceux pratiqués au Togo.

Le gouvernement, dans le souci de préserver le pouvoir d’achat des consommateurs et leur permettre de s’acheter du ciment pour améliorer leur habitat, avait décidé de ne pas augmenter les prix du ciment, malgré les exigences répétées et légitimes des producteurs. A ce jour, les prix de vente officiels du ciment sont ceux fixés depuis 2006. Leurs niveaux sont nettement inférieurs à ceux des pays de la sous-région. Malgré les mesures prises par le gouvernement pour lutter contre cette spéculation, la pénurie demeure toujours. Autrement dit, tant que nos prix continueront à être plus bas par rapport à ceux pratiqués dans les pays voisins, la spéculation ne cessera pas. Le triste constat de la spéculation et les effets conjugués de la flambée des prix des éléments entrant dans la fabrication du ciment au Togo ont conduit le gouvernement à accéder à la demande d’ajustement de prix réclamé par les producteurs.

Toutefois, le gouvernement a veillé à ce que, malgré l’ajustement, le prix du ciment vendu au Togo soit à un niveau à peu près égal à ceux pratiqués par les pays voisins. Ainsi, à partir du 10 juillet 2008, la tonne de ciment sera vendue sur toute l’étendue du territoire national aux prix homologués suivants : Ciment CIMTOGO : CPJ 35 : prix de vente au détail (TTC) : 81.000 F CFA la tonne CPA 45 : prix de vente au détail (TTC) : 92.000 F CFA la tonne. Ciment FORTIA : CPJ 35 : prix de vente au détail (TTC) : 77.000 F CFA la tonne". Extrait du conseil des ministres du gouvernement togolais en date du 9 juillet 2008

Pénurie au Bénin

Comme le Burkina, le Bénin est tributaire du Togo pour son approvisionnement en ciment. Et comme le Burkina, le Bénin a connu une pénurie de ciment depuis mars 2008. Et depuis cette date, Cotonou a décidé d’importer 18.000 tonnes de ciment par mois des sociétés togolaises CIMTOGO et FORTIA, en vue de résorber la pénurie qui sévit dans le pays. Dans un communiqué daté de mars dernier, le gouvernement béninois a également pris l’engagement de disposer de 15.000 tonnes des stocks destinés à l’exportation de la SCB LAFARGE (société bénino-nigériane installée dans le sud-est du Bénin).

En vue de l’acquisition et de la distribution de cette quantité additionnelle, les autorités ont opté pour le préfinancement, par l’Etat, de l’achat desdites quantités, la vente de la tonne de ce ciment à 69.000 francs CFA et la prise en charge, par l’Etat, à titre de subvention, du gap qui résulte de la différence entre ce prix de vente homologué d’une part et les prix de revient des importations toutes taxes comprises du Togo, ainsi que le prix consensuel du ciment de SCB LAFARGE désormais orienté vers le marché national. La subvention de l’Etat pour accroître l’offre du ciment de 33.000 tonnes par mois s’élève à 415.986.000 FCFA, indique le communiqué, précisant que les 12.000 tonnes du ciment importé de la société CIMTOGO et les 15.000 tonnes de SCB LAFARGE, seront exclusivement destinées aux chantiers de l’Etat pour permettre d’achever, dans les délais, les infrastructures entrant dans le cadre de la tenue du sommet des chefs d’Etat de la CEN-SAD qui devait se tenir à Cotonou.

Un projet d’usine de clinker au Burkina

La cimenterie Diamond Cement-Burkina est porteuse d’un projet d’installation d’une unité de production de clinker (matière première servant à la fabrication du ciment) sur le territoire national, notamment dans la localité de Tambao/Tin Hrassen, qui regorge de calcaire. L’objectif, c’est de faire des économies sur ce produit qui est pour l’instant importé du Togo et surtout, pour augmenter la production et pouvoir satisfaire la demande nationale et même, explorer l’exportation du ciment burkinabè vers le Mali surtout, qui, jusque-là, importe 100% de ses besoins en ciment.

La réalisation de la "clinkerterie" de Tambao (environ 400 km de Ouagadougou) devrait permettre une baisse très sensible du prix du ciment au Burkina qui pourrait ainsi couvrir plus de 100% des ses besoins en ciment, et faire l’économie des frais de transit, de transport etc. et du clinker, et du ciment importés. Les études environnementales de ce projet qui vaut 47 milliards de F CFA sont bouclées et ont été sanctionnées par un arrêté du ministère de l’Environnement et du cadre de vie. Et le dossier qui n’attend plus que l’accord du gouvernement se situerait pour l’instant, au niveau du ministère des Mines, des carrières et de l’énergie. PMR

"4000 tonnes de ciment pour le programme "10 000 logements sociaux" Le "Programme 10 000 logements sociaux", mis en oeuvre par le ministère de l’Habitat et de l’urbanisme est pointé du doigt par beaucoup de commerçants de ciment, de même que certains entrepreneurs que nous avons rencontrés, comme étant la cause principale de la pénurie, en raison de la grande consommation en ciment qu’exige sa mise en oeuvre.

Le directeur général de la Promotion de l’habitat et du logement, Pegdwendé Camille Soubeiga dont la structure pilote le programme, a indiqué (en début septembre 2008), que 264 "logements sociaux" étaient en construction dans les villes de Ouagadougou, Bobo Dioulasso, Koudougou et Fada N’gourma. Et 4000 tonnes de ciment étaient nécessaires pour ces chantiers en cours. Acquérir cette quantité de ciment, avec la pénurie, n’était pas chose gagnée d’avance, selon le DGPHL qui dit avoir contacté Diamond Cement, pour bénéficier d’une certaine priorisation des entreprises adjudicataires des marchés du programme. Cela, compte tenu de l’importance que revêt ce programme aux yeux du gouvernement qui tient à ce que les réalisations soient faites dans les délais préétablis.

Beaucoup de ciment vers Fada pour le 11 décembre

Qui a le plus consommé du ciment ces derniers mois ? Les 2 échangeurs en construction à Ouaga, répondront certains. Le programme "10 000 logements sociaux", diront d’autres. Mais l’usine Diamond Cement dit avoir le plus cédé du ciment au projet de construction d’infrastructures à Fada, pour la fête du 11 décembre prochain. Parmi les nombreuses infrastructures en chantiers dans cette ville et dans la cadre du 11-décembre, il y a le lot de 65 villas (dit Cité des régions) et celui de 20 autres villas de l’Auberge.

PMR

Le Pays

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